Depuis le début, on sait que de produire une adaptation québécoise de Brooklyn Nine-Nine est un projet casse-cou. Lorsque le matériel source a créé autant de fidèles au fil des ans, c'est inévitablement un danger de vouloir recréer en apposant sa touche. On risque ainsi de s'attirer des représailles de la part des adeptes de la première heure, tout comme on peut aussi rallier de nouveaux amateurs qui n'avaient pas vu la série originale, pour différentes raisons. C'est dans cet état d'esprit qu'ont été présentés les deux premiers épisodes d'Escouade 99 aux médias ce mercredi. En vidéoconférence avec toute la production, la nervosité était palpable. Surtout qu'une polémique de white washing était venue teinter l'aventure, quelques semaines plus tôt.
C'est donc avec beaucoup d'appréhensions, mais l'esprit ouvert que j'ai visionné lesdits épisodes, en espérant le meilleur. D'emblée, je me dois de mentionner que je suis moi-même une mordue de la série américaine. Aucun épisode n'a échappé à mon attention. Je ne pouvais donc que regarder Escouade 99 avec ces yeux. La bonne nouvelle, c'est que je n'ai pas été déçue, loin de là. La distribution, assemblée avec soin par le réalisateur Patrick Huard, fait un excellent travail et la chimie est évidente dans le groupe. On s'attache dès le départ à cette nouvelle cohorte qui, de fait, n'est pas identique à l'originale, mais apporte un vent de fraîcheur. Reste à savoir si c'est ce que le public veut quand il est question d'adaptation...
L'histoire débute alors que les policiers de l'Escouade 99, installée à Limoilou, font la rencontre de leur nouveau capitaine, Raymond Célestin. Il entend, avec l'aide de son bras droit Jeff, faire régner un semblant d'ordre et de discipline dans le poste, ce qui ne sera pas si simple. Max, un brillant enquêteur qui a toutefois tendance à être très immature, bravera l'autorité à grand coup de blagues puériles. Fanny de son côté souhaite que le Capitaine devienne son mentor. La compétition va bon train au sein de l'escouade, alors que des arrestations sont effectuées.
On retrouve donc l'alter ego québécois de Jake Peralta, Max Lemieux, qu'incarne avec fougue et humour l'excellent Mickaël Gouin. Le comédien a l'attitude parfaite pour interpréter un personnage aussi frondeur que charmant. On lui sent d'ailleurs déjà d'énormes affinités avec le personnage de Charles interprété par Guy Jodoin, qui retrouve un humour légèrement absurde qui lui colle à la peau. La trame narrative suit sans copier celle des treize premiers épisodes de la série originale. Ainsi, les situations seront familières à ceux qui avaient déjà succombé. De même, on retrouve plusieurs références à la série originale, comme le « titre de ton sexe tape », l'amour de Lemieux pour De père en flic (Die Hard aux États-Unis) et même l'apparition du personnage de Vulture, qui devient le vautour sous les traits d'Olivier Martineau. La trame a bien sûr été adaptée à notre réalité québécoise, ce qui est particulièrement amusant. On espère voir plus de références en ce sens dans les prochains épisodes. Pour les fidèles, sachez que vous pourrez voir arriver plus tard le voleur de Pontiac, un personnage secondaire récurrent de la série américaine, qui prendra cette fois les traits de Mehdi Bousaidan. Quoi qu'on en pense, il y a bien eu un effort de diversité au sein de la distribution et si un faux pas a été commis, ce n'était pas souhaité de la part de l'équipe. On a bien compris cela.
Le reste de l'équipe s'acquitte fort bien de sa tâche. On sent chez Widemir Normil le petit côté attachant de Raymond Holt, tout comme pour le lieutenant Jeff joué par Fayolle Jean Jr. Bianca Gervais fait une Rosa endiablée et Léane Labrèche-Dor a le parfait casting pour jouer Gina (Valérie). On a peu vu les clowns de service Louis Champagne et Jean-Marc Dalphond, qui ont atterri dans les rôles délirants de Hitchcock et Scully (ici Goudreau et Ravary), dans les deux premiers épisodes. Enfin, il nous faudra encore quelques épisodes pour s'habituer au personnage de Mylène Mackay (Amy qui devient Fanny), qui nous offre le personnage le plus différent. C'est peut-être là où les fans auront un peu de difficulté, malheureusement. Pour les autres, ils n'y verront que du feu. La réalisation de Patrick Huard est magnifique, à la fois dynamique et sensible, ce qui donne une touche toute québécoise. On apprécie voir de vrais paysages de la ville de Québec, magnifique sous la lentille du réalisateur. La musique, composée par Anik Jean, cadre très bien avec l'ambiance générale de la série.
On sent dans ce projet le désir de faire de la télévision « feel-good », un projet qui nous fera rire et qui a beaucoup de coeur. Peu habitué au genre de la sitcom, le public aura de quoi d'amusant à se mettre sous la dent alors que l'automne s'annonce encore difficile. C'est sans aucun doute une bonne nouvelle! On peut saluer l'audace de la production qui a plongé dans ce projet risqué avec les meilleures intentions du monde. Après cela, chacun peut se faire son opinion. Nous poursuivrons assurément notre écoute en espérant une prochaine saison, notamment pour voir arriver Madeline Wuntch et l'unique Cheddar, le chien du capitaine. Parce qu'il nous FAUT Cheddar! La bonne nouvelle, c'est que la production est déjà en discussions pour une possible saison 2.