Le moins que l'on puisse dire, c'est que le four était à Broil pour le Grand Bien-Cuit de Marina Orsini, ce vendredi au Grand Théâtre de Québec, en présence d'une foule complètement de mèche. Animée de main de maître par Guillaume Pineault, qui avait certainement trouvé le bon ton acide, la soirée s'est déroulée sans temps mort, tandis que tous les coups bas étaient permis pour celle qu'on surnomme « la fille la plus sympathique du showbiz québécois ». Il aurait pu en être autrement. On aurait pu vouloir prendre des pincettes et des gants blancs pour rire de l'interprète d'Émilie Bordeleau, mais au contraire, les rôtisseurs invités ont affuté leurs couteaux, concoctant au passage une soirée inoubliable.
On va ramasser ta carrière bien comme il faut, du moins ce qu'il en reste.
Voici l'une des phrases lancées par Guillaume Pineault, dans son excellent numéro d'ouverture, qui a mis la table pour deux heures de gros bouillons. C'était juste avant de remettre une plaque à Marina Orsini, commémorant « sept albums vendus » de son récent opus musical. Entre les invectives lancées aux rôtisseurs ou les flèches décochées à l'invitée de la soirée, Guillaume Pineault a su tirer son épingle du jeu, avec mention honorable.
Voyez un extrait du numéro d'ouverture plus bas.
Le meilleur segment de la soirée revient certainement à Billy Tellier, qui s'est attaqué sans vergogne à la jubilaire, cette « has-been qui s'accroche ». On le sait, Billy Tellier fait jaser à chacune de ses apparitions dans des bien-cuits depuis quelques années. Il a même récolté un Olivier en 2024 pour sa réplique remarquable dans le Grand Bien-Cuit de Guylaine Tremblay. Cette nouvelle performance n'a pas fait exception à la règle et pourrait sans doute lui valoir une nouvelle mention. « Son album s'intitule Reconstruire les saisons et quand tu l'écoutes, tu comprends les changements climatiques. [...] Il est temps que l'intelligence artificielle nous remplace », lançait-il à l'invitée complètement hilare. Billy Tellier s'est attardé à chaque étape importante de la carrière de Marina Orsini, avec fougue et aisance, décochant le crochet final en remettant en question les rôles de femme forte que la comédienne a eus dans sa carrière. L'ovation qu'il a reçue était pleinement méritée.
Soit elle se pognait le bûcheron pas éduqué, soit c'était une plotte à puck - Billy Tellier
Debbie Lynch-White, qui a côtoyé Marina Orsini sur le plateau de la série Une autre histoire, a raconté son histoire d'amitié particulière avec l'invitée, composée de soirées karaoké et de longues conversations à sens unique sur Instagram, preuve à l'appui. La bonne humeur infaillible de Marina Orsini cacherait-elle autre chose?
Je ne l'ai jamais vu péter une coche, mais elle est toujours sur le bord! [...] Si j'apprends qu'elle a un petit donjon caché, je ne suis pas surprise. - Debbie Lynch-White
Bob le chef, qui avait l'odieuse position de passer après Billy Tellier, a malheureusement fait les frais de problèmes techniques. Courageux pour son premier monologue d'humour, le cuistot a plongé dans l'anecdote de sa première rencontre avec Marina, qui ne s'est pas particulièrement bien passée, et de sa seconde fois, où il a dû « frapper les foufounes d'Émilie Bordeau » avec un fouet à l'antenne de la société d'État, pendant une chronique sur les essentiels en cuisine. Visiblement nerveux, Bob le chef a reçu les encouragements sentis de la foule, pour finalement offrir une performance louable.
On a retrouvé l'enfant des deux chevaux qui copulaient dans Les filles de Caleb. Accueillez José Gaudet - Guillaume Pineault
Relatant ses années de radio avec l'invitée, José Gaudet a récolté la deuxième ovation de la soirée. « C'est qui le cave qui avait eu l'idée de mettre cette voix-là à la radio? », lançait-il devant sa grande amie, avant d'ajouter « En début de carrière, tu as eu beaucoup de succès comme mannequin. C'est parce que tu fermais ta gueule! » À la fois sincère, attachant et taquin, José Gaudet a ajouté les épices qu'il fallait à ce bien-cuit, en s'affairant à laisser transparaître toute l'affection qu'il a pour Marina Orsini.
En deuxième partie, Maxim Martin a abordé ses points en commun avec l'invitée : « Tu attends juste que je fasse une rechute de poudre pour dire " OK, on relance Une deuxième chance"! » Fidèle à lui-même et à son humour affuté, Maxim n'a raté aucune occasion de faire grincer des dents, tout en racontant le lien surprenant entre Marina Orsini et ses débuts en humour.
Suivait un invité surprise, nul autre que Marc Messier, l'interprète du fameux Marc Gagnon dans Lance et compte, qui est venu payer une visite à sa Suzie Lambert. Celui-ci a bien tenté de nous faire croire que sa carrière n'avait jamais levé à cause de Marina Orsini, mais les réactions du public, empreintes d'admiration, voulaient tout dire. « Sacrament Suzie », a-t-il lancé à sa douce fictive, tandis que celle-ci répliquait : « J't'aimais moi Marc Gagnon! » Un beau moment pour les plus nostalgiques d'entre nous.
L'autre surprise de la soirée, c'était sans conteste Michelle Desrochers, qui a suivi Billy Tellier en étant l'une des rôtisseuses les plus convaincantes de la soirée. Sous ses airs candides, Michelle cache certainement un petit côté cornu. Elle s'est attardée longuement aux autres rôtisseurs, décochant un coup solide à Michel Charrette, en revenant sur le flop de la série Marco Lachance : « Michel a utilisé la technique Maxim Martin : il a arrêté de se questionner sur la qualité de ses projets ». À la fin d'un numéro plus qu'efficace, elle a abordé la fameuse scène des Filles de Caleb où « une jument de fait péter la cenne », comme plusieurs avant elle.
Je sais que c'est un personnage, mais on ne prendra pas de chance, tu es barrée de Cavalia. - Michelle Desrochers
Enfin, Michel Charette, qui avait eu le temps de se faire écorcher vif par tous les rôtisseurs avant d'avoir le micro, n'a pas manqué sa chance d'être caustique, en affirmant que Marina Orsini avait toujours été amoureuse de lui, au fil de leurs projets communs à la télévision. Efficace, il a lui aussi pointé ses flèches vers le récent album musical de l'invitée.
Je ne sais pas si c'est mauvais, c'est juste un feeling. - Michel Charette
Pour clore la soirée, celle qui s'était fait injurier de toutes les façons possibles a pris le micro avec bonheur, pour un monologue plutôt efficace, qui ne pouvait toutefois cacher la tendresse qu'elle a pour chacun de ses rôtisseurs. Une soirée somme toute mémorable, mitonnée dans l'affection, l'audace et les rires, qui fera sans aucun doute mouche lors de sa diffusion à la télévision.
Les Grands Bien-Cuits Juste pour rire seront présentés sur illico+ à la fin de l'automne.




