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Spectacles

Yvon Deschamps raconte La Shop : L'usine à idées

<em style="color: rgb(71, 85, 105);">Yvon Deschamps raconte La Shop</em>

Yvon Deschamps raconte La Shop n'est pas le premier ni le dernier spectacle sur l'oeuvre du grand humoriste québécois. L'originalité de celui-ci en fait, par contre, une production d'interêt. Amalgamant théâtre, chant, danse et art du cirque, cette proposition audacieuse transporte les textes d'Yvon dans une usine, administrée par un « boss » cruel. On y rencontre quatre travailleurs qui mènent une existence aussi mécanique que les machines qui les entourent.

Le tout est lancé par le monologue « Les unions, qu'ossa donne? », qui donne le ton au spectacle. Celui-ci s'articule autour de plusieurs grands thèmes, dont l'amour, l'argent et la paternité, découpés en huit tableaux. Si les chorégraphies, créées par la troupe DM Nation, sont foncièrement modernes, elles trouvent un écho particulièrement éloquent dans ce décor blanc et gris de manufacture des années 60. Les acrobates se fondent aussi parfaitement bien à l'ensemble, étant suffisamment présent pour apporter une certaine féérie sans désenchanter le spectateur.

La mise en scène de Jean-François Blais épate par sa créativité. Les boîtes de carton de l'usine se transforment en différents objets - de bébés à gâteau de mariage - rendant le tout dynamique. Le rôle (muet) du Contremaître, joué par David-Alexandre Després, rappelle le cinéma de Chaplin et amène quelques pointes d'humour physique intéressantes. Les quatre acteurs principaux - David Savard, Sylvain Marcel, Stéphane Archambault et Elizabeth Duperré - sont tous habités et volontaires. Ils livrent les textes du grand Yvon avec beaucoup d'aplomb et étonnent par leurs talents de chanteurs. À ce chapitre d'ailleurs, la seule fille du groupe propose des envolées vocales étonnantes.

Yvon Deschamps, lui, personnifie le narrateur. Il apparaît en vidéo ici et là pour mettre en contexte l'histoire, apporter des précisions ou rappeler des faits. Ses interventions ne sont, par contre, pas suffisantes pour créer une véritable homogénéité au sein du spectacle. Résultat : certaines longueurs.

Reste qu'on peut ratisser large avec Yvon Deschamps raconte La Shop. Si le spectacle s'adresse d'abord à ceux qui ont bien connu, respecte et admire l'humoriste, ceux qui ne sont pas familiers avec son répertoire pourront le découvrir de façon ludique et originale. Les nombreuses chansons québécoises, de Claude Dubois à Vincent Vallières, qui s'entremêlent aux monologues d'Yvon ne font que renforcer l'exercice d'histoire et de mémoire. On peut parler d'un hommage réussi au plus grand ouvrier de l'humour au Québec.