L'enfance est le sol sur lequel nous marcherons toute notre vie. - Lya Luft
Après avoir idéalisé son adoption dans le récit Dans mes yeux à moi paru en 2011 et dans la populaire série Olivier, Josélito Michaud a senti le besoin de remettre les pendules à l'heure, une fois pour toutes, dans un nouveau récit autobiographique intitulé Madame, est-ce que j'vais être choisi? Dans cet opus, déjà offert en librairie, l'animateur et auteur replonge dans son enfance balafrée, alors qu'il a été adopté par une famille dont le père était alcoolique et violent. Une trajectoire difficile qui a fait de lui l'homme qu'il est aujourd'hui, bienveillant et altruiste.
Dans Madame, est-ce que j'vais être choisi?, on retrouve Josélito tout petit, dans une famille d'accueil, alors qu'il s'apprête à être adopté. Cet adorable minois, qui ne demandait qu'à être aimé, figure d'ailleurs en couverture de l'ouvrage. Le désir d'être choisi est au coeur de la vie de l'auteur et imprésario, de la petite enfance jusqu'à sa carrière sous les projecteurs. Amitiés oubliées, destins fragilisés, courage, détermination et désobéissance forgent cette oeuvre, qui ne manquera pas de vous faire verser quelques larmes.
« Ma soeur m'avait demandé, en 2011 quand le livre est sorti, "José, peux-tu dire ce qu'on a vécu? Peux-tu le dire pour ne pas que cet homme-là s'en tire?" », nous explique l'auteur. « Donc, c'est ma soeur qui m'a obligé à le dire. Puis quand mon père est mort en 2022, là les gens me disaient "Ah, votre père est décédé, le fameux monsieur qui était dans la série. On vous offre nos sympathies. Quel être extraordinaire! Vous devez avoir de la peine." Ce n'était pas ça. Et je n'allais pas nourrir ça. »
Je ne pouvais pas prendre la sympathie, les condoléances, pour un homme qui m'a fait tant souffrir et surtout, qui a tant fait souffrir ma mère. Là, je ne pouvais plus. Je ne pouvais pas.
C'est donc après une promesse faite à sa soeur, décédée dans des circonstances tragiques, que Josélito Michaud signe ce nouvel ouvrage, une écriture aussi douloureuse que libératrice, qui allait à l'encontre de ce que sa mère avait toujours voulu, soit de préserver les apparences de famille unie : « Je pense beaucoup, beaucoup à ma mère qui m'aurait dit "ne parle pas de ça". J'ai l'impression qu'elle me dit aujourd'hui "parles-en donc". D'ailleurs, j'ai demandé à ma mère avant de l'envoyer à l'impression. J'ai dit à la maison d'édition de me laisser 48 heures pour demander l'autorisation à ma mère et à mon père. C'était un peu trop tard, tu comprends. J'ai fait une méditation en lui disant " maman, ça va sortir là, mais je le fais pour toi". C'est comme si j'avais eu son accord. »
Ma mère, c'est la femme que j'ai le plus aimée. C'est une femme exceptionnelle.
« Ça, c'est une affaire qui est bien importante. J'en parle un peu, du conflit de loyauté. Moi, je ne voulais pas que ma mère passe pour une faible. Je voulais qu'elle passe pour quelqu'un de son époque qui ne pouvait pas sortir d'une emprise », souligne Josélito. En ce sens, avec ce récit, l'auteur fait poindre la lumière en faisant honneur à sa mère et sa soeur, dépeintes comme des femmes inspirantes, même dans la douleur.
Moi, j'ai toujours voulu être un plus dans la vie des gens. C'est peut-être ça l'obsession.
En effet, ce récit, écrit avec les cordons du coeur, pourrait bien faire oeuvre utile, d'une part en sensibilisant à la violence familiale, mais également en démontrant que se choisir peut mener vers la lumière. S'il fut jalonné de souffrance, le parcours de Josélito Michaud, devenu l'un des artistes les plus estimés de sa génération, force l'admiration. Le respect et la générosité dont il fait preuve avec autrui s'avèrent d'ailleurs particulièrement inspirants. Cette candeur se retrouve dans chaque mot de Madame, est-ce que j'vais être choisi?, une proposition lumineuse qui incite au meilleur, malgré son sujet difficile. À inscrire à votre liste de lecture!
Dans la même entrevue, Josélito Michaud a abordé ses problèmes de santé avec franchise : « C'est grâce à Céline qu'on me soigne présentement. Je ne l'avais jamais dit publiquement. » Lisez la suite de notre entretien ici.


