Dans le flanc d'une majestueuse montagne, tout près de la ville de Nuremberg en Allemagne, un homme endeuillé, père de sept enfants, reprend contact avec la vie et l'amour en rencontrant la nouvelle gouvernante de sa maison, une jeune femme pétillante éprise de bonheur et de musique. Pendant ce temps, la Seconde Guerre mondiale en est à ses balbutiements, avec l'Anschluss.
Cette histoire, plusieurs la connaissent. Il s'agit de celle de La mélodie du bonheur, pièce culte de Richard Rodgers et Oscar Hammerstein II, qui a connu de nombreuses incarnations à Broadway, en plus d'une adaptation bien connue au cinéma en 1965, avec Julie Andrews et Christopher Plummer dans les rôles principaux. Cette histoire habite Gregory Charles depuis sa tendre enfance, ce pour quoi celui-ci a décidé de proposer une nouvelle version sur scène, maintenant présentée à la Salle Albert-Rousseau de Québec. La première médiatique, devant une salle bondée et conquise d'avance, avait lieu ce jeudi, présidée par Gregory Charles lui-même qui a tenu à faire les présentations officielles.
Le résultat en est un particulièrement somptueux, une comédie musicale dans laquelle brille une imposante distribution, accompagnée par plusieurs musiciens et danseurs. À chaque instant, on y sent l'obsession du détail du metteur en scène, notamment dans l'interprétation des chansons. Cette Mélodie du bonheur allie habilement les cantiques religieux, les chansons populaires, l'occasionnel opéra et l'incontournable yodle. Les chansons, qui ont marqué l'imaginaire populaire, s'y retrouvent toutes, qu'on pense à « Mes joies quotidiennes », « Chanson des collines », « Do-Ré-Mi », et plusieurs autres. La mise en scène, luxueuse à souhait, mélange les écrans géants amovibles, les décors changeants, quelques accessoires, de magnifiques costumes et bien sûr une distribution au sommet de son art.
Au centre de cette fresque resplendit Klara Martel-Laroche, mezzo-soprano de formation, qui prête ses traits à Maria Rainer, cette jeune femme qui aspire à une vie de piété, mais dont le destin s'avérera tout autre. Dans ce rôle, l'artiste chevronnée propose toute la candeur et l'énergie nécessaire, offrant des tours de chant impressionnants qui lui ont d'ailleurs valu, ce jeudi, de chauds applaudissements. Celle-ci développe d'ailleurs une complicité étonnante avec le reste de la distribution, que ce soit Éric Paulhus dans le rôle du Capitaine von Trapp, ou les comédiens qui interprètent les enfants de la famille. Parmi ceux-ci se trouvent quelques visages connus, qu'on pense à la superbe Audrey-Louise Beauséjour, candidate auréolée de Star Académie, et Julia Charles, la digne fille de Gregory Charles.
Cette proposition toute québécoise réussit à atteindre des sommets dans l'émotion, s'avérant régulièrement émouvante. Difficile de ne pas avoir la larme à l'oeil lorsque retentit, pour la première fois, la voix profonde et forte du Capitaine von Trapp, magnifique Éric Paulhus, qui se laisse tranquillement attendrir par les changements autour de lui. Même chose lorsque la soprano Monique Pagé, incroyable, offre ses segments chantés dans la peau de la Mère Abesse. Celle-ci a d'ailleurs eu droit à une ovation jeudi, bien méritée. Les enfants sont aussi talentueux qu'attendrissants, notamment la toute petite Mylinh Roy, interprète de la benjamine de la famille von Trapp, qui déclenchait des réactions admiratives dans l'assistance jeudi. Impossible de ne pas tomber sous le charme de cette fratrie, en proie à de grands changements, mais néanmoins heureuse.
La mélodie du bonheur, mise en scène par Gregory Charles, a tout pour séduire les aficionados de la première heure, comme ceux qui sont curieux de faire un saut dans une comédie musicale. Riche, fastueuse, parfois attendrissante, souvent émouvante, cette Mélodie du bonheur réussira à vous mettre un sourire aux lèvres et des airs en tête, malgré le sujet parfois grave. C'est là tout l'intérêt de l'art!
La mélodie du bonheur est présentée à la Salle Albert-Rousseau de Québec jusqu'a 3 septembre.