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Benedict Cumberbatch et Olivia Colman tentent de sauver les meubles

2.5
Notre critique

Quand l’amour s’effrite et que la guerre éclate dans la demeure familiale, The Roses tente de réinventer la satire culte de 1989… mais derrière ses éclats de talent et son duo d’acteurs irrésistible, il lui manque le mordant et la cruauté qui faisaient la force de son modèle.

Un couple en instance de divorce se déchire autour de leur demeure familiale. L'histoire derrière The Roses semble familière? C'est qu'il s'agit d'un remake de la brillante satire The War of the Roses (1989) de Danny DeVito qui mettait en vedette Michael Douglas et Kathleen Turner, et qui était déjà une adaptation du livre de Warren Adler (1981).

Le nouveau film adopte une approche plus réaliste. Le scénario signé par Tony McNamara (Poor Things, The Favourite, Cruella) prend son temps pour raconter les déboires amoureux entre un architecte (Benedict Cumberbatch) et une cheffe (Olivia Colman). Le script qui traite de l'usure du temps, de rêves réalisés ou pas et de la difficulté de jongler entre travail et vie domestique échange les rôles traditionnels. Par un concours de circonstances (la métaphore de la tempête n'est pas très subtile, comme celle, plus tardive, de la baleine échouée), la carrière de Madame s'envolera le même soir que celle de Monsieur éclatera en mille morceaux, obligeant ce dernier à demeurer à la maison avec les enfants. À partir de ce moment, plus rien ne sera comme avant et différents sentiments (jalousie, lassitude, etc.) finiront par empoisonner leur quotidien.

Ce désir d'offrir de la profondeur aux personnages et aux situations est louable. Mais qu'en est-il de la comédie? Elle se veut discutable et inoffensive, ne décrochant que quelques sourires timides. Le plaisir commence (trop) tardivement lors d'un désopilant repas entre amis, ne dérougissant plus ensuite jusqu'à sa finale explosive. C'est là que les couteaux volent bas, que les dialogues font mouche et que les situations imprévisibles se succèdent. Un certain humour noir y ressort, tranchant avec le sérieux en place.

Tout cela est possible grâce à la complicité entre ses deux stars. On savait Olivia Colman capable de tout, elle qui brille autant chez Yorgos Lanthimos que dans le dernier épisode de Paddington. Elle s'avère ici tout à fait dans son élément, à la fois gauche et touchante. C'est toutefois Benedict Cumberbatch qui surprend. L'acteur s'est surtout fait remarquer dans des drames. Mais sa participation aux dernières créations de Wes Anderson lui a donné des ailes et, surtout, un talent comique insoupçonné. Ensemble, ils font des flammèches et tentent, sans y arriver totalement, de sauver les meubles d'un long métrage plus ou moins crédible et trop gentil qui paraît bien terne sans eux. Le reste de la distribution (qui comprend Andy Samberg, Kate McKinnon et Allison Janney), relevée sur papier, s'avère trop souvent sous-exploitée, se vautrant dans les clichés et les gags de mauvais goût.

Après quelques biopics dramatiques (Bombshell, Trumbo), le cinéaste Jay Roach (la trilogie sur Austin Powers) retourne à son genre de prédilection: celui de dilater la rate. Il a sans doute été embauché pour reproduire la magie de son irrésistible Meet the Parents (2000) où le patriarche (Robert De Niro) d'une famille entrait littéralement en guerre contre son nouveau gendre (Ben Stiller). L'effet est cependant moins marquant, se rapprochant davantage de son effort Dinner for Schmucks (2010), remake mal-aimé du film culte français Le dîner de cons (1998). Le rythme laborieux n'arrange rien et sa mise en scène conventionnelle n'élève jamais les enjeux en place.

Beaucoup moins rigolo qu'espéré, The Roses semble parfois vouloir marcher dans les pas de l'immense Marriage Story (2019) de Noah Baumbach, avant de se raviser. Son désir d'échapper à une certaine caricature est louable et ses deux vedettes se donnent sans compter. Il lui manque cependant le charme, la folie et, surtout, l'humour méchant de son prédécesseur pour marquer irrémédiablement les esprits.