Dans la finale du film Parenthood (Portrait craché d’une famille modèle), de Ron Howard, sorti en 1989 (et point de départ de la série du même nom de NBC diffusée de 2010 à 2015 et maintenant disponible sur Apple TV), toutes les familles descendantes du clan Buckman se retrouvent à l’hôpital pour accueillir en grand le nouveau poupon d’Helen (Dianne Wiest), après les trop nombreuses années de monoparentalité malheureuse de celle-ci. Dans la salle d’attente, sur fond de musique mi-émouvante, mi-mélodramatique, les parents s’occupent de leurs bambins criards, les générations se câlinent tendrement, ça respire l’amour et la tendresse dans ce refuge inconditionnel appelé la famille.
Il suintait une forte odeur de Parenthood dans la finale de saison des Moments parfaits, que diffusait TVA mercredi soir. De tous ces Moments parfaits en ondes depuis septembre 2021, en fait, se dégage un esprit similaire à celui de Parenthood, Steve Martin en moins, Denis Bernard en plus. Mais, mercredi, c’était particulièrement flagrant.
On sait que la série imaginée par Marc Robitaille, produite par Encore Télévision, sera de retour pour une ultime demi-saison l’automne prochain, avant de tirer définitivement sa révérence à la fin 2023, à l’instar de L’Échappée et d’Hôtel, qui nous quittent pour de bon cette semaine.
Si vous n’avez pas encore regardé la conclusion survoltée de cette deuxième saison des Moments parfaits – somme toute rocambolesque, parsemée de ruptures, de réconciliations, de trahisons, d’une entente de coparentalité un peu chaotique, d’un grave accident de voiture, de mariages avortés, d’une ligne de vêtements qui peine à voir le jour et d’un disque et d’un roman abandonnés en cours de création, toujours dans le ton sympathique et bon enfant qu’est celui des Moments parfaits –, nous vous conseillons d’interrompre tout de suite votre lecture. Mais revenez poursuivre quand vous l’aurez vu!
Ce devait donc être jour de réjouissances dans l’heure de mercredi, alors qu’on était sur le point de célébrer les unions de Geneviève (Mounia Zahzam) et, surtout, celle de Louis (Émile Proulx-Cloutier) et sa merveilleuse Annie (Bianca Gervais). Non, mais, quel être exceptionnel que cette Annie, mature, posée, qui dégaine toujours les bonnes répliques et bonnes réactions au bon moment! Évidemment, on se doutait bien que tout n’irait pas comme sur des roulettes.
Geneviève a été prise d’un soubresaut de panique avant de prononcer le fatidique « oui » devant son bien-aimé Nick. On devine bien que son récent baiser échangé avec Philippe (Jean-François Pronovost) a contribué à insinuer le doute dans son coeur… On a plus tard assisté à l’échange des vœux de Geneviève et Nick dans l’allégresse la plus totale, mais on ignore s’il s’agissait bien du « vrai » mariage ou d’un songe inquiet de Philippe. Réponse dans quelques mois, on le présume.
Du côté du couple Louis – Annie, les pépins se sont multipliés : un célébrant malade et un orchestre volatilisé à la dernière minute ont commencé par faire paniquer Catherine (Catherine Trudeau), la grande sœur de Louis, en charge de l’organisation de la cérémonie.
Puis, ce fut au tour de l’imprévisible Jocelyn (Jean L’Italien), le père indigne et absent d’Annie, de débarquer sans crier gare chez sa fille méfiante, nullement gêné de lui voler du temps alors que celle-ci se pomponnait pour la plus grande journée de sa vie (tellement extraordinaire, cette Annie, qu’elle se maquille elle-même pour son propre mariage!) On s’est attendris avec une certaine réserve quand Jocelyn a glissé au cou de sa « pommette » un collier ayant apparemment appartenu à la mère et la grand-mère de celle-ci, et qu’Annie, d’abord de glace devant son paternel instable, s’est petit à petit laissée gagner, au point de considérer inviter le manipulateur auteur de ses jours à son mariage … Avant de découvrir avec dégoût, un peu plus tard, qu’il s’agissait évidemment là d’un mensonge éhonté de Jocelyn. Le fameux collier n’était que vol et supercherie.
Et c’est sans compter les soucis vestimentaires des frères Hugo (Samuel Gauthier) et Tristan (Antoine Marchand-Gagnon), qui ont eu bien du mal à trouver des habits décents pour cet important événement dans la vie de leur oncle Louis.
Mais le clou de l’épisode s’est bien sûr produit lorsque le bébé des coparents Isabelle (Catherine Beaudin) et Louis s’est annoncé un mois avant la date prévue de sa naissance. Ce fut le branle-bas de combat pour accompagner la nouvelle maman à l’hôpital; c’est bien sûr notre dévouée Annie, en robe blanche immaculée, belle comme une princesse, qui a joué les sages-femmes dans les circonstances, pendant qu’un Louis dépeigné pressait Philippe de le conduire plus rapidement auprès de sa douce et de son enfant. Ont suivi tous les membres de la tribu Thomas, qui ont bercé à tour de rôle la petite puce (on constate qu’il est bel et bien fini, le temps de la COVID, quand les bras se passent d’un à l’autre un poupon naissant de quelques minutes de vie comme autrefois une bouteille de Purell!) dans une image digne, on le disait, de la scène fermant Parenthood. Et tant pis pour le mariage, la salle de réception et la pauvre Steph (Myriam De Verger) laissée seule derrière!
Dans tout ce brouhaha, on a senti que la flamme n’est pas totalement éteinte entre Catherine et Alex (Gabriel Sabourin), qui, on le devine, donneront peut-être une autre chance à leur amour de longue date l’an prochain. Et notre bouillant Georges (Denis Bernard), étonnamment serein dans les circonstances, veillait sur son petit monde d’un air sage et à l’écoute, lui à qui son médecin avait prescrit une batterie de tests en début d’épisode. On a appris à la fin de celui-ci que son coeur nécrosé pouvait cesser de battre à tout moment. Notre attachant Georges rendra-t-il l’âme en même temps que Les moments parfaits, ou peu avant?
Chose certaine, à la lumière de la fin de chapitre proposée mercredi, on ne peut anticiper qu’un aboutissement tout en guimauve pour l’émission de TVA. Elle était, de fait, un brin burlesque, cette fin d’année des Moments parfaits (Isabelle en constant fou rire dû au gaz hilarant pendant son accouchement, vraiment?) mais certainement drôle et touchante, et nous a en plus donné le goût d’y revenir à la rentrée. Vivrons-nous enfin les lancements (peut-être conjoints!) du roman de Catherine et de l’album de Judith (Marie-Thérèse Fortin)?