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Critique

Complètement Lycée : Complètement hilarant!

Complètement Lycée

Prenez une bande d’acteurs et humoristes adorés des jeunes (Rosalie Vaillancourt, Pierre-Yves Roy-Desmarais, Katherine Levac, Pierre-Luc Lafontaine, Antoine Pilon...), faites-les parodier les clichés « gros comme le bras » des séries et films pour ados américains qui emploient toujours la même recette (l’accent grossier des traductions françaises inclus!), à la façon du Coeur a ses raisons, ajoutez des revirements inattendus et des apparitions surprises (Julie Snyder, Émile Bilodeau, Jay Du Temple, Guillaume Lambert), le tout saupoudré d’un humour aussi juvénile que déjanté, et vous obtiendrez Complètement Lycée, une comédie bien de chez nous « complètement cave! », aux dires de ses créateurs. Complètement tordante, ajouterons-nous.

Complètement Lycée, une idée originale de Rosalie Vaillancourt et Pierre-Yves Roy-Desmarais, avait déjà obtenu un vif succès, non seulement populaire, mais également d’estime en remportant une flopée de récompenses dans sa première vie en websérie (toujours disponible sur Crave et Noovo.ca), en 2021. Parmi elles, le Prix Dior de la Révélation pour Rosalie Vaillancourt au festival international Canneseries, à Cannes, et sept nominations et deux trophées au Gala des Prix Gémeaux. Le projet, dès ses balbutiements, a « fait un carton », comme diraient probablement nos étudiants trop expressifs de New Garden Hills Valley.

Tant et si bien qu’il connaît maintenant une prolongation sous un nouveau format, en devenant maintenant une série à part entière, avec des épisodes complets de 22 minutes, lesquels habiteront la plateforme Crave en exclusivité pendant quelques semaines, avant de migrer vers la télévision traditionnelle, à Noovo, en janvier. Dans sa déclinaison plus « mature » (pour peu que de telles tribulations puissent être qualifiées de « matures »), Complètement Lycée prend corps sous les plumes décalées de Charles-Alex Durand et Sandrine Viger-Beaulieu et la réalisation assumée d’Alec Pronovost (dans une production de Productions J et Bell Média), qui ont beaucoup étudié les Pas encore un film d’ados et Film de peur de ce monde pour construire un pastiche digne de ce nom, aussi délicieusement ridicule que ses prédécesseurs.

Dans son propos, Complètement Lycée la série est la suite de Complètement Lycée la websérie, mais on s’y retrouvera sans peine même si on n’a pas vu le chapitre d’introduction. Et nul besoin d’avoir 15 ans pour apprécier ces joyeuses pitreries absurdes; tous les codes et lieux communs des Frères Scott, Degrassi et autres Elle a tout pour elle (She’s All That) se retrouvent dans Complètement Lycée. Qu’on ait célébré notre bal des finissants en 1999 ou en 2010, les références sont les mêmes pour tous. Certaines phrases des œuvres ici citées (et pas les plus intellos!) ont même été copiées-collées telles quelles dans Complètement Lycée.

La parfaite faune étudiante

Ainsi, au collège New Garden Hills Valley, campé « au Wisconsin du Nevada », en 2007 (à l’époque de MSN!), l’ingénue Allie Thompson (Rosalie Vaillancourt et sa longue perruque couleur cuivre), « secrètement canadienne », présidente du lycée (évidemment) habite avec son papa (Bernard Fortin) veuf surprotecteur (bien sûr) qui finira – on s’en doute – par en pincer pour une professeure de l’école. Ne se considérant pas superficielle comme ses camarades féminines, Allie veut simplement avoir de bonnes notes pour… vous l’aurez deviné, être admise à Harvard.

Dans l’univers d’Allie, il y a un mystérieux correspondant secret « qui pourrait être n’importe qui », un meilleur ami noir et gai qui cherche à sortir « du garde-manger », Keith (Patrick Emmanuel Abellard), parfait faire-valoir, un ex-amoureux transi qui voudrait désespérément la reconquérir, Will (Vincent Kim)…

Il y a aussi la rivale Ashley Winterbottom (Katherine Levac), meneuse de claques et fille d’un père pasteur fortuné et sa gang de « suiveuses ». Il y a de beaux sportifs arrogants, dont le joueur étoile de basket Brian Manson (Pierre-Yves Roy-Desmarais), qu’Ashley vient de larguer au profit du nouveau venu ténébreux aux pectoraux parfaits, « d’une autre classe sociale », Chaz Manson (Pierre-Luc Lafontaine), qui fascine aussi Allie… Un enseignant suppléant, Mister Brown (Éric Bernier), qui fait lire Hemingway et chante du rap et ne se laisse pas impressionner par deux ou trois taloches, une gothique qui sème la terreur, Quinn Gray (Nahéma Ricci)… Bref, toutes ces figures archiconnues qu’on a vues et revues mille fois dans nos écrans, sous différentes versions.

Des regards exagérés, des frères jumeaux inconnus, des « Putain! » à toutes les sauces et, comme on le disait plus haut, des « caméos » fort rigolos de personnalités connues… Complètement Lycée, c’est « complètement naze », mais rien n’a été laissé au hasard pour offrir un produit de qualité.

En production, on a poussé la caricature jusqu’à tourner les scènes en anglais, pour ensuite les traduire dans un français international franchouillard très appuyé, même si les comédiens n’étaient pas nécessairement tous parfaitement bilingues. C’était seulement l’effet des lèvres qui bougeaient au mauvais endroit et le timing qui comptait.

On prend évidemment Complètement Lycée avec un grain de sel, en ne s’attendant pas à y suivre une intrigue très trépidante, mais les histoires y sont quand même bien développées et, surtout, le résultat est hilarant.

Lors du visionnement de presse, Rosalie Vaillancourt est revenue sur un sujet chaud des derniers jours. Lisez notre entrevue avec elle ici.

Les deux premiers épisodes de Complètement Lycée sont disponibles sur Crave dès maintenant, et les suivants y seront graduellement déposés les mercredis 30 novembre, puis 7 et 14 décembre. À Noovo, la série débutera le mercredi 11 janvier, à 19 h 30.