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Le bonheur : Vaut-il vraiment mieux en rire qu'en pleurer?

Michel Charette dans Le bonheur.

La nouvelle série de François Avard, ironiquement intitulée Le bonheur, débute sur une scène de crise de nerfs qui pourrait aussi être perçue comme deux minutes de défoulement collectif.

Celle-ci met en scène François Plante (Michel Charette), un enseignant du secondaire sur les antidépresseurs qui perd subitement le contrôle et « pète sa coche », comme on dit en bon français, devant une classe d’élèves qu’il considère encore plus médiocre que les précédentes.

L’incident devient un point de rupture pour le principal intéressé, qui décide alors de quitter sa profession et d’acquérir sur un coup de tête une fermette au fin fond d’un rang, où il compte s’installer avec sa femme (Sandrine Bisson) et son fils (Sam-Éloi Girard). Le tout dans le but de travailler sur le roman qu’il a toujours voulu écrire, et de retrouver une certaine paix intérieure.

Évidemment, le plan ne se déroule pas tout à fait comme prévu lorsque tout ce beau monde découvre que cet oasis de sérénité (que François n’avait pas pris le temps de bien inspecter) est rempli de vices pas du tout cachés. Déversements d’eaux usées à proximité, infestation de rats, absence de réseau et de ligne téléphonique, piste de véhicules récréatifs traversant le terrain, il n’y a rien sur cette propriété qu’on a baptisée « la cuvette » pour aider notre homme à accomplir sa quête du bonheur.

Au scénario, François Avard se montre fidèle à lui même, se payant la traite en décochant plusieurs flèches à différents phénomènes et problématiques actuels, allant des failles du système d’éducation à certaines tendances en humour, en passant par la pénurie de main d’œuvre, l'utilisation des réseaux sociaux et les vidéos de montées de lait de complotistes et de « citoyens fâchés », pour ne nommer que ceux-ci. 

L’auteur mélange d’ailleurs habilement les tons et les styles d’humour, mais en s’assurant de toujours conserver un certain niveau d’irrévérence, en se jouant de plusieurs idées préconçues, mais en embrassant le genre dans sa forme la plus classique. Le tout tandis que les mauvaises surprises se multiplient au même rythme que les illusions du personnage principal fondent comme neige au soleil.

Le résultat est souvent tordant, voire grinçant, jamais subtil, mais toujours articulé et réfléchi.

Devant les caméras, Michel Charette (campant la définition même de « l'énergie du désespoir ») est parfaitement épaulé par Sandrine Bisson, Sam-Éloi Girard, Louise Bombardier et Guillaume Cyr, formant une distribution toute désignée pour transposer les textes d’Avard à l’écran.

Évidemment, nous baignons ici dans une surenchère de malheurs et une approche résolument satirique.

Si les premiers épisodes de la série donnent le ton, il faudra voir ensuite comment la proposition pourra bonifier et approfondir ses idées, son discours et ses personnages sans devenir redondante ou sombrer dans la caricature.

À l'instar de la fermette de François, Le bonheur laisse une très bonne première impression.

Contrairement à la fermette de François, les éléments mis en place suggèrent heureusement que la suite des choses ne comprendra pas trop de vices cachées.

Composée de dix épisodes de 30 minutes, la première saison de la série Le bonheur sera diffusée les mercredis à 21 h 30 à compter du 5 janvier 2022, sur les ondes de TVA.