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Spectacles

Comme une odeur de 1967 dans la comédie musicale Hair

Hair - La comédie musicale en répétitions

Alors que les petites orphelines d’Annie avaient attendri le public l’an dernier, les hippies de Hair, eux, risquent de le décoiffer (sans mauvais jeu de mots...)! À un mois et des poussières de son entrée en scène, la nouvelle comédie musicale de Juste pour rire, qui met en vedette Éléonore Lagacé, Philippe Touzel, Kevin Houle et plusieurs autres talents vus ici et là dans d’autres productions du genre, dont Delphine Morissette, est de plus en plus rodée… et promet de décaper en abordant des thèmes chauds d’un vocabulaire cru, « mot en N » inclus.

Les médias ont eu droit, lors d’une répétition mardi matin, à un costaud pot-pourri d’une dizaine de morceaux (dont « Aquarius »,« Hashish », « Sodomy » et « Colored Spade »). Assemblés, tous ces titres ne formeront que les 20 premières minutes du spectacle, celles qui introduiront les personnages, évidemment vêtus de tuniques, bandeaux et autres colliers à fleurs.

Car Hair véhicule les valeurs peace and love d’un groupe de hippies que rencontre à New York le jeune fermier de l’Oklahoma Claude Bukowski (Philippe Touzel), sur le point de quitter son ranch pour aller combattre à la guerre du Vietnam. L’esprit et l’amour libre, et les rêves d’un monde plus pacifique, plus vert, plus juste et plus beau, convaincront-ils Claude de rester auprès de ses nouveaux amis?

« C’est le message de jeunes de 1968 qui voulaient changer le monde », a dépeint le metteur en scène Serge Denoncourt en entrevue avec Showbizz.net. « Ont-ils réussi? Je ne pense pas. C’est une espèce de polaroid de l’époque. Souvent, les comédies musicales racontent des histoires d’orphelins; ici, c’est une prise de parole adulte, qui parle de sexualité, de racisme. C’est une invitation d’un autre genre, plus rock, plus jeune, plus dérangeante. Je suis reconnaissant à Juste pour rire, d’oser aller vers un répertoire qui se fait moins au Québec, pour amener le public ailleurs. »

« Les sujets lourds abordés, malgré l’aspect très "party" et divertissant du spectacle, portent des messages de guerre, de lutte raciale, d’identité de genre, d’homosexualité, de la place des femmes dans la société. C’est à la fois 1968 et très 2023, comme thèmes », a renchéri Éléonore Légacé.

Le rendez-vous s’annonce festif, endiablé. Tous s’entendent pour dire que le collectif est un gros « trip de gang ». Excepté de rares occasions de prestations solos, tous les acteurs-chanteurs-danseurs seront continuellement sur les planches en même temps, en plus des sept musiciens. « Le groupe est le personnage principal », a noté Éléonore Lagacé. Et la gymnastique est complexe pour les 25 artistes en vedette, qui doivent mémoriser flots de mots et de mouvements dans des chorégraphies enlevantes, signées par la sommité Wynn Holmes, assistée de Nico Archambault (qui est également de la distribution).

« Si tu veux passer deux heures énergisantes, le show à voir, c’est "Hair"! C’est un show qui me donne de l’énergie au lieu de m’en prendre! », a scandé Serge Denoncourt.

Classique de Broadway, Hair porte toute une histoire en salle. Depuis sa première représentation, en 1967, l’oeuvre a été jouée dans différentes versions dans le monde entier, a vécu pour la première fois en français en 1969 (au Québec en 1970, à la Comédie-Canadienne de Gratien Gélinas!), et au cinéma en 1979, et ne s’est jamais tue depuis.

Ici, les paroles des chansons sont traduites en français, choix artistique qui agacera peut-être les connaisseurs de la première heure, mais qui permettra aux nombreux messages de la pièce de trouver écho jusqu’au parterre. Dans une bande-annonce dévoilée la semaine dernière (que vous pouvez voir plus bas), on fredonne « Laissons, laissons entrer le soleil » au refrain de « Let The Sunshine In ». Serge Denoncourt, qui s’est chargé de l’adaptation, dit avoir quand même conservé des échantillons de textes en anglais, lorsque le propos n’avait rien à gagner à être transposé en français.

« Les thèmes sont un peu épicés, et je sens que ça brasse déjà », a pour sa part analysé Maxime-Olivier Potvin, diplômé de Mixmania 2012 et vu dans des opus comme Grease et Sister Act, dont le charisme risque d’être l’une des révélations de Hair. « Juste à faire (la chanson) "Colored Spade" et regarder les visages des gens, ça me fait rire de voir les réactions que ça peut susciter. C’est un jeu, d’avoir du plaisir à faire réagir dans le spectacle. Les notions d’appropriation d’où on vient et de qui on est, y sont très fortes. »

Hair tiendra l’affiche de L’Espace St-Denis, à Montréal, du 16 juin au 9 juillet prochain, et se transportera ensuite à Québec en décembre. Pour plus d’informations, on consulte le site de Juste pour rire.