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Cinéma

Jouliks : Mariloup Wolfe réagit à la polémique entourant son nouveau film

Première montréalaise du film Jouliks de Mariloup Wolfe

Jouliks n'a pas encore pris l'affiche dans les cinémas et déjà, il soulève la grogne de certains.

Il faut d'abord savoir que le film s'intéresse à une communauté de nomades, les Roms. La journaliste rom Lela Savić, le metteur en scène Serge Denoncourt, qui connaît bien l'histoire de ce peuple, et l'organisme Romanipe se sont notamment exprimés dans la sphère publique afin de dénoncer les stéréotypes véhiculés dans le film et l'appropriation culturelle.

Alors que nous rencontrions Mariloup Wolfe pour parler de son nouveau film, nous en avons profité pour revenir sur cette controverse entourant Jouliks.

« Ce que Romanipe revendique, je ne suis pas contre; ils ont à défendre leur communauté. Ils ont une façon de vouloir représenter leur peuple, mais il y a une différence entre 2020 et 1970 », indique-t-elle d'abord. « Je pense que c'est intéressant que ça reste sur la place publique parce que je crois que ce n'est pas réglée cette affaire-là, même pour les artistes. Elle est où la ligne à tracer? », s'interroge-t-elle.

Elle poursuit : « Je ne pense pas que nous sommes allés trop loin, nous avons fait nos devoirs ». Mariloup Wolfe et l'équipe de production du film sont effectivement allés à la rencontre de membres de la communauté rom afin d'obtenir leurs impressions avant de débuter les tournages. « Ils nous ont fait part de leurs inconforts par rapport à plein d'affaires dans le scénario, qu'on a écoutées. Il y a plein de choses que nous avons changées. Les thèmes comme « gipsys » et « gitan » pour eux c'est péjoratif, donc, on les a retirés, mais d'un autre côté, c'est intéressant de se questionner parce qu'on les a retirés, mais nous ne sommes pas complètement en accord parce que si c'est Lorna qui disait le mot « gipsy », je ne vois pas pourquoi elle, en 1970, elle n'aurait pas pu dire ça, puisque le mot « roms » n'existait pas dans le langage populaire de ces années-là. Même encore aujourd'hui, les gens ne connaissent pas les Roms. [...] Je pense que l'utilisation était faite correctement, mais, eux, ça les froissait, je comprends, mais si elle [Lorna] doit s'exprimer pour revendiquer, chialer ou nommer, comment elle le fait? C'est là où je ne sais pas où est la limite. »

L'une des scènes que la communauté rom n'a pas appréciées est celle où le protagoniste revient parmi les siens, qui dansent, fument, boivent et rigolent autour d'un feu.

« C'est peut-être un peu romancé, c'est peut-être un peu folklorique », indique-t-elle, « moi, je suis confortable avec ça, dans le sens où, moi, je ne pense pas que c'est négatif - pour eux, ça l'est et je l'entends - mais c'est quand même un conte pour adulte et c'est une jolie scène, c'est un party, ils dansent autour du feu, il n'y a rien de méchant. Je peux comprendre qu'ils n'aiment pas qu'on les montre comme des voleurs, des bandits, des tout croches... Ils nous avaient notamment exprimé qu'ils n'aimaient pas le côté « sale ». C'est une communauté très fière. Donc, on a changé certains trucs, notamment quand Yanna va dans la famille de Zack, les petites filles la jugent et la traitent de « sale ». On a montré que Yanna fait partie de l'éducation de sa mère et son père, mais pas d'une communauté, elle ne représente pas les Roms en tant que tels. Aussi, comme ils sont des gens propres, Zack va toujours aller dans sa communauté avec une chemise blanche et des souliers propres.Tout ça, ç'a été rajouté après nos conversations. »

« Il n'aurait pas fallu que je montre de roulottes, il n'aurait pas fallu qu'ils soient habillés comme ça, mais moi j'ai fait des recherches dans des documentaires de l'époque et ce sont les références que j'ai trouvées », ajoute-t-elle.

« À la lueur de cela, du fait qu'on ne trouvait jamais un terrain d'entente et que les changements qu'on faisait n'était jamais assez, on a retiré toutes références à toutes communautés. Il n'y a pas de Roms dans le film, ce n'est jamais nommé et, en plus, on a laissé les changements qui avaient déjà été apportés. Pour nous, on était sûr qu'on faisait la bonne affaire. »

Elle termine en disant : « Je suis déçue, ça me fait de la peine, je ne veux pas offusquer personne là-dedans. Cela dit, je ne pense pas qu'on soit allé trop loin. »

Jouliks prend l'affiche dans les salles du Québec ce vendredi 1er novembre. Consultez les horaires ici.

Précisons que Mariloup Wolfe était vraiment magnifique à la première de son film la semaine dernière. Voyez des photos d'elle, notamment avec ses fils, ici.

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