À 53 ans, José Gaudet propose son premier one-man-show, intitulé Y’était temps !. Il a souvent fait de la tournée avec son complice des Grandes Gueules Mario Tessier, mais c'est la première fois que l'humoriste attaque la scène en solo. Même si le public le connaît bien mieux que les jeunes issus de la relève, José propose, comme le font les nouveaux venus, une présentation du milieu d'où il vient en introduction de son spectacle. Il parle au public de sa mère, qui croyait avoir du sang royal, et de son père, « l'assurance de Tom Cruise dans le corps de Danny DeVito ».
José Gaudet expose des généralités de sa génération - les X - et des fatalités de la cinquantaine (« tu cales d'en haut, tu coules d'en bas »). Le public, essentiellement dans sa tranche d'âge, se reconnaît dans ses anecdotes de perte de cheveux et de vessie capricieuse. Son faciès et sa gestuelle comiques viennent intensifier ses anecdotes et décupler les rires. José connecte avec son public, avec qui il partage certaines confidences, à commencer par le fait qu'il a refusé de participer à Sortez-moi d'ici. « Je ne serais pas plus courageux parce que je ramasse de l'argent pour une fondation », avoue-t-il.
Il aborde aussi son incompréhension face aux gens qui aiment se dépasser à travers des sports extrêmes et sa jalousie face à la vie qu'ont menée les Boomers. Il s'amuse ensuite à comparer la manière dont il a été élevé à la façon dont il a éduqué ses enfants, aujourd'hui âgés de 20 et 22 ans. Il mentionne notamment que son père ne l'a jamais aidé dans ses devoirs, « il ne savait même pas en quelle année j'étais », lance-t-il, espiègle.
José admet également un autre trait peu glorieux de sa personnalité : son impatience. « Comme une coiffeuse de Jonquière, j'ai la mèche courte ». Parmi les choses qui le fâchent le plus : les chips de plus en plus piquantes et les chansons du folklore québécois. Disons que l'ancien animateur de Ça finit bien la semaine maîtrise habilement l'art du jeu de mots, un procédé que les spectateurs accueillent avec beaucoup d'enthousiasme. Ils ne seront, par contre, jamais autant conquis par une joke de gaspacho : « gare s'pas chaud », que par le medley des personnages des Grandes Gueules que leur offre José en fin de représentation. Ainsi Jean Charest, José Théodore, Stéphane Sans Soucis, Enrique Iglesias et Jocelyne Top Model (dont le mari est atteint de la même maladie que Céline Dion, mais « juste dans le bas du corps et juste quand il est avec son adjointe ») se succèdent au grand bonheur des nostalgiques, nombreux lors de ce soir de première à Québec mercredi.
José Gaudet clôt ce premier effort solo avec une jolie anecdote sur son père, qui lui a appris la persévérance et qui, ainsi, lui permet d'être sur la scène aujourd'hui. Une finale attendrissante qui boucle de belle façon ce spectacle qui n'est peut-être pas très original dans son contenu, mais certainement assumé et effréné dans son contenant.