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Il y a 20 ans, ce moment bouleversait le plateau de Christiane Charette en direct

Christiane Charette

C’était le 25 mai 2003, il y a donc exactement 20 ans. Il ne s’agissait aucunement d’une mise en scène et rien n’avait été planifié. Marie-Josée Croze apprenait en direct, sur le plateau du talk-show Christiane Charette en direct, où elle se trouvait sans savoir ce qui l’attendait, qu’on venait de lui octroyer le prix de la Meilleure interprète féminine au Festival de Cannes, pour sa prestation dans le film Les invasions barbares, de Denys Arcand.

C’est le compte Instagram des Archives de Radio-Canada qui nous rappelle aujourd’hui ce petit bout d’histoire de la culture québécoise, tout à fait spontané et rempli d’émotions, inoubliable pour ceux et celles qui y avaient assisté en direct. Remémorez-vous ces souvenirs touchants en visionnant l’extrait ci-bas.

Dans cette capsule de 2003, alors que se tenait simultanément la clôture et la remise de prix du Festival de Cannes, on voit Christiane Charette interviewer Michèle Richard, puis s’interrompre en annonçant qu’on lui « lance des papiers ». Complètement déstabilisée, l’animatrice lit ensuite sur son carton que Denys Arcand vient de recevoir le prix du Meilleur scénario à Cannes pour ses Invasions barbares. « Et le prix d’interprétation à... », décrète ensuite Christiane Charette, sans terminer sa phrase. La caméra se pose ensuite sur une Marie-Josée Croze interloquée, qui demande : « Moi? », geste à l’appui, les sourcils froncés.

L’émission Christiane Charette en direct était alors diffusée en direct du bar Chez Roger, dans le quartier Rosemont, à Montréal. Évidemment, l’euphorie a aussitôt gagné l’assistance sur place. Assise aux côtés du cinéaste Bernard Émond et de Patrick Huard, la jubilaire Marie-Josée Croze ne semble pas trop savoir comment réagir, jusqu’à ce que ce dernier la dirige gentiment devant Christiane Charette pour une entrevue « à chaud ».

« J’y crois pas, honnêtement, j’y crois pas… Êtes-vous sûrs de ça? », a hasardé la comédienne, toujours éberluée.

Marie-Josée Croze évoque dans la vidéo qu’elle n’est pas présente avec le reste de l’équipe des Invasions barbares à Cannes – notamment le réalisateur Denys Arcand, son épouse, la productrice Denise Robert, et les acteurs principaux Rémy Girard et Stéphane Rousseau, à qui plusieurs prédisaient également à l’époque des honneurs à Cannes pour leur jeu, mais qui sont finalement repartis les mains vides – pour « des raisons économiques ». Plusieurs autres comédiens de l’équipe, dont Dominique Michel, Louise Portal, Pierre Curzi, Mitsou, Johanne-Marie Tremblay et Gaston Lepage, étaient passés sur la Croisette quelques jours plus tôt à l’occasion de la présentation du long métrage au festival, mais étaient rentrés à Montréal presque aussitôt.

Cette année-là, la Palme d’or, au 56e Festival de Cannes, avait été décernée au film Elephant, de Gus van Sant. Quelques mois plus tard, le 29 février 2004, Les invasions barbares raflait l’Oscar du Meilleur film en langue étrangère. L’oeuvre a également été décorée de trois César du cinéma français. Au Québec, la production a reçu plusieurs Jutra, dont ceux du Meilleur film, de la Meilleure réalisation, du Meilleur scénario, de la Meilleure actrice (Marie-Josée Croze) et du Film s’étant le plus illustré à l’étranger.

Dans Les invasions barbares, Marie-Josée Croze incarnait Nathalie, fille de Diane (Louise Portal), une jeune femme droguée qui allégeait les souffrances de Rémy (Rémy Girard), mourant, en lui injectant de l’héroïne et en partageant de doux moments avec lui. Son personnage finissait par voir la lumière au bout du tunnel à la fin de l’histoire, à la suite du décès paisible de Rémy. Personne ne soupçonnait que ce rôle de soutien vaudrait une telle reconnaissance à l’actrice.

Depuis son triomphe à Cannes, Marie-Josée Croze – qu’on peut en ce moment revoir au début de sa carrière dans les rediffusions de Chambres en ville, à Unis TV – est établie en France, où elle mène sa carrière. Au Québec, dans les années 1990, elle s’est fait connaître, outre Chambres en ville, dans les séries Montréal P.Q, Urgence et Le masque, et dans le film La Florida.

Rappelons que Denys Arcand est sur le point de nous offrir un nouvel opus, Testament, qui prendra l’affiche au cinéma en octobre. Cette chanteuse y tient un rôle de premier plan. Le cinéaste nous a également récemment présenté fièrement son grand garçon.