Plaire au plus grand nombre est une mission que se lancent chaque année les auteurs du Bye Bye, mais, avec des référents différents pour chaque génération et la multiplicité des contenus et des plateformes, le défi est de plus en plus complexe à réaliser.
Si tous les téléspectateurs ne sont pas interpelés par les mêmes sketchs ou références, on peut dire que l'édition 2023 du Bye Bye de Simon-Olivier Fecteau a atteint son objectif avec panache.
Par contre, plus l'émission avançait plus elle perdait en efficacité. Les meilleurs sketchs ont stratégiquement été placés au début. La revue de fin d'année s'est ouverte avec une amusante parodie de la publicité de Hyundai avec Marilou. On peut dire que le « WAH » est définitivement passé dans le tordeur du Bye Bye. Ensuite, ce fut au tour du premier ministre François Legault (toujours interprété par un Claude Legault irréprochable) à être écorché pour ses frasques de la dernière année. Associer ses changements d'idées à la série Plan B était un coup de génie.
Le meilleur moment de la soirée? La parodie de Martin Matte en direct, devenue pour l'occasion : Martin Matte en détresse. Louis Morissette récolte les honneurs de la meilleure performance pour un artiste-invité alors qu'il s'est moqué sans gants blancs de l'humoriste, créateur de « beaux malaises » sur les ondes de TVA. Ce sketch mettait également en vedette Marthe Laverdière, incarnée par l'irremplaçable Guylaine Tremblay. L'actrice a livré une imitation fort convaincante et respectueuse de l'horticulture chouchoute des Québécois.
Pour faire allusion à la fois à la crise du logement et au retour de séries d'une autre époque comme Un gars, une fille et La petite vie, l'équipe de Bye Bye a choisi de réunir les acteurs de Chambres en ville pour faire une nouvelle version 2023 du téléroman des années 90. Pete, Lola et Julien étaient de retour chez Louise, n'ayant plus les moyens de payer leur maison. Cette stratégie de ramener de vieux personnages pour parler de sujets modernes avait prouvé son efficacité en 2020 avec Les Bougons. Encore une fois, la nostalgie a payé.
La conception du site SAAQ-Clic sur des airs du film Oppenheimer a aussi frappé dans le mille, tout comme la parodie de Si on s'aimait avec le couple Trudeau-Grégoire. La caricature que Pierre-Yves Roy-Desmarais a faite de Louise Sigouin était complètement délirante. On doit aussi envoyer des fleurs à Patrick Huard, qui a personnifié un Bernard Drainville offrant une classe de maître d'acteur fort convaincant. Le désormais classique segment des Nouvelles avec Guylaine Tremblay et Pierre Brassard renfermait aussi de superbes perles, dont la visite litigieuse des gars de La poche Bleu à Sous écoute (rebaptisé Soûl Écoute) et Marc-Antoine Dequoy qui donne un cours d'anglais au primaire.
Il y a quand même eu quelques faux pas dans ce Bye Bye 2023. Les sketchs les moins réussis? Celui de La Semaine verte avec les agriculteurs ainsi que celui des vélos électriques rapides et dangereux. La dérape du père sur les toilettes mixtes n'était pas aussi drôle qu'elle aurait pu l'être et la présence des Têtes à claque, qui passent à un cheveu d'embarquer dans le sous-marin Titan, manquait l'aplomb.
Autre déception, nous avons à peine vu l'actrice Sarah-Jeanne Labrosse, qui était pourtant une tête d'affiche du Bye Bye. Dans l'émission des Coulisses du Bye Bye, la comédienne explique qu'elle était un peu trop enceinte pour participer à l'émission de façon plus régulière. Chose certaine, elle nous a manqué.
Niveau musical, le rap du REM avec Pierre-Yves Roy-Desmarais et Arnaud Soly n'a pas passé inaperçu (surtout l'excellent refrain 😉), au même titre que la chanson d'ouverture, qui nous restera dans la tête un bon moment encore. « Bienvenue au dernier Bye Bye... »
2023 aura été marqué par plusieurs catastrophes, méfaits et échecs, mais au moins, on a fini l'année en riant. Même si ce n'était pas constant, on a rit, beaucoup. Merci à Simon-Olivier Fecteau et sa bande d'avoir atténué les ravages de 2023 avec des perruques et des chansons.