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Nouveau talent

Un début de carrière sur les chapeaux de roues pour Arnaud Vachon

Une scène de la série Les yeux fermés

Il arrive que les comédiens qui font leurs premières armes à un jeune âge sur les plateaux de tournage doivent traverser l’ingrat passage à vide qui accompagne la transition de l’enfance à l’adolescence, puis à l’âge adulte.

Le corps qui change, la voix qui mue, l’absence relative de rôles à combler dans cette tranche d’âge : parlez-en à ceux qui l’ont vécu – on pense à un certain Guillaume Lemay-Thivierge, par exemple –, ils seront nombreux à vous dire qu’entre 15 ans et la mi-vingtaine, environ, les contrats se font parfois plus rares, avant de se remettre à abonder une fois les deux pieds bien ancrés dans la pleine maturité.

Arnaud Vachon, lui, n’a pas eu ce problème… parce qu’une pandémie nous a empêchés de le voir grandir! Entre le moment où il a tourné dans son premier film, Le club Vinland, qui fut sa toute première expérience à la caméra, en 2019 (et qui lui a valu une nomination comme Révélation de l’année au Gala Québec Cinéma) puis la sortie en salle de l’oeuvre, repoussée par les nombreux confinements, en 2021 (il avait pris l’affiche plus d’une fois en cours d’année), le gamin était devenu jeune homme. Mais le délai lui a occasionné d’autres questionnements, parce qu’il ne pouvait alors plus du tout auditionner pour les mêmes types de personnages.

« Quand le film est sorti, j’avais complètement changé », raconte Arnaud en entrevue à Showbizz.net. « Je pense que ça m’a un peu tiré une balle dans le pied, parce que, du moment que le film est sorti et que les gens m’ont reconnu, je ne "castais" plus du tout pour les mêmes rôles. Au final, j’ai dû repartir un peu à zéro. Les gens ne m’ont pas reconnu du "Club Vinland", parce que j’étais trop jeune! J’ai trouvé ça un peu difficile, mais ça fait partie de la "game". C’est comme si j’avais eu deux carrières : avant la pandémie, et maintenant! »

Nos masques enlevés, le boulot s’est toutefois mis à débouler pour lui. Et sa présence dans l’excellente minisérie Les yeux fermés, nouvellement arrivée sur ICI Tou.tv Extra, pourrait donner un élan durable à la carrière du garçon de 18 ans.

Il faut entendre la joie dans sa voix quand Arnaud Vachon parle des divers projets auxquels il a pris part. L’homme qui aimait trop? « Je suis tellement content d’avoir tourné dans cette série-là! » La nuit où Laurier Gaudreault s’est réveillé? « Ça aussi, c’était incroyable! » Léo? « Fabien Cloutier m’avait pris pour un rôle très différent des autres rôles que j’ai joués jusqu’à présent au cinéma et à la télévision... » L’Échappée? « C’est la plus grosse série que j’ai jouée, la série qui a eu le plus d’influence sur ma carrière... »

À cette liste enviable s’ajoutent aussi Escouade 99, la série jeunesse Comme des têtes pas de poules et, bientôt, Haute démolition, à Séries Plus, ainsi qu’un deuxième long métrage, Vampire humaniste cherche suicidaire consentant, d’Ariane Louis-Seize.

Au sujet des Yeux fermés, Arnaud affirme avoir adoré évoluer dans une ambiance des années 1990. Il a dévoré les six épisodes entiers la journée même de leur sortie et a été captivé par l’intrigue, dont il connaissait pourtant déjà le dénouement. Lui qui y personnifie Carl « Berge » Bergeron, meilleur ami du Simon (Léokim Beaumier-Lépine) dont on tente d’élucider le décès, n’a pas dû être transformé physiquement pour les besoins de l’histoire, contrairement à quelques-uns de ses collègues plus âgés; c’est plutôt un autre acteur, Maxime Allard, qui est son alter ego dans la peau de Berge à l’âge adulte.

« On ne s’était pas vraiment parlé pendant les tournages. Alors, rendus à l’écoute des "Yeux fermés", on découvrait ce que l’autre avait fait. On était contents de voir que ça marchait bien! », indique Arnaud à propos de son vis-à-vis 30 ans plus âgé.

Jusqu’ici, une tangente se dessine dans le parcours d’Arnaud Vachon : il n’a pas encore beaucoup joué les coeurs tendres ou fragiles. Il espère ne pas être cantonné à un seul type de personnage.

« La majorité des derniers rôles que j’ai eus, c’était l’intimidateur, le "bully". Je n’ai pas l’impression que j’ai une étiquette de "bully" encore, mais si ça continue ainsi, ça pourrait se former. Ça me fait un peu peur. Je sais que je n’ai pas le physique pour être un intimidé, mais j’aimerais jouer un gentil! Je ne veux pas être perçu comme un intimidateur. Mais, d’après moi, avec le temps, ça va changer... »

Petit, dans son Saint-Isidore natal, en Beauce, Arnaud Vachon était déjà émerveillé par le métier de comédien. À l’école, il faisait de l’improvisation. Lui est un jour passé sous le nez un avis d’auditions ouvertes pour un long métrage intitulé Le club Vinland, réalisé par Benoit Pilon (qui, cette saison, nous offre Les bracelets rouges, à TVA).

« C’avait toujours été un rêve pour moi d’être acteur, c’était le travail que je voulais faire quand j’étais petit. Quand j’ai vu l’audition passer, je me suis dit que c’était ma chance. Que, si je voulais jouer dans un film, c’était là ou jamais! », relate ce fils de père propriétaire de garage automobile et d’une mère comptable.

Le club Vinland, où il prêtait corps à un petit pensionnaire d’un collège pour garçons, l’a ensuite incité à se trouver une agence, et les événements se sont enchaînés.

Aujourd’hui, Arnaud Vachon souhaite toujours ardemment gagner sa vie comme comédien, mais, puisque les tournages ne l’occupent pas à temps plein, et qu’il souhaite se garantir un filet de sécurité, il étudie au Cégep du Vieux-Montréal en arts et lettres : communication, option médias. L’école de théâtre? Il y songe, sans être certain de son choix pour l’instant. Sa passion pour la mode pourrait également lui ouvrir des portes dans l’avenir.

Il ne regrette pas d’avoir quitté sa famille – de six enfants, dont trois sont hébergés en famille d’accueil – à 17 ans pour s’établir à Montréal, même si le contraste entre la métropole et Saint-Isidore peut être plutôt saisissant! « Le truc qui m’a le plus impressionné de la ville, c’est que tout est à proximité, et tout est ouvert longtemps. »

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