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Un anniversaire significatif pour Bianca Gervais

Tournée de promotion de 23 décembre

On ne l’a jamais perdue de vue depuis ses premières répliques dans des séries comme Lobby, Omertà, Caserne 24 et, surtout, Le monde de Charlotte, où elle a côtoyé des grands comme Jean Besré, alors qu’elle n’avait qu’une dizaine d’années. Certains de ces titres sont (presque) tombés dans l’oubli, mais Bianca Gervais, elle, est encore là, bien active dans notre paysage artistique.

Elle a traversé sa crise d’adolescence sur le plateau de La fureur, connu la remise en question d’identité propre aux jeunes acteurs qui passent de l’enfance à l’âge adulte devant les caméras, s’est perfectionnée pour mieux durer et continuer de se passionner (animation, réalisation, production), est tombée amoureuse et est devenue maman (et avait réussi à totalement dissimuler sa deuxième grossesse!) sous nos yeux. Et, à 37 ans, 30 ans de métier au compteur, des hauts et des bas derrière elle, Bianca Gervais goûte enfin les délicieux fruits de la récolte.

« What a Ride! », réfléchit-elle à voix haute, large sourire aux lèvres, lorsque Showbizz.net lui demande d’épiloguer sur ses trois décennies de carrière. « Il me semble que j’ai travaillé fort. Je me suis redéfinie souvent : de la jeune actrice à l’actrice qui voulait être crédible, à la réalisatrice, à l’animatrice, à la productrice… J’ai longtemps été dans le regard de l’autre, à vouloir prouver ce dont je suis capable. Mais à l’aube de la quarantaine, quelque chose s’est produit. Je me dis : "Let’s Have Fun!". On dirait que le moteur a changé. Il est moins dans le but de plaire à l’autre. »

Elle avait fait la paix avec les deuxièmes rôles qui lui incombaient depuis toujours. S’accomplissait autrement, se félicitait d’avoir perduré. Puis, s’est manifesté l’infini pouvoir du lâcher-prise. « Cette année, je récolte le dur labeur! J’ai l’impression qu’on m’accorde une confiance et que je suis prête pour porter ça. Je suis prête pour porter des trames narratives plus étoffées. Peut-être que c’est juste de passage, mais je les accueille avec grand bonheur », se réjouit l’actrice, en entrevue avec nous.

Ces gages de confiance sont multiples, à commencer par un premier rôle principal, celui d’une maman surmenée qui envoie valser ses responsabilités, dans une série d’envergure, Les perles, à venir sur Club illico la semaine prochaine (voyez la bande-annonce ici). Puis, une magnifique partition, un personnage de femme moderne et affranchie, dans Les moments parfaits. Une jolie apparition dans le film 23 décembre. Une autre dans la fiction de danse inspirée de Révolution que prépare Club illico. Une maison de production, Fait Maison Productions, en pleine expansion, qui a produit le documentaire sur Ciné-Cadeau diffusé pendant les fêtes à Télé-Québec et qui planche actuellement sur des concepts à surveiller. Un documentaire sur les 20 ans de Mixmania qu’elle réalisait l’an dernier. Et quoi encore!

Au sujet des Perles – dont nous vous reparlerons à la suite du visionnement de presse, lundi –, Bianca Gervais sentait, savait que le rôle de Stéphanie, une mère qui porte sur ses épaules le-monde-et-un-peu-plus et qui décide de brandir un doigt d’honneur aux qu’en-dira-t-on, était fait pour elle.

« Je l’ai allumé, mon lampion, à l’Oratoire Saint-Joseph. Et ce n’est pas une figure de style! On idéalise toujours LE rôle : celui où on va "morver", rire, tout donner. Quand j’ai reçu les textes des "Perles", je me suis dit que c’était moi, cette mère-là. Quand j’ai passé l’audition pour le rôle, j’étais super malade; intoxication alimentaire et alouette. Mais je suis allée là tellement dégagée, convaincue qu’on allait me l’offrir, que c’était quelque part dans le ciel, que les astres allaient se connecter pour moi. Et que si ce n’était pas moi, tant pis! La vie est toujours généreuse avec moi... »

Le personnage lui a été attribué. Tout tombait sous le sens. « Ces mots-là étaient faciles à jouer. Parfois, on se bat contre un texte; pour moi, incarner une police [elle en a joué dans "L’Échappée" et "Escouade 99", notamment, NDLR], c’est difficile. Ce n’est pas le même niveau d’intelligence. Moi, je suis émotive, et une police, c’est rationnel. Alors, tout s’emboîtait », affirme l’artiste au sujet des mots qu’on dit fort inspirés de l’autrice Erika Soucy (Léo).

Bianca Gervais, qui rêve de concocter une série documentaire sur la charge mentale, définit avec énormément de tendresse son alter ego des Perles.

« C’est une mère de famille monoparentale. Une fichue de bonne mère.Elle est sur la Côte-Nord, où la vie est plus dure. Après avoir "torché" ses enfants pendant des années, elle se dit qu’elle aimerait exister, elle aussi, hors de son rôle de mère. Elle fait un voyage où elle se "pète la face", et vit! Quand elle revient – parce que la fatigue d’une mère est toujours mal perçue – elle est perçue un peu comme la Sorcière de Salem. Ça expose le double standard, parce que l’homme qui est parti avec elle gravit les échelons dans le village, alors qu’elle, elle perd tout. Graduellement, tout s’émiette sous ses pieds. C’est sur la charge mentale, le double standard, la fatigue des femmes. »

Bianca Gervais vivait à l’automne une expérience mémorable avec sa fille aînée, Liv. Nous vous en parlions ici.