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Critique

Photos : La tornade Angèle déferle sur le Centre Bell

Angèle au Centre Bell le 29 avril 2023

C’était soir de tornade au Centre Bell samedi. Une tornade belge de 27 ans appelée Angèle et qui, dans son déploiement, a laissé derrière elle son inspirant répertoire en français, si finement écrit et interprété, joliment féministe, des tympans engourdis et des milliers de jeunes coeurs heureux!

L’amphithéâtre était évidemment bondé. Angèle, c’est l’étoile de l’heure. Faut-il rappeler que la nouvelle sensation débarque de Coachella, renommé festival californien et musique et art, où elle a galvanisé les troupes en chantant, s’il vous plait, en français. Elles ne sont pas légion à accomplir pareil exploit! Vendredi, une interminable file d’attente d’irréductibles d’Angèle avait longé la rue Saint-Denis pour rencontrer sa divine, lui serrer la pince et se procurer de précieux articles souvenirs, à la boutique Le Ninety (près de Marie-Anne), où un « pop up store » (boutique éphémère) de produits dérivés à son effigie avait été installé. La veille, jeudi, elle mettait le Centre Vidéotron dans la petite poche d’une de ses tenues scintillantes et, ce samedi, c’était au tour du Centre Bell. Autrement dit, Angèle est en ville, il aurait fallu dormir sous une roche dans les derniers jours pour ne pas être au courant.

On se disait justement qu’Angèle a un petit quelque chose d’une certaine Britney Spears qui générait des réactions semblables il y a 25 ans quand, à 21 h tapantes, ont résonné dans la maison du Canadien les premières notes de « Baby One More Time », de (l’ancienne?) princesse de la pop, chanson qu’Angèle a d’ailleurs reprise. Qu’elles s’appellent Britney, Marie-Mai, Roxane Bruneau (qui enflammait les mêmes lieux il y a tout juste deux semaines) ou Angèle, il y a quelque chose de puissant à admirer de tels petits bouts de femmes déclencher l’hystérie chez vingtaine de milliers d’âmes par leur simple présence.

Angèle maîtrise bien l’art du suspense! On l’a attendue sur une image de montagnes russes qu’on a chevauchées en temps réel, puis un océan visuel rose bonbon, avant que la silhouette de notre bien-aimée se profile dans la fumée.

Sur fond de mini délire, Angèle, dans sa jupe noire étincelante et ses espadrilles blancs, a minutieusement entamé « Plus de sens », pour s’activer un peu plus au gré du morceau. Ses danseurs en noir l’ont rejointe pour une chorégraphie évidemment rodée au quart de tour. Quelques secondes plus tard, son « Bonsoir Montréal! » a été accueilli comme le Saint Graal. « Vous êtes chauds, ce soir, Montréal! Très, très, très, très chauds! ». Une « chaude » réaction lui a renvoyé la gentillesse.

On a droit à la totale au concert d’Angèle : éclairages tonitruants, projections élaborées, montage photos psychédéliques, vidéos, effets stroboscopiques, structures scéniques lui permettant de s’élever, danses endiablées en solo ou avec des partenaires s’épivardant autour d’elle. Comme la pop star qu’elle est! On ne lui montrera pas à « donner un show », à cette jeune diablesse de même pas 30 ans : Angèle est généreuse comme pas une, courant et sautillant d’un bout à l’autre de sa scène, tendant le micro à sa horde pour lui faire hurler sa joie d’être là et complimentant fréquemment ses spectateurs.

« Ça me fait kiffer d’être là ce soir », s’est émerveillée l'idole, rappelant que sa première présence au Québec avait été pour assurer une première partie au Club Soda (d’Hubert Lenoir, en 2018). « Et maintenant, c’est le Centre Bell! Quelle folie... »

Ce fut magique d’entendre tout le Centre Bell scander le refrain de la pimpante « Oui ou non », première bombe de la soirée. Ne nous laissant pas sur notre faim, Angèle a enchaîné avec un autre tube emblématique, « Tout oublier », et son message de résilience, dont les paroles se dessinaient derrière elle, façon karaoké. La demoiselle n’a pas tellement eu besoin de s’égosiller, les gradins l’ont fait à sa place.

Un torrent de hurlements fut déclenché à l’annonce d’une « chanson d’amour lesbienne », « malheureusement encore importante » - et aux vers magnifiques, gueulés très fort par des voix aigües visiblement touchées par le propos –, « Ta reine ». Derrière « notre » reine se croisaient alors des faisceaux lumineux, alors qu’à ses pieds se multipliaient les points lumineux des cellulaires allumés. Et ainsi se sont succédées les favorites (« Le temps fera les choses », « Taxi », « Solo », « Mauvais rêves », « Vivre libre », etc) toute la soirée, au piano ou scandées par la foule.

Angèle a attendu sa finale pour nous balancer – devinez quoi! – sa célèbre « Balance ton quoi » et son festif doigt d’honneur au patriarcat, devant laquelle le mini délire du début est devenu cataclysme, avant un rappel de deux titres, « Mes démons » (en duo virtuel avec Damso) et « Bruxelles je t’aime », Angèle comparant justement le public chaleureux du Québec à celui de Bruxelles.

Pas dévastatrice du tout, cette tornade Angèle. Plutôt ragaillardissante, vivifiante. Balancez-nous-la n’importe quand.

Angèle se produit à nouveau au Centre Bell, à Montréal, ce dimanche, 30 avril.

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