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Critique

Laurent Paquin, le parfait nono du Dîner de cons

La pièce Le diner de cons

Nos excuses à Laurent Paquin, mais il faut bien l’admettre : celui-ci fait vraiment un con plus con que con dans la pièce Le dîner de cons, dont la tournée se poursuivra au moins jusqu’en 2025 (!) au Québec, et qui a déjà écoulé plus de 80 000 billets depuis le début de ses représentations à L’Assomption, l’été dernier.

L’humoriste (allumé et brillant, au demeurant) ne nous en voudra probablement pas d’affirmer qu’il a le talent, la solidité et... la bouille (comme il le disait lui-même à Tout le monde en parle récemment, où il nous a offert un fabuleux fou rire en compagnie de ses collègues Normand D’Amour et René Simard) parfaits pour camper le nono de service trop bien intentionné qui multiplie les gaffes en voulant pourtant tellement améliorer le sort de son hôte Pierre Brochant (Normand D’Amour, idyllique en homme d’affaires pédant et suffisant, trop heureux de ridiculiser autrui).

Parce que, on peut se moquer, mais il faut un aplomb, une conscience et une intelligence du jeu hors du commun pour jouer les niais avec exactitude et efficacité, sans en mettre trop, ni pas assez. Et le défi est relevé haut la main pour Paquin : dès qu’il se pointe devant l’assistance avec sa chemise carreautée, son nœud papillon et ses lunettes d’écolier, rien à faire, la salle s’écroule de rire. Et quand on constate jusqu’où peut aller la naïveté sans méchanceté aucune de son François Pignon pourtant pas complètement sot, l’extase décuple.

Les comparses Paquin et D’Amour se livrent à un jeu de ping-pong verbal, à une danse physique en continu qui requièrent un timing que ne peuvent revendiquer que les plus expérimentés. Parce que ça s’enfarge, ça se relève et ça retombe allègrement, dans ce diner qui n’en sera finalement pas vraiment un!

Pour le reste, rien à redire de ce Dîner de cons que Showbizz.net a vu dernièrement dans un Espace St-Denis plein à craquer, à Montréal. Des gloussements francs toute la soirée, des spectateurs comblés de retrouver l’histoire rendue célèbre au cinéma et dont on reprend ici tous les revirements; les adeptes de la première heure de l’absurde texte de Francis Veber y reconnaîtront tous ses grands traits et principaux personnages : en route vers ce fameux diner hebdomadaire où on se bidonne d’un « con » déniché au hasard, Pierre Brochant n’en finit plus de voir les obstacles s’accumuler sur son chemin (tour de reins, sa femme le quitte), tous aggravés par la présence mi-bienveillante, mi- nuisible de François Pignon.

René Simard (l’arrogant Juste Leblanc) n’a rien perdu de sa dégaine comique depuis la belle époque des Bye Bye qui l’ont mis en vedette et Bernard Fortin livre la marchandise avec l’emphase naturelle qu’on lui connaît en Lucien Cheval le contrôleur fiscal. La partition féminine est également bien rendue par Pascale Montreuil et Gabrielle Fontaine, cette dernière se révélant juste assez exubérante en maîtresse bafouée.

Prestations généreuses, décor rotatif soigné d’appartement bon chic, bon genre, mise en scène vive, haletante et fidèle d’André Robitaille : le théâtre populaire de qualité gagne de nouvelles lettres de noblesse avec cette nouvelle adaptation québécoise du Dîner de Cons, qui contient quelques références bien d’ici (dont un extrait de « Chante La La La » et une mention du Vieux-Montréal).

Juste avant la représentation officielle, Pascale Montreuil et Gabrielle Fontaine offrent un très sympathique « Cabaret des cons », où elles interprètent de leur jolies voix des chansons sur le thème des cons, pigeant dans le répertoire d’Andréanne A. Malette, de Koxie ou de George Brassens, une mise en bouche très appréciée de l’assistance.

Pour connaître toutes les dates de la tournée du Dîner de cons, on consulte le site officiel de la pièce. Celle-ci passera l’été à L’Assomption, à Québec, à Saguenay, à Gatineau et à Brossard.