Publicité
Critique

L'auteure Danielle Trottier continue de nous prendre par le coeur avec Toute la vie

Toute la vie - photos de plateau
Charmé
Notre critique
Un sujet fertile, une série accrocheuse et une distribution magnifique.

Trouver une proposition aussi porteuse et accrocheuse pour succéder à Unité 9 n'est certainement pas une tâche facile. Parlez-en à l'auteure Danielle Trottier qui, de son propre aveu, a voulu trouver un sujet « aussi fort et qui allait déménager autant que les femmes criminelles ». C'est donc le mandat qu'elle s'est donné avec Aetios Productions et la direction de Radio-Canada. Ils y arrivent avec Toute la vie, la nouvelle série annuelle qui sera lancée dès le 10 septembre sur ICI Télé. Avec son terreau fertile, sa magnifique distribution et une réalisation d'une grande humanité, ce projet pourrait bien rallier bon nombre de téléspectateurs. Encore une fois, Danielle Trottier nous prend par le coeur...

Toute la vie nous plonge dans le quotidien de l'école Marie-Labrecque, un établissement unique au monde. On y accueille une soixantaine de jeunes filles de 12 à 17 ans, toutes enceintes ou jeunes mamans. La mission de l'équipe qui y oeuvre est de veiller à la scolarité des étudiantes tout en les préparant à assumer leur rôle de mère. Encore une fois, rien de tout cela n'est simple.

On constatera les difficultés en faisant principalement connaissance - dans les trois premiers épisodes - avec deux adolescentes : Edwidge et Anaïs. La première, dont l'histoire est tragique, ne souhaite pas enfanter. Mais elle n'a plus le choix puisque l'avortement n'est plus une option. Elle ira jusqu'à se meurtrir pour faire taire ses angoisses. L'autre a 13 ans et souhaite ardemment assumer son rôle de mère, même si la situation n'est pas idéale. Ses parents et les parents de son copain ne voient pas la chose du même oeil. Elle devra se battre pour faire respecter son choix. Confiées aux bons soins de Tina (Hélène Bourgeois Leclerc), la directrice de Marie-Labrecque, et Christophe (Roy Dupuis), le nouveau psychoéducateur de l'établissement, ces jeunes filles et d'autres vivront des moments difficiles. Sauront-elles trouver leur voie?

Dans ce contexte, on découvre de jeunes comédiennes, pour la plupart inconnues du grand public et dont certaines en sont à leur première expérience de jeu. Pas une petite école que cette série. Les scènes à jouer sont souvent crues ou dramatiques, notamment cette première scène qui se déroule dans une salle de bain et qui fera impression chez les téléspectateurs. Naïla Victoria Louidort-Biassou, qui est Edwidge, vous frappera droit au coeur avec sa grande vulnérabilité. Celle qui a eu le rôle après avoir postulé par Facebook possède un regard candide et un naturel désarmant. Même chose pour Cassandra Latreille qui incarne avec fougue la jeune Anaïs. Le reste de la distribution s'avère parfaite, notamment les deux têtes d'affiche qui sont dès le départ dans leur environnement. La Tina d'Hélène Bourgeois Leclerc est courageuse et dévouée. Quant à Roy Dupuis, il s'impose avec calme et charisme. Son personnage s'avère l'un des plus intrigants de cette histoire, mais il faudra attendre avant de comprendre ce qui l'anime vraiment lorsqu'il n'est pas entre les murs de l'école. Notons aussi la présence de Thomas Delorme, le fils de Sébastien Delorme et Julie Perreault, qui vole ici de ses propres ailes dans un rôle intéressant.

Derrière la caméra, Jean-Philippe Duval - éternel complice de Danielle Trottier - propose une réalisation jeune, moderne et sensible, bonifiée par une trame sonore très actuelle qui fait une belle place aux rappeurs et rappeuses québécois. Ainsi, les Koriass, Laurence Nerbonne, Radio Radio, La Bronze, Queen Ka, Marie-Gold et d'autres donnent le pouls à cette histoire. Danielle Trottier, fidèle à ses habitudes, a su trouver un sujet intense et intarissable qui l'amènera à explorer différents tabous et problématiques de société comme la sexualité chez les adolescents, la contraception, la pornographie, l'avortement et plus. Elle le fait toutefois sans jugement, comme c'était aussi le cas dans Unité 9. Sa vision unique et son audace provoqueront bien des discussions et réflexions dans les foyers. Le résultat est confrontant à souhait et fait réfléchir, mais une chose est certaine, on ne risque pas de s'ennuyer avec Toute la vie.

Mentionné dans cet article