Anaïs Favron l'a bien décrit lors de son passage à Tout le monde en parle dimanche dernier, Jo Cormier, c'est le Jean Leloup de l'humour. Décalé, insolite et très attachant, il réussit à charmer les spectateurs grâce à son talent indéniable et sa personnalité plus grande que nature.
Après plusieurs apparitions à la télévision dans des émissions comme Le Prochain Stand-Up, Roast Battle et, présentement, La maître du jeu, et un succès considérable sur le web avec ses capsules Amateurs, Jo Cormier dévoile enfin son premier one-man-show. Dans ce spectacle solo intitulé Animal, l'humoriste compare les humains aux animaux. Il y va de plusieurs métaphores rafraîchissantes et pour le moins scabreuses.
Jo Cormier plonge tête première dans la trivialité, sans inhibition. Il avoue que dans sa vie de tous les jours, il « se pète dans la main », « se gratte le scrotum » et « se décrotte le nez » : où il y a de la gêne, il n’y a pas de plaisir! C'est tellement sans gêne qu'il décrit nos travers, qu'on se surprend à quelques moments à lâcher un « ark », le sourire aux lèvres. Pas de tabou pour Jo Cormier, il parlera même d'une échelle des types de cacas. En temps normal, on trouverait certainement la chose un brin trop prosaïque et vulgaire, mais il attaque avec tellement d'impudeur qu'on plonge dans son univers en laissant nos scrupules au vestiaire.
Dans sa grande analyse de l'espèce humaine, il étudiera les inventions de l'Homme, comme le sport et la souffleuse à feuilles, ainsi que le pouvoir du marketing. Il en profitera alors pour écorcher certaines vedettes québécoises comme Marc Dupré qui vend maintenant de l'alcool. « Avant de nous faire de la vodka, pourquoi tu ne nous fais pas 2-3 bonnes tounes », décochera-t-il. Il taquinera aussi son collègue Peter MacLeod, qui vend maintenant des pizzas, et s'attaquera sans gant blanc à Guy Nantel : « la calotte polaire lui a explosé ».
À travers son langage coloré et ses blagues salées, Jo Cormier aborde des thématiques importantes, comme le consentement ou la religion. Sa façon frontale d'amener ces sujets délicats (toujours sous la thématique du règne animalier) frappe l'imaginaire. Ses expressions uniques - « y'est laite comme un coup de poing dans un sundae » - contribuent à parfaire son univers éclaté. Si ses blagues ne sont pas toutes aussi efficaces les unes que les autres, l'ensemble frappe fort et se différencie des autres one-man-show grâce à un point de vue irrévérencieux unique. On se réjouit de son arrivée sur le marché des spectacles d'humour.