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Critique

Au lit avec Debbie Lynch-White

La série Amour libre, à MOI ET CIE

Bon, bon, bon, les plus coquins d’entre vous ont peut-être espéré, avec le titre de notre article, une proposition très osée impliquant la belle et attachante Debbie Lynch-White, mais il n’en est rien. Nous parlons plutôt ici d’Amour libre, nouvelle série documentaire que cette dernière porte sur la chaîne MOI ET CIE à compter du 17 avril, et qui revendique très bien son nom. Voyez-en d’ailleurs des images ici.

Debbie Lynch-White, 36 ans, observe autour d’elle que le modèle du couple traditionnel a éclaté, et éclate encore, avec les années. Le classique mariage qui dure toute une vie, porté par le credo « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants... » dans une absolue fidélité, constitue moins l’idéal des jeunes générations qu’il ne l’était autrefois, comme la sexualité ne représente plus un tabou comme à l’époque de « notre vieux fond catholique », comme le diraient peut-être un chroniqueur controversé d’un certain quotidien montréalais et notre premier ministre François Legault…

À partir des questionnements personnels de la comédienne et animatrice sont nées des discussions avec son entourage, des amis qui ont fait le choix de la non-monogamie. Au point où Debbie et son amoureuse, Marina Gallant, qui se sont épousées en 2017, sensibles d’esprit et bien de leur temps, ont elles-mêmes jasé polyamour et autres dérivés de l’amour sans contraintes. Jusqu’à en appliquer concrètement les préceptes dans leur quotidien? « Peut-être pas », avance Debbie, et on n’ira pas cogner à la porte de leur chambre à coucher pour le savoir.

Or, l’actrice qu’on a pu apprécier plus tôt cette année dans la fiction Les bombes le pense, et l’a bien spécifié en visionnement de presse, devant les journalistes, mardi matin : « La vie, c’est long », et le sentiment entre deux personnes, inévitablement, se transforme, n’est pas que linéaire. D’où l’importance de la communication, de la transparence, de l’honnêteté. De nommer les choses. Et peut-être de s’ouvrir à de nouvelles possibilités, toujours dans le respect et le consentement.

C’est à tout le moins à ce genre de réflexions que nous convie donc Amour libre, émission d’observation et immersive (de bon goût!), qui nous fait simplement connaître différentes réalités. Celle du libertinage (autrefois appelé l’échangisme), du polyamour et du trouple (ménage à trois) et autres déclinaisons de la non-exclusivité relationnelle, certes, mais aussi de l’asexualité (absence d’attirance sexuelle pour autrui), du duo hétéronormatif monogame, du célibat et même de la pluriparentalité (famille comptant plus de deux parents pour les enfants; au Québec, la loi québécoise ne reconnaît légalement la présence que de deux parents, versus quatre en Ontario).

Au premier épisode, on rencontre Andrée et Matéo, fondateurs du Club L, un resto-lounge libertin, dont on nous expliquera les codes, très structurés et respectueux, imposés aux visiteurs. Comment Matéo a initié sa douce, d’abord réticente, au libertinage, il y a déjà une vingtaine d’années (ils maintiennent d’ailleurs que c’est ce mode de vie qui les tient ensemble), comment le tandem expose sa situation à ses enfants aujourd’hui à l’orée de l’adolescence, comment chacun comble des besoins différents dans d’autres bras : Andrée et Matéo se racontent en toute franchise et sans timidité. En admettant que, eh oui, même au sein d’un couple libertin, il peut y avoir de la jalousie.

Une entrevue avec Janette Bertrand s’avérait aussi incontournable, compte tenu du sujet et, à 98 ans, la plus grande pédagogue du Québec en a long à dire à Debbie Lynch-White sur l’amour qui évolue, la fidélité et le désir qu’on refoule ou pas. Janette aura visiblement toujours 20 ans dans sa tête!

Amour libre est donc une série « polycurieuse », où on questionne « la recette toute faite », qui « ne s’adresse pas qu’à quatre personnes du Plateau Mont-Royal », et où tous les modèles ont leur place, chacun dans son imperfection, fait valoir, parfois en riant, son équipe de création (essentiellement formée de femmes, dont les réalisatrices Maude Sabbagh et Marianne McGraw, habituées de ce genre de projets d’exploration et complices de Debbie dans Histoires de coming out). Et où le ton se veut beaucoup plus curieux que militant.

Amour libre ne fait l’éloge d’aucune façon d’être au détriment d’une autre. Debbie Lynch-White et sa bande nous enjoignent surtout à nous ouvrir une bouteille de vin et à réfléchir à nos propres envies…

Amour libre, le lundi, à 21 h, dès le 17 avril, à MOI ET CIE. La saison compte 10 épisodes de 30 minutes. Vous y remarquerez, entre autres apparitions (Catherine Dorion, Rosalie Bonenfant, etc.) un candidat de téléréalité bien connu.