Dans la foulée du lancement de la chaîne Moi et Cie qui a eu lieu ce mardi, nous avons pu visionner le premier épisode de la série documentaire Autiste, bientôt majeur, un projet qui risque de changer considérablement les perceptions et les préconceptions sur l'autisme.
L'idée de ce docuréalité a germé dans la tête de Charles Lafortune après qu'il ait fait une sortie publique contre un géant dans la grande distribution qui souhaitait abolir son programme d’intégration à l’emploi pour personnes vivant avec un handicap. Les messages de haine et d'incompréhension qu'il a reçus à la suite de sa publication ont été le moteur de ce projet éclairant et nécessaire. Comment transformer du très laid en beau...
Autiste, bientôt majeur s'intéresse au quotidien de jeunes autistes, sur le seuil du passage de l'adolescence à l'âge adulte. Qu'arrivera-t-il à ces personnes une fois qu'elles auront atteint l'âge de 21 ans et que les ressources seront bien moins nombreuses pour leur venir en aide? C'est une question que se posent chaque jour les parents confrontés à cette réalité, qui ne touche malheureusement pas que les autistes. Ainsi, en suivant Benjamin, le fils de Mathieu Gratton, Mathis, le fils de Charles Lafortune et Sophie Prégent, Raphaël, Maelle, Laurent, Malika et Eliott, nous pourrons en apprendre davantage sur leur vie, les enjeux auxquels ils font face avec leurs familles.
Pourquoi est-ce éclairant? Parce que comme l'un des papas présentés dans le docuréalité le dit si bien, on ne connaît pratiquement rien de l'autisme. Toutes les personnes atteintes d'un trouble du spectre de l'autisme sont différentes et n'auront pas les mêmes réactions face aux mêmes choses. Il y a autant de formes que de personnes. Il y a des cas très lourds, d'autres moins. Certains pourront fonctionner en société, d'autres très peu. Voilà pourquoi le fait d'entendre des personnes qui doivent chaque jour composer avec cette condition et ces questionnements s'avère éclairant.
Pourquoi est-ce nécessaire? Pour ne plus jamais avoir à entendre des phrases comme celles que lit Charles Lafortune au début du premier épisode, ces mots cruels et laids qu'il a reçus après sa sortie publique. Pourtant, à ce moment-là, il n'était qu'un père désemparé. C'est nécessaire aussi parce qu'en tant que société, on peut certainement se questionner sur le futur que nous souhaitons offrir à toutes ces personnes - nos enfants, les enfants de nos amis, des connaissances - vivant avec un handicap. Charles Lafortune ira même jusqu'à frapper à la porte de notre Premier Ministre pour ouvrir le débat. On parle ici d'une télévision intelligente et transformatrice.
Autiste, bientôt majeur recèle de nombreux moments très émouvants. Gardez les mouchoirs à portée de main. Entendre Charles Lafortune exprimer ce qu'il aurait souhaité faire avec son fils - des souhaits tout simples qui tiennent de la banalité pour plusieurs - serre le coeur. Même chose avec le récit du papa de Raphaël, qui raconte avoir atteint les bas-fonds avec sa conjointe, alors que son fils détruisait sa chambre par accès de colère. On verra aussi cette maman qui a dû se résoudre à placer sa fille, en raison de ses comportements violents. On ne peut négliger la culpabilité que ressentent ces parents, alors qu'ils se donnent le droit quelques instants de respirer un peu, de pleurer, d'être en colère ou juste de survivre. Ce docuréalité nous permettra sans aucun doute d'avoir un regard plus humain et bienveillant sur la situation. Moi et Cie frappera certainement fort avec cette production qui vaut l'écoute, si ce n'est que pour ouvrir nos oeillères un peu.