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L'ennui contre-attaque

2.0
Notre critique

Kaamelott: Deuxième volet (partie 1) n'est pas tant un film qu'un simple avant-goût au prochain film qui sortira en novembre 2026. C'est une mise en bouche à un repas que l'on ne goûtera jamais.

Rien ne va plus à Kaamelott. Sa forteresse détruite et les Dieux contre lui, le roi Arthur (Alexandre Astier) convainc les chevaliers de sa nouvelle Table ronde de partir à l'aventure afin de prouver leur valeur.

C'est également la débandade auprès de cette série. Les émissions de télévision sont devenues cultes et ce n'est pas un hasard: l'humour absurde rivalisait avec la stupidité des personnages. Comme le sympathique premier long métrage, sorti en 2021, a remporté un immense succès, son créateur Alexandre Astier propose maintenant sa traditionnelle trilogie.

Sauf que Kaamelott: Deuxième volet (partie 1) n'est pas tant un film qu'un simple avant-goût au prochain film qui sortira en novembre 2026. C'est une mise en bouche à un repas que l'on ne goûtera jamais. 139 minutes de blabla et de scènes allongées inutilement où il ne se passe strictement rien sur le plan dramaturgique.

Pourtant, ce n'est pas tout à fait vrai. Les personnages exponentiels se lancent dans un nombre incroyable de quêtes. Il faut notamment éviter un assassinat, protéger un dragon, retrouver un individu qui a disparu depuis dix ans, rechercher le Saint-Graal, expliquer la présence de magie noire et suivre le vil Lancelot qui tente de se remettre de sa défaite. Tant de péripéties sommaires pour combler le vide, car ces aventures répétitives qui s'apparentent à des sketchs sont construites sous le même moule, au fil d'une narration décousue et d'un montage parallèle qui manque singulièrement de rythme. Le tout culmine dans un anti-climax total avec une séquence finale qui laisse complètement indifférent et une scène post-générique qui tombe à l'eau.

C'est pourtant triste à quel point Kaamelott a changé au fil des années. À la télévision, la série n'avait aucun budget, mais elle était hilarante. Au cinéma, elle a plein de moyens, mais elle est ennuyante. L'humour si unique et reconnaissable est distillé ici et là, au fil des situations et des personnages. Il n'y a pourtant rien qui marque les esprits, que l'on voudra utiliser dans notre quotidien comme le mémorable «C'est pas faux». Alors oui, on sourit parfois, quelques répliques font mouche, mais c'est surtout la consternation et la désolation qui l'emportent.

Le problème est que la vision n'est plus la même. Au lieu de s'apparenter à une satire désopilante à la Astérix et autres Monty Python, Kaamelott cherche à jouer dans les plates-bandes de Star Wars et The Lord of the Rings. Son désir d'être plus épique se fait ressentir dans chaque plan. Et comme le film ne manque pas d'argent, il est plutôt beau à regarder. Photographie panoramique, costumes, musique, direction artistique, effets spéciaux: le luxe est partout. Il apparaît surtout dans les nombreux lieux et décors utilisés. Sauf que ce n'est pas suffisant d'émuler The Empire Strikes Back, qui était marqué par une réelle noirceur et une fragmentation des destins, car ce n'est pas dans l'ADN de Kaamelott. Son ambition n'a jamais été dans l'action, les joutes politiques ou la psychologie des individus que dans leurs façons de s'engueuler au quotidien pour des riens.

Cette lourde tendance d'en offrir plus que le client en demande finit par se retourner contre lui. Même au niveau des fans, plus indulgents, qui ne reconnaîtront presque plus leurs personnages préférés. Arthur fronce les sourcils du début à la fin et son interprète le rend bien. Karadoc, Merlin, Lancelot et compagnie sont de retour, gesticulants pour des riens. Tout comme le truculent Léodagan qui n'a qu'une ou deux scènes pour se faire valoir. Plein de gros noms comme Alain Chabat, Christian Clavier, Clovis Cornillac et Virginie Ledoyen qui remplace Anouk Grinberg dans le rôle d'Anna de Tintagel sont présents pour faire de la simple figuration.

Il y a pourtant un absent de taille. Le meilleur personnage de la série n'y est pas. Perceval et son légendaire regard vide manquent à l'appel. Son interprète Franck Pitiot ne s'est pas embarqué dans ce projet, car il avait des doutes sur son scénario... Comment on le remercie pour toutes ses bonnes et loyales années de service? Dès qu'on invoque son nom à l'écran, on ne manque pas de dire: « Le seigneur Perceval, je n'en ai rien à faire ». Si ça ne sent pas le règlement de compte...

Peut-être que cette façon d'étirer encore et encore la sauce au niveau des intrigues, des quêtes et des personnages jusqu'à les dénaturer de leur sens est un clin d'oeil absurde aux productions de Marvel et aux récentes adaptations cinématographiques des classiques littéraires d'Alexandre Dumas qui faisaient exactement la même chose en se prenant au sérieux. Son créateur, Alexandre Astier, qui agit ici comme réalisateur, scénariste, producteur, acteur, compositeur et monteur, est capable de tout. Cela n'enlève rien au marasme qui entoure Kaamelott: Deuxième volet (Partie 1) qui, en plus de procurer si peu de rires, finit par assommer par sa futilité et sa trop longue durée. Qui sait, la deuxième partie livrera peut-être la marchandise, comme le véritable film débutera enfin. C'est à souhaiter pour cette série culte qui a marqué au fer blanc toute une génération.