Elle redonne voix – sans qu’on entende la sienne! – à Jean-Luc Mongrain et Jean-Charles Lajoie, à Anne Dorval aux Francs-Tireurs et à Louise Deschâtelets, Denise Bombardier et Marie-Louise Arsenault sur le plateau du défunt magazine Plus ça change à feu TQS, à Céline et à Claudette Dion… Personne ne prononce trop rapidement ou ne fronce les sourcils trop vigoureusement au goût d’Ariel Charest et ses modestes déguisements, rendus célèbres en réinventant des apparitions publiques d’artistes pigées sur YouTube, dans des prestations de lip-sync dont elle seule a le secret.
Entre autres, ses relectures d’une œuvre de Nicola Ciccone et du passage de Céline Dion au Banquier nous ont fait craquer!
Showbizz.net a attrapé la belle « bibitte » au téléphone, d’abord pour lui parler de cette prometteuse comédie web dont elle est l’âme et la vedette, puis pour lui demander : mais ça jaillit d’où, une Ariel Charest? La question fait rigoler l’étoile montante, que plusieurs personnes du grand public ont découverte au Gala Artis 2021, à TVA, alors qu’elle a mis son art au profit de la présentation des personnalités en nomination dans la catégorie des Artistes d’émissions de sports. Sa caricature de Jean-Charles Lajoie avait d’ailleurs causé sensation en cours de soirée.
« Je suis native du Lac-Saint-Jean, fièrement, fièrement », lance Ariel. Un diplôme du Conservatoire d’art dramatique de Québec, dont elle a gradué en 2014, a propulsé l’artiste d’aujourd’hui 32 ans sur les planches et dans les studios de doublage.
« Puis, est arrivée cette affaire de "lip sync" dans ma vie, de façon très, très anodine. Quand la pandémie est arrivée, j’étais en train de jouer au théâtre et, du jour au lendemain, on se retrouvait sans job, sans rien du tout. Moi, pour me garder créative, j’ai commencé à faire ces capsules de "lip sync", d’abord pour mes amis, sur ma page Facebook personnelle. Puis, mes amis m’ont conseillé de me faire une page avec ça, pensant que ça pourrait avoir une portée plus grande. »
Naïvement, prévoyant rejoindre trois abonnés, Ariel a modestement initié des comptes Facebook et Instagram publics à son nom. Puis…
« Écoute, je me suis fait prendre au galop, et pas à peu près! Je me suis retrouvée à faire des collaborations avec tellement d’émissions, comme le Gala Artis. Ça m’a amenée à rencontrer tellement de gens et à faire tellement d’affaires différentes! En 2021-2022, la tournure des choses et les opportunités ont été complètement capotées! »
« Je suis très fière qu’on me connaisse par cette porte, qui est très singulière et qui me ressemble. C’est quelque chose que je porte de A à Z, dans le choix des vidéos, le montage, l’interprétation. Personne ne vient intervenir dans ce que je fais. C’est intègre à mon humour et à ce que j’aime. C’est un cadeau du ciel, c’est beau, beau, beau! »
Grande nostalgique, notre créatrice de gloussements prend également un malin plaisir à ressortir des boules à mites des moments oubliés de notre culture populaire et à pasticher par mimétisme les traits, mimiques et intonations de ses « victimes », coiffée d’une « petite perruque du Dollarama », image-t-elle.
« Je réécoute des vieilles affaires, je n’arrête pas! Çe me manque. Je m’ennuie toujours de ce bon vieux temps, ces bonnes vieilles émissions. Ça me fait du bien de regarder ça et je me dis que ça doit faire du bien à d’autre monde, aussi, de nous remémorer collectivement des souvenirs communs et d’en rire. »
Toutefois, l’actrice de formation a comme premier amour le jeu au sens large. Le lip-sync est devenu son « sideline » en raison de la pandémie et elle prendra toujours plaisir à mitonner une vidéo ici et là à temps perdu, mais celle dont on a pu apprécier le talent dans le film Niagara et les séries Léo et Après, et dans plusieurs pièces de théâtre (notamment la récente Pisser debout sans lever sa jupe, au Théâtre d’Aujourd’hui) rappelle en ricanant qu’elle « existait » avant son projet viral.
« Mon identité artistique est claire, je sais ce que je peux faire et où je m’en vais. Le "lip sync" est un levier pour autre chose. Pour moi, ç’a mis la table pour accéder à autre chose, c’a été une carte de visite. »