Ce jeudi soir, c'était au tour de Laurent Paquin de monter sur la scène du Capitole de Québec pour son gala ComediHa!
Il a attaqué la soirée avec un numéro sur le small talk. L'humoriste prétendait que ces petites discussions sur la température ou autres sujets banals étaient essentielles au bon fonctionnement de la société. Il a raconté plusieurs anecdotes prouvant sa théorie. Quoique simple, il s'agissait d'une bonne entrée en matière pour une soirée dans la plus pure tradition du stand-up. Pas de grands numéros de variétés ou de sketchs élaborés, seulement des monologues efficaces aux thématiques universelles.
Guillaume Pineault était le premier invité de la soirée. Habile raconteur, l'humoriste a expliqué pourquoi il voulait, plus jeune, devenir évêque. En pleine maîtrise de son texte, il a transporté le public dans son univers, sans effort. Sylvain Larocque le suivait sur scène. Celui-ci a abordé la difficulté de trouver l'amour dans la cinquantaine. Ses gags corsés, souvent scabreux, ont frappé dans le mille à plusieurs reprises, encourageant même les spectateurs à lui offrir une ovation debout à la fin de son numéro.
Cette année, ComediHa! rend hommage à des humoristes marquants du Québec, et ce jeudi soir, c'était l'oeuvre d'Yvon Deschamps que le festival acclamait. Pour ce faire, il a invité Sylvain Marcel à réciter son célèbre monologue du Bonheur. Habité, le comédien a livré le texte avec l'aplomb et l'émotion nécessaires. Impossible de ne pas avoir des frissons lorsqu'on l'entendait déclamer, la voix chevrotante : « Va-t'en pas Bonheur! ». Même l'animateur à son retour sur scène s'est dit profondément bouleversé par l'interprétation riche de Sylvain Marcel.
Pour conclure la première partie du gala, Laurent Paquin a invité sur scène son collègue Anthony Kavanagh. Ensemble, ils se sont insultés à mots couverts dans un numéro supposément destiné à répandre l'amour. Puis, l'animateur a terminé avec quelques courtes chansons au ukulele, qui résumaient l'actualité des 12 derniers mois. Les pièces étaient toutes d'une efficacité redoutable. « Le Canadien c'est comme les fruits, c'est bon pas longtemps, le reste du temps sont pourris »; « Tu n'as pas d'utérus : ferme ta gueule. Ton opinion ne nous intéresse pas ».
En deuxième partie, Laurent Paquin a attaqué en parlant de grossophobie. Il dit, notamment, qu'il n'aime pas du tout le terme : « Y'ont mis l'insulte dans le mot! » et encourage les gens à « sacrer la paix aux gros qui s'acceptent », et à ceux qui ne s'acceptent pas aussi, d'ailleurs. Son numéro, en plus d'être tordant, proposait un message important.
Billy Tellier était le premier à monter sur scène du second acte. Il a abordé la difficulté de trouver des idées pour les repas. Bien des gens dans la salle se sont sentis concernés par ses propos rassembleurs. Le mentaliste français Fabien Olicard lui succédait. Celui-ci a fait venir une personne sur scène pour participer à un tour de cartes, sans cartes. Entre magie et hypnose, son numéro manquait un peu d'éclat, ce dont Mona de Grenoble, elle, ne manquait pas! Sans gants blancs, elle a attaqué son numéro en montrant ses fesses et en indiquant que c'était à cet endroit qu'était caché son pénis. On adore l'audace et l'aplomb de celle qui s'est bien illustrée dans la deuxième saison du Prochain stand-up. Sans être celle qui a livré le segment le plus mémorable, elle a certainement ajouté de la diversité à ce gala plutôt traditionnel, qui se conjuguait essentiellement au masculin.
De son côté, le couple de Julie Ringuette et Pascal Morrissette a revisité les chansons des BB en adaptant les paroles à leur réalité de parents d'enfants en bas âge. « Vite, viens-t'en dans la chambre, Pat Patrouille vient de commencer. » Ils ont même reçu la visite de Ludovick Bourgeois, qui, lui aussi, est devenu papa récemment. C'était sympathique, amusant, sans plus.
En clôture, Laurent Paquin et Simon Boudreault étaient deux fœtus au coeur d'un théâtre de marionnettes bien original. Les bébés donnaient leur opinion sur le monde dans lequel ils s'apprêtaient à entrer. Des sujets importants ont été abordés, comme l'environnement et l'affirmation de genre, de façon cocasse. C'était absurde, mais ça fonctionnait drôlement bien!