Publicité
Critique

Ça joue dur dans le nouveau Plan B

Plan B 4

Il y avait eu Philippe (Louis Morissette), qui voulait reconquérir l’amour de sa vie, Évelyne (Magalie Lépine-Blondeau), en 2017. Ensuite, ce fut Florence (Sophie Lorain), qui était prête à tout pour empêcher sa fille, Marilou (Emi Chicoine) de commettre l’irréparable en s’enlevant la vie, en 2018. La policière Mylène (Anne-Élisabeth Bossé), elle, souhaitait empêcher l’explosion d’un drame familial et le naufrage de son propre couple, en 2021.

Dans le quatrième volet de Plan B, en ligne sur ICI Tou.tv Extra jeudi, c’est au tour de Jessy Bonin (éblouissant Pier-Luc Funk, qui tient certainement là l’un des plus grands rôles de sa carrière) de vouloir réparer sa vie amochée au moyen du désormais célèbre (et fictif, doit-on le préciser) service de voyage dans le temps, dont il usera et abusera allègrement dans les six heures scénarisées par Jacques Drolet et réalisées par Jean-François Asselin.

Avec ce nouvel opus de leur suspense psychologique, ces derniers repoussent les limites du concept même de Plan B et s’autorisent des prouesses créatives absolument renversantes. La notion de saut en arrière est ici exploitée avec un habile doigté et requiert beaucoup d’attention de la part du téléspectateur. Tout le travail de réalisation, de montage, de direction artistique de l’oeuvre, qui n’a rien à envier à bien des thrillers cinématographiques, est ici à saluer. Et c’est sans compter les clins d’oeil temporels ça et là et glissés, et parfois même adressés aux éditions antérieures… ou futures de Plan B! (Comme il y en avait d’ailleurs dans les deuxième et troisième chapitres).

Bref, cette mouture 2023 de la série (qui devait à l’origine être tournée en 2020, avant qu’un certain virus à numéro ne vienne contrecarrer les plans du producteur KOTV), plus brute, plus « sale » que les précédentes, campée dans un milieu malfamé et dans une classe mal-aimée de la société, c’est du grand, grand art.

Les journalistes ont pu voir l’entièreté des six épisodes de ce tout frais Plan B, beaucoup tourné dans les environs de Viau et Ontario et autres recoins d’Hochelaga, à Montréal. Verdict? Ça joue dur. On ne dévoilera aucun punch – ils sont nombreux – mais disons simplement que les fautes commises par notre protagoniste principal sont très graves et que ce dernier devra ramer fort pour les colmater.

Bum de ruelle de 23 ans visiblement poqué par l’existence à sa sortie de prison – ainsi que s’ouvre l’histoire –, Jessy cache un bon coeur dissimulé sous sa multitude de petits et grands crimes commis. En retrouvant sa liberté, il aspire à retrouver son père Jocelyn (Patrice Robitaille), un chômeur aigri et solitaire, trahi par un ancien associé et par son ex-femme, Sandra (Évelyne Rompré), la mère de Jessy, une travailleuse du sexe toxicomane à l’instinct maternel plus que déficient. Jessy obsède sur l’idée de réunir ses parents pour tenter de revivre son enfance, dans son souvenir idyllique.

Pour y arriver, il faut de l’argent. Et les façons de s’y prendre de Jessy sont aussi illégales que dangereuses. Elles impliquent un camion blindé, « l’aide » des peu recommandables frères Dupuis (Marc Beaupré et Guillaume Laurin), quelques égratignures et beaucoup de cachotteries, et tournent évidemment mal. Jessy rêve également de renouer avec Paméla (Mounia Zahzam), objet d’une amourette de jeunesse devenue attirance réciproque à l’âge adulte. Encore là, se produit le fiasco anticipé.

Portant le récit sur ses épaules, Pier-Luc Funk – qui s’est rasé les cheveux et a effectué lui-même toutes ses cascades pendant le tournage – est magistral de vérité. Son Jessy fraie avec la racaille et lutte pour se sortir de la misère et passe par ce fait par absolument toute la gamme des émotions. Son alter ego est aussi repoussant qu’attachant. On y croit. Et on est essoufflés pour son Jessy qui court, court et court constamment!

La spirale du crime, de la violence, du mensonge continuera de se perpétuer. Malgré la présence de Dave (Étienne Galloy, dont le présent rôle rappelle celui des Bracelets rouges par sa naïveté), indéfectible ami de Jessy, une bonne pâte qui se mettrait les pieds dans n’importe quel plat pour aider son complice.

D’abord catapulté dans le passé par accident, Jessy finira par comprendre le principe de Plan B et tentera d’en faire un bon et sage usage. Mais le camion blanc qui recule et ses deux colosses ne peuvent accomplir de miracles pour les âmes blessées et meurtries qui ne se pansent pas d’elles-mêmes.

Des flashbacks du petit garçon qu’était Jessy (alors personnifié par Oscar Desgagnés, aussi vedette du nouveau film Coco ferme) nous apporteront petit à petit des bouts de réponses qui s’avèreront crève-coeur en fin de piste.

À la fin, il y aura peut-être de l’espoir pour notre Jessy, visiblement animé d’un « bon fond ». Mais la résilience est-elle véritablement possible, quand on n’a connu que les orages?

La quatrième saison de Plan B sera disponible dans l’onglet Véro.tv d’ICI Tou.tv Extra ce jeudi, 23 février. Une cinquième saison est déjà en préparation, a annoncé Radio-Canada mardi.

Mentionné dans cet article