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Les moments parfaits : L'équilibre délicat entre le drame et la comédie

Les moments parfaits

Les moments parfaits, la nouvelle série annuelle de TVA, est imprégnée d’une volonté d’offrir aux téléspectateurs une proposition dramatique un peu moins sombre que ce à quoi la télévision québécoise a pu nous habituer au cours des dernières années.

Des drames lourds, bouleversants, voire terrifiants, ont été la chair et l’os de certaines des fictions les plus populaires du petit écran. Et bien que la nouvelle série de l’auteur Marc Robitaille (Histoires d’hiver, Un été sans point ni coup sûr) contient bel et bien sa part d’épreuves personnelles, de tourments et de conflits, le tout est livré avec une légèreté étonnamment bien dosée, permettant un habile mélange de tons dans lequel le public est plus susceptible de se reconnaître.

« On voulait faire un show sans stéroïdes. Il n’y a pas d'évènement extérieur qui va venir remuer ces gens-là. Il n’y aura pas de cadavre dans un coffre de char. Mais il va y avoir des tourments intérieurs qui sont tout aussi importants en lien avec ce que ces personnages-là vivent », a notamment déclaré l’auteur à la suite de la présentation aux médias des deux premiers épisodes de la série.

Les moments parfaits nous introduit aux membres de la famille Thomas lors d’une journée particulièrement chargée en émotions, entre l’opportunité de Catherine (Catherine Trudeau) de renouer avec une carrière dont elle avait depuis longtemps fait le deuil, le retour au pays de son fils Hugo (Samuel Gauthier), et l’appréhension des retrouvailles de ses parents divorcés (Denis Bernard et Marie-Thérèse Fortin).

Il y a également les états d’âme du frère cadet de Catherine, Philippe (Jean-François Pronovost), qui continue de courir après un amour perdu, ainsi que les remises en question de Louis (Émile Proulx-Cloutier) qui, à un point tournant de son existence, verra le désir jusque-là absent de fonder une famille avec sa conjointe (Bianca Gervais) occuper de plus en plus de place dans son esprit.

Un incident inattendu enverra toutefois tout ce beau monde sur des trajectoires inattendues, en plus de remettre bien des choses en perspective.

Au départ, Marc Robitaille avait développé Les moments parfaits comme un film choral. Mais le producteur au contenu Patrick Lowe lui a fait réaliser que ses ambitions se prêtaient davantage au format d’une série télé.

« Quand tu fais un film choral, à un moment donné, tes personnages ont besoin de respirer. Ils ont besoin d’espace, que tu les fasses vivre un peu. Ça n’aurait pas pu être un film de trois heures », a expliqué le principal intéressé.

En étirant ces différentes pistes dramatiques sur 24 épisodes de 60 minutes, Marc Robitaille et ses coautrices Sylvie Bouchard, Annabelle Poisson et Marie-Ève Bourassa nous proposent, certes, un récit familial dense et imposant, mais jamais surchargé. 

Malgré les constants allers-retours entre le drame et la comédie, l’ensemble demeure homogène grâce à la réalisation et la direction d’acteur décomplexée de François Bégin. Le rythme est également beaucoup plus soutenu que dans un téléroman classique, le montage fluide et la bande originale toujours empreinte de douceur jouant des rôles tout aussi importants dans l’équation.

Évidemment, les dialogues occupent une place extrêmement importante au cœur de la dynamique narrative des Moments parfaits. Certaines scènes auraient d’ailleurs gagné à être un peu moins bavardes (notamment en début de parcours, lorsqu’on tente de mettre de l’avant le nom de l’ensemble des personnages). Mais les auteurs trouvent également le moyen de définir ces derniers par le biais d’éléments visuels qu’ils laissent simplement entre les mains des téléspectateurs.

Chacun d’entre eux est également introduit par une séquence nous permettant d’en saisir l’essence d’un seul coup, ce qui n’est pas rien pour une production de cette nature.

Ça aide aussi quand on peut compter sur une distribution aussi imposante, qui est un parfait mélange de grosses pointures, d’étoiles montantes et de talents à découvrir. Même ici, tout est une question d'équilibre.

La série aborde bien des sujets et des thèmes sérieux (la maladie, le deuil, la peur de vieillir, le doute face à l'avenir), mais laisse continuellement une place à la comédie, à un brin de folie dans le jeu des comédiens, et à des répliques savoureuses. À cet égard, Marie-Thérèse Fortin vole carrément la vedette dans chacune des scènes dans lesquelles elle apparaît.

« C’est toujours de trouver le ton et de traquer l’humour tout le temps, sans pour autant désamorcer, parce qu’on ne veut pas finir une scène en faisant une joke. Mais c’est de traquer les deux, parce qu’elles sont toujours liées les choses qui nous font rire, celles qui nous inquiètent, et celles qui nous font pleurer », souligne Marc Robitaille.

Et malgré les conflits, les dilemmes et les déceptions qui planent déjà au-dessus des personnages, ces petits récits appelés à devenir de grandes histoires semblent toujours vouloir faire résonner une phrase que nous avons entendue plus souvent qu’à notre tour au cours des quelque 18 derniers mois : Ça va bien aller.

Le moment était effectivement parfait pour nous proposer une telle dose de bienveillance.

La première saison des Moments parfaits sera diffusée le mercredi à 20 h à compter du 15 septembre, sur les ondes de TVA.

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