On a honoré le mythique groupe québécois de bien des façons depuis sa fondation, en 1972, mais les membres de Beau Dommage paraissaient très émus d’être une fois de plus salués, jeudi après-midi, alors que le Mouvement national des Québécoises et Québécois leur remettait le Prix Artisan de la Fête nationale, dans la foulée du coup d’envoi de la 189e Fête nationale, qui se tiendra, comme il se doit, les 23 et 24 juin prochains. Apprenez ici l’identité de la porte-parole et d’autres faits saillants de l’événement.
Le moment était marquant, parce qu’il y a bien longtemps qu’on les avait vus réunis – ils jouaient ensemble sur scène pour la dernière fois aux FrancoFolies, en 2005 –, et ils y étaient tous : Michel Rivard, Marie-Michèle Desrosiers, Réal Desrosiers, Michel Hinton, Robert Léger, Pierre Bertrand et le parolier Pierre Huet. « À la gang, on a le même âge que le Québec », a blagué ce dernier au micro, lors d’une célébration sans prétention et très courue au Théâtre Plaza, à Montréal, où la mairesse Valérie Plante et l’auteur Simon Boulerice ont pris la parole pour raconter à leur façon l’immense legs de Beau Dommage, que la bande de Zébulon et la chanteuse Amylie ont également revisité en musique en interprétant une dizaine d’airs gravés dans notre patrimoine culturel, du « Blues d’la métropole » à « Échappé Belle », de « Ginette » à « La complainte du phoque en Alaska ». Des mélodies que même leurs créateurs ne se lassent pas de réentendre, a avoué Michel Rivard à Showbizz.net.
« Les chansons, quand elles sont chantées par d’autres, et si joliment chantées par Zébulon, c’est venu me chercher. J’ai pris une distance, et je me suis dit que ce sont de bonnes tounes! », a lancé l’artiste dans un grand éclat de rire, alors qu’à ses côtés, son complice Michel Hinton confirmait en révélant que Michel Rivard avait les larmes aux yeux lors de la rétrospective. « J’en chante encore quelques-unes, mais pour les réentendre, jamais je ne les écoute chez moi. Quand on a fait le nouveau mixage du premier album [réédité l’automne dernier, NDLR], je l’ai écouté religieusement, et j’ai trouvé ça très, très bon. »
Dans son discours de remerciements au nom de ses troupes, en acceptant la statuette conçue par le sculpteur Armand Vaillancourt, Michel Rivard a qualifié le coup de chapeau d’« émouvant ». L’auteur-compositeur-interprète a comparé les belles années de Beau Dommage à une « école de la chanson » où ses camarades et lui étaient à la fois « élèves et professeurs », et où, chaque jour, étaient assimilés nouveaux accords de guitares ou harmonies vocales. École, a-t-il signalé, où on s’exprimait en français. « On s’était donné comme mission de faire en français ce que nos idoles de partout dans le monde faisaient avec ce type de musique qu’on aimait tant... »
Aux yeux de Michel Rivard, cette accolade venue du Mouvement national des Québécoises et Québécois apparaît donc naturelle, a-t-il complété en entrevue.
« Nos chansons ne sont pas des chansons avec des drapeaux levés, ce sont des chansons où on célèbre le Québec par l’intérieur. Par l’intérieur de nous-mêmes, par la langue, par le choix des sujets. On n’a jamais eu besoin de brandir les drapeaux et de dire qu’il faut faire ci ou ça. Nous, on a chanté en français, on a chanté notre univers, et cet univers-là, plein de monde se sont reconnus dedans. »
Particulièrement éloquent, comme toujours, Simon Boulerice a relaté combien l’oeuvre de Beau Dommage lui est entrée dans le coeur à la première écoute d’« Échappé Belle », pour ne jamais en ressortir. Il a notamment imagé combien les mots de la formation trouvent, encore aujourd’hui ancrage tout autour de nous.
« Valérie Plante a mentionné que la musique de Beau Dommage est un trait d’union entre la ruralité et le côté urbain. Si on pense aux adresses, le 4690 rue Fabre, [la maison d’enfance, NDLR] de Michel Tremblay, et le 6760 Saint-Vallier [de la chanson « Tous les palmiers »] de Beau Dommage, ce sont les deux adresses que j’ai voulu valider et dont j’avais la référence quand je suis arrivé à Montréal. Les références nous plongent davantage dans les œuvres. Châteauguay est la plus grosse ville près de chez moi, où j’ai grandi [à Saint-Rémi], et je n’en revenais pas, à l’époque, qu’on nomme Châteauguay dans une chanson [dans « Harmonie du soir à Châteauguay », NDLR]. Ça ne m’est pas arrivé souvent, dans ma jeunesse, de sentir que j’appartenais à une chanson ou un film. Le sentiment d’appartenance à une œuvre est important, et je me suis reconnu dans Beau Dommage. »
Depuis son instauration, en 2009, le Prix Artisan de la Fête nationale a été décerné à des personnalités comme Normand Brathwaite, Gilles Vigneault, Paul Piché, André Marchand, Gervais Lessard, Yves Lambert, Les Cowboys Fringants, Ginette Reno, Robert Charlebois, Judi Richards, Yvon Deschamps et, l’an dernier, Diane Dufresne.