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Critique

Une Mélodie du bonheur qui ne manque pas de charme

La mélodie du bonheur

Comment résister, en ce début décembre, à un « Do le do » gaiement fredonné par une horde d’enfants joyeux? Autrement dit, aurait-on pu choisir meilleure période de l’année pour donner le coup d’envoi à La mélodie du bonheur, ses ritournelles pimpantes et son histoire à la guimauve?

C’était fête au Théâtre St-Denis lundi soir, pour la première de la Mélodie du bonheur orchestrée par Gregory Charles, dont le travail de mise en scène est fort bien construit autour de 25 comédiens, chanteurs et danseurs, ainsi qu’une dizaine de musiciens dans leur fosse surélevée. Tous les éléments qui emplissent la scène, des décors aux couleurs vives jusqu’aux numéros chantés à l’unisson par les enfants von Trapp si mignons, en passant par les projections et les costumes, tout est réussi. Il s’en dégage charme et bonne humeur, sans que ça ne soit spectaculaire.

Outre les quelques longueurs que recèle le spectacle – quelle comédie musicale n’en a pas? –, un autre débat se murmurait ici et là à l’entracte : les paroles des chansons (en français) différeront peut-être de celles qu’on a connues, selon qu’on soit habitué à la mouture de La mélodie du bonheur sur les planches (née à Broadway en 1959) ou celle du film américain de Robert Wise (1965) avec Julie Andrews et Christopher Plummer. Ne vous surprenez donc pas si les vers de « Do Ré Mi », des « Joies quotidiennes » ou de « So Long, Farewell » ne concordent pas avec vos souvenirs!

Famille, amour et musique

La mélodie du bonheur ici exhibée ne repose pas sur des chorégraphies endiablées ou des moments hilarants pour créer son effet. L’ensemble manque même parfois un peu de chaleur, malgré sa beauté.C’est surtout la jolie fable sur la famille, l’amour, la musique et les « joies quotidiennes » qu’est à l’origine La mélodie du bonheur, qui fait sourire.

Dans les années 1930, en Autriche, à l’aube de la Seconde Guerre mondiale, la future religieuse Maria (Klara Martel-Laroche) est envoyée comme gouvernante de la famille von Trapp, où l’autoritaire papa veuf (Éric Paulhus) impose un régime presque militaire à ses enfants, les faisant obéir au sifflet et les obligeant à s’habiller en habits du dimanche pour sortir. Maria finira par prendre les sept petits von Trapp sous son aile et par s’éprendre du capitaine, qui, lui, reconsidérera la romance jusque-là stérile qu’il entretenait avec la baronne Schroeder (Éveline Gélinas). Le clan von Trapp deviendra chorale à succès et réussira à échapper au régime nazi.

Plusieurs jolis tableaux se démarquent, comme la présentation des bambins à leur nouvelle gouvernante, la première interprétation de « Do Ré Mi » à la cadence de fanfare (vivement applaudie lundi), Maria qui remet en question son amour de Dieu parce qu’elle s’est éprise du capitaine Von Trap en compagnie de sa supérieure Mère Abesse (excellente Monique Pagé, dont la voix puissante donne des frissons!), les prestations à l’avant-scène d’Éveline Gélinas et Audrey-Louise Beauséjour de Star Académie 2022 (Liesl von Trapp, l’aînée du clan), et on en passe.

Le théâtre musical a la cote chez nous en ce moment. Annie et ses bouclettes ont enchanté des milliers de spectateurs à Montréal et Québec l’été dernier. Les Choristes, que Serge Denoncourt avait propulsés en 2018, s’apprêtent à reprendre du service au Monument-National en janvier. Ce même Serge Denoncourt travaille déjà à monter Hair pour Juste pour rire l’été prochain. Et à la Mélodie du bonheur qui égaiera notre temps des fêtes en 2022 succédera, l’an prochain, La famille Addams, mise en scène par René Simard. Parce que de tels projets sont ambitieux, ces deux dernières productions sont le résultat des efforts concertés d’un regroupement de producteurs, parmi lesquels Groupe Entourage et KoScène (le Consortium Production Mélodie inc et Productions Morticia Inc.).

Le Québec ne s’est pas beaucoup mouillé jusqu’ici à revisiter le classique qu’est La mélodie du bonheur. Denise Filiatrault en avait dirigé une version chapeautée par Juste pour rire et le Théâtre du Rideau Vert en 2010, avec Robert Marien (puis Yves Soutière, puis Étienne Dupuis) en Capitaine von Trapp, dont les représentations s’étaient étirées sur plusieurs années. La relecture qui prend l’affiche aujourd’hui sera en salle, au Théâtre St-Denis, pendant tout le mois de décembre, et la troupe se déplacera ensuite à Québec à l’été 2023. Plus de 50 000 billets ont déjà été vendus. Pour informations : melodiedubonheur.com.