On aime quand la télévision nous emporte et nous fait vivre de grandes émotions. Cette saison, la série Toute la vie nous permet cela. La semaine dernière, alors que nous avons assisté impuissants à la découverte du corps sans vie de la jeune Anaïs, terrassée par une dépression post-partum, notre coeur s'est serré. Cette semaine, l'épisode suivait les mêmes tonalités, alors que les funérailles de la jeune maman ont eu lieu.
Dans ce contexte, nous avons entendu un texte extraordinaire récité par Emmanuel Bilodeau, qui incarne le père de la défunte : « Pour être bien honnête avec vous autres, aujourd'hui j'ai énormément de peine. Parce qu'en quelque part, je me sens coupable de sa mort. Je lui ai dit, je lui ai répété qu'elle ne serait pas capable, qu'elle était trop jeune pour mettre un enfant au monde. Je regrette. J'espère que dans ses dernières secondes, elle a pu voir tout ce qu'elle était, beau. Pis pas juste la dépression qui s'était installée en elle sans qu'on s'en rende compte à quel point que s'était grave. Josée, sa petite maman d'amour, sa grand-maman, pis sa soeur, pis moi, pis moi, on aimait Anaïs, beaucoup. Elle va nous manquer. »
Dans ce contexte, le texte de Danielle Trottier, si juste, et le jeu du comédien, si vrai, se complétaient. Les téléspectateurs, surtout ceux qui ont vécu l'incompréhension du suicide d'un être cher, n'ont pas dû avoir les yeux secs pendant ces minutes difficiles. On peut certainement parler d'une performance magistrale pour Emmanuel Bilodeau. D'ailleurs, l'autrice a tenu à le souligner sur les réseaux sociaux en écrivant : « Emmanuel nous a offert un Rodge inoubliable! » Revoyez ce moment ci-dessous.
On peut présumer qu'à partir de maintenant, nous reverrons beaucoup moins la famille d'Anaïs, même si nous aimerions bien suivre le parcours de Tommy (Thomas Delorme) qui devient maintenant un très jeune papa monoparental, avec un lourd passé émotif.
Dans le même épisode, nous avons assisté à une guerre difficile entre deux parents partagés sur l'avenir de leur fille déficiente intellectuelle. Encore là, les performances sont magnifiques et authentiques. Les téléspectateurs, qui connaissent la dépendance à la sexualité de la jeune femme et future mère, ont été bousculés et inquiets en l'entendant dire qu'elle souhaitait avoir un fils parce qu'il aurait un pénis. Pourrait-elle devenir, en raison de son handicap, l'agresseur de son enfant? On s'est tous posé cette question angoissante.
Enfin, l'autrice Danielle Trottier ne pourrait être plus dans le mille et pertinente en nous montrant à l'écran cette mère autochtone victime de mauvais traitements et d'indifférence et aux prises avec une grave dépendance. Cela n'est pas sans rappeler la triste histoire de Joyce Echaquan qui est venue bousculer le Québec au complet il y a quelques semaines. On connaît maintenant le triste destin de cette mère balafrée par la vie. Comment sa fille s'en sortira-t-elle dans ce contexte? Le futur nous laisse entrevoir des écueils. Encore une fois, un formidable épisode de Toute la vie, qui met la table à une suite captivante.