La réputation de Patrick Senécal n'est plus à faire. Le maître de l'horreur a acquis, au fil des ans, une légion de fans au Québec et ailleurs. Les lecteurs attendent avec impatience chaque nouvel opus de l'auteur et s'en délectent avec avidité. Son oeuvre avait déjà été adaptée au cinéma, dans des films comme 5150, rue des Ormes et Les sept jours du Talion, mais jamais encore à la télévision. Ce n'était qu'une question de temps. Arrive donc sur Club Illico, dès ce jeudi, Patrick Senécal présente, la première série d'anthologie de l'auteur et une rare série de genre au Québec. Voilà un beau buffet d'horreur dans lequel on a pris plaisir à plonger.
Le scénariste Senécal signe dix courtes histoires, qu'il introduit lui-même à l'écran, qui s'amusent à explorer différents sous-genres de l'horreur, avec ce brin de folie qu'on lui connaît. Un fil d'Ariane relie toutes ces histoires : les personnages y vivent le pire moment de leur vie. Les cinq premiers épisodes seront disponibles dès ce jeudi 25 février, les autres viendront plus tard cet automne en raison de délais dus à la pandémie. Certaines histoires sont plus glauques, d'autres, amusantes et d'autres encore, complètement étranges. Cette diversité contribue au succès de la proposition. On sent certainement des influences de Twilight Zone, Black Mirror, Alfred Hitchcock Presents et autres séries du genre.
Dans le premier épisode, Mylène Mackay incarne cette jeune femme naïve qui débarque dans un petit patelin pour commencer un nouveau travail de secrétaire. Au même moment, un meurtrier en série sévit dans le village, semant la terreur et l'émoi. Évidemment, le tueur n'est jamais celui que l'on suspecte. Le résultat est particulièrement captivant et met la table pour le reste de la série. Le deuxième épisode s'attarde à l'audition d'un jeune comédien timoré qui ne sait pas très bien ce qu'il fait. Théodore Pellerin brille encore une fois dans cette saynète déroutante, tout comme Anne-Marie Cadieux qui est sulfureuse et magnétique. Enfin, dans le troisième épisode, un infect chanteur de pomme, interprété par Lou-Pascal Tremblay, trouve un cellulaire contenant un génie. Il souhaitera faire exaucer trois voeux, mais le résultat pourrait bien être différent de celui escompté.
Au fil des épisodes, vous verrez défiler bien d'autres comédiens connus, dont Sébastien Dodge, Benoît Finley, Hugo Giroux, Karine Gonthier-Hyndman, David La Haye, Steve Laplante, Cat Lemieux, Nicolas Létourneau, Elliot Parent, Théodore Pellerin, Dominique Quesnel, Sébastien René, Lou-Pascal Tremblay, Cynthia Trudel, Erich Preach, Benoît Rousseau, Manue Séguin, Bruno Verdoni, Rémi-Pierre Paquin et Bénédicte Décary. On sent que la production n'a eu à convaincre personne, tant le projet est différent et audacieux.
On peut certainement parler d'une alliance très féconde entre le scénariste Patrick Senécal et le réalisateur Stéphane Lapointe. Déjà, ce dernier avait fait ses classes de maître sur l'excellente série Faits divers. En imageant l'univers tordu de Patrick Senécal, le réalisateur s'avère complètement dans son élément. Il propose un environnement sinistre, froid, dans lequel pullulent de superbes trouvailles de mise en scène. En plus d'être intéressante, la série est absolument magnifique. On a aussi droit à quelques clins d'oeil savoureux à d'autres grands maîtres de l'horreur. Soulignons enfin le travail des artistes qui travaillent en arrière-scène, notamment du côté du maquillage et des effets spéciaux, qui contribuent à rendre le tout crédible, malgré des budgets très limités.
Il ne fait pas de doute que Patrick Senécal présente remportera un vif succès, même si le genre de l'horreur n'est pas pour tous. Déjà, on entend piaffer d'impatience les adeptes de l'auteur qui souhaitent découvrir ce nouveau pan de l'oeuvre de Senécal. Ils ne devraient pas être déçus. Pour les autres, moins férus, la série vaut certainement le coup d'oeil.