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Télé

L'air d'aller, saison 2 : Oser rêver (critique)

L'air d'aller - Saison 2
3.5
Notre critique

Une histoire de courage, de sens et de raison d'être.

Au printemps dernier, une série originale de chez nous se voyait récompensée à l'étranger, dans une célébration du meilleur des séries de l'international, à Cannes, rien de moins. Avec, en poche, le Prix des étudiants de la meilleure série courte de Canneseries, on peut dire que L'air d'aller, production d'Urbania, a fait bonne presse à nos artisans québécois. Abordant un sujet peu exploité en télévision, le projet mettait en scène quatre amis souffrant de fibrose kystique, qui tentaient de réaliser un maximum avant de mourir. Si le public a largement apprécié le sujet et la crédibilité de la distribution étoilée, c'est la qualité du texte de Jean-Christophe Réhel qui a marqué les esprits. L'auteur romanesque, lui-même atteint de la maladie, utilise l'humour comme arme de combat, s'inspirant de ses propres histoires excentriques et parfois absurdes pour ajouter une belle grande dose de lumière à l'ensemble de l'œuvre. Ce projet unique représentait d'ailleurs sa toute première série télé.

Et si finalement, on vivait un peu plus longtemps?

Après un premier chapitre de dix épisodes racontant l'urgence de vivre, une deuxième et ultime saison débarque à son tour sur les ondes de Télé-Québec. Cette fois, c'est une histoire de courage, de sens et de raison d'être qui prend vie à l'écran.

C'est Noël pour Gabriel (Antoine Olivier Pilon), Jimmy (Joakim Robillard) et Cindy (Noémie Leduc-Vaudry), qui se retrouvent à festoyer en plein été, parce qu'une annonce vient de bouleverser leur vie. Un an après le départ de leur amie Katrine (Catherine St-Laurent), le plus précieux des cadeaux s'est glissé dans la cheminée : l'espoir. Pour la première fois, ils peuvent se permettre de se projeter dans l'avenir. De se mettre à rêver à la vie, sans l'omniprésence de la maladie. Enfin légalisé au Canada, le Bynucin ne les guérira pas, mais soulagera leurs symptômes de fibrose kystique. Sauf que la fête est de courte durée, parce que Jimmy, dont l'état s'aggravait déjà, lui, n'a pas le bon gêne pour s'en voir être candidat.

« J'ai appris à ne pas t'oublier. Je te le jure, je ne veux pas t'oublier. »

Dans ses moments de faiblesse, ce dernier voit se manifester l'esprit de sa défunte amie qui s'adresse à lui, un peu comme un ange gardien qui apparait dans sa tête. Ainsi, la comédienne Catherine Saint-Laurent est toujours de la distribution. Ça aurait pu nous faire grincer des dents, mais c'est bien fait. Le personnage de Jimmy va malgré tout, maladroitement, donner une chance à l'amour et il est toujours aussi attachant.

« On ne s'éteint pas »

Gabriel et Cindy, regagnant de la force, devront maintenant faire face à une nouvelle réalité : vivre, simplement. Se trouver des buts. Se définir comme personnes et par autre chose que leur condition.

Alors que la première saison était un hommage à la solidarité et que l'amitié, qui donne de la force aux personnages, reste bien présente, cette suite plonge davantage dans l'individualité des différents personnages ; leurs amours, leur spiritualité, leur avenir, leurs relations familiales... L'auteur aborde aussi la trame des proches des malades, qui souffrent parfois dans l'ombre. Benjamin (Antoine Pilon), le grand frère de Jimmy, a un peu plus de dialogues dans cette saison, nous laissant découvrir la détresse psychologique qu'il ressent et invalide lui-même. Avec le même humour, la même légèreté dans le malheur, on a tout de même droit à quelques touchants moments d'émotion pendant les épisodes, comme lorsque Sylvain (Denis Bernard) revoit les amis de sa fille et réussit instantanément à nous tirer une larme au troisième épisode.

Comme la première saison a bien mis la table, on plonge un peu plus rapidement dans le cœur de l'action, même si le rythme global force au moment présent et à l'écoute active dans sa lenteur et son esthétisme. On retrouve encore une fois des segments de danse, qui entrecoupent certaines scènes, où les émotions sont exprimées par le mouvement. L'auteur tenait à inclure une forme de poésie et la réalisatrice, Sarah Pellerin, image cette volonté artistique par des apartés plus cinématographiques, des vignettes qui dévoilent l'imaginaire des personnages. Ce n'est peut-être pas pour tout le monde, mais l'on s'y habitue lorsqu'on se laisse aller.

Mention spéciale à la sélection musicale éclectique, passant d'un nostalgique Jean-Pierre Ferland, à Diane Dufresne, au métal intense qu'est Shade of Dusk, qui habille la démarche avec finesse.

Cette unique fiction grand public financée par Télé-Québec est, somme toute, encore une fois réussie. Néanmoins, elle risque de plaire davantage aux jeunes adultes qu'aux habitués du téléroman.

Le premier épisode est déjà en ligne sur la plateforme gratuite de Télé-Québec et l'intégralité de la saison sera disponible dès le 19 mars. À la télé, un nouvel épisode est diffusé chaque mardi, à 21h.