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Bête noire à Séries Plus : Le pire cauchemar d'un parent

Bête noire
Charmé
Notre critique
Bouleversant, obsédant et magistral.

Le décès d'un enfant est certainement le pire cauchemar que peuvent vivre des parents. Mais qu'en est-il lorsque ce décès survient dans des circonstances hautement tragiques et destructives? C'est dans ce chemin qu'avance la série Bête noire de Séries Plus, une production bouleversante, obsédante et magistrale. On s'intéressera davantage aux répercussions qu'au crime lui-même, radical et impardonnable.

Une petite ville est chavirée par une tuerie qui a eu lieu à l'école secondaire de quartier, qui a fait plusieurs victimes. Alors que les adolescents paniquent et fuient, les parents cherchent leurs enfants et s'inquiètent. Dans ce véritable chaos, une famille comme les autres apprendra le décès de son fils, qui était aussi l'auteur de la tuerie. Le monde s'écroule, c'est un véritable cauchemar éveillé qui commence, le pire qui soit. Le regard que l'on porte dorénavant sur cette famille est dénué d'empathie. Les parents ne comprennent pas ce qui a pu pousser leur fils, en apparence sans histoire, à commettre l'irréparable. Arrivera-t-on à trouver des réponses dans ces méandres d'une noirceur absolue?

Rapidement, la culpabilité devient obnubilante. Ai-je été trop dur avec lui? Est-ce que cette chicane que nous avons eue pourrait l'avoir poussé à faire ce geste? Pourquoi n'ai-je rien vu? Ai-je élevé un monstre? Avec un sujet aussi actuel et un résultat aussi vrai et sincère, Bête noire frappe dans le mille, directement au coeur. La proposition n'est pas réjouissante, certes, mais elle catalyse rapidement une réflexion, voire une remise en question de nos perceptions quant à ce type d'événement dramatique. Poignante au possible, la série écrite par Patrick Lowe et Annabelle Poisson ne laissera personne indemne. D'ailleurs, le premier épisode, bien que livré avec la plus grande pudeur, est très difficile à regarder. Il vous hantera longtemps.

Derrière la caméra, on retrouve Sophie Deraspe, cinéaste talentueuse (Antigone), qui signe sa première série de fiction. On reconnaît bien son empreinte cinématographique. Sa caméra bienveillante et sans jugement magnifie le travail colossal des comédiens, qui ont tous hérité de rôles particulièrement complexes. Pendant six épisodes de 60 minutes, ils vous éblouiront.

En tête d'affiche, on retrouve Isabelle Blais, qui fait encore une fois la preuve de son immense talent. Dans le rôle de la mère, celle-ci offre une performance plus que vibrante, si réaliste qu'on ne peut détacher nos yeux de son regard meurtri. Préparez déjà les prix d'interprétation pour elle. À ses côtés, Stéphane Gagnon incarne avec toutes les nuances nécessaires le père bouleversé, qui tente de maintenir à flot le bateau familial. De l'autre côté, on retrouve le duo chargé de l'enquête. Alors que Martin Dubreuil excelle dans le rôle de l'enquêteur de la vieille école qui souhaite à tout prix pointer un coupable du doigt, Sophie Cadieux brille encore et toujours, avec un personnage tout en retenue. Sa psychiatre-coroner est le moteur de l'intrigue, celle par qui nos réflexions cheminent. Zackary Auclair, Marine Johnson, Lévi Doré, Nahéma Ricci, Martin-David Peters, Hugo Giroux, Lise Roy et Michel Laperrière complètent la distribution. Tous, sans exception, offrent un jeu sensible et bouleversant.

Avec ce retour aux productions originales, Séries Plus frappe fort. Bête noire n'est pas facile à regarder, mais le résultat est bien au-delà de nos attentes, aussi humain que stupéfiant. Il faudra absolument voir cela, dès le 31 mars à 20 h.

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