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Voyage ambitieux, romance ratée ou comment se perdre en chemin

2.0
Notre critique

Margot Robbie et Colin Farrell devaient nous offrir une romance palpitante entre passé et futur. Mais A Big Bold Beautiful Journey n’est qu’une suite de portes closes, de détours interminables et de tableaux figés. Du grand cinéma d’auteur? Plutôt un long trajet sans destination.

Le synopsis était prometteur : et si vous pouviez ouvrir une porte pour revivre un moment marquant de votre passé? Or, les moments « marquants » de Sarah (Margot Robbie) et David (Colin Farrell) s’avèrent banals et insipides.

Les deux célibataires se rencontrent à un mariage et, par un (surprenant?) coup du sort, se retrouvent embarqués dans un voyage qui se voudrait grandiose et audacieux. Mais voilà, on embarque plutôt dans une Saturn 1994 de location pour une aventure… assez prévisible.

Malgré deux têtes d’affiche et la réalisation signée Kogonada (After Yang), malgré un scénario de Seth Reiss (The Menu), le film peine à convaincre. L’idée de franchir des portes symboliques pour revisiter des blessures du passé aurait pu ouvrir un récit sensible sur l’amour, la mémoire et le pardon. Mais la mécanique s’enlise : chaque nouvelle porte révèle un tableau esthétique plutôt qu’un véritable moment de cinéma. L’introspection est forcée (et plutôt lourde, soyons honnêtes), la répétition alourdit, et assis dans la salle, on reste à distance.

La romance centrale ne fonctionne tout simplement pas – c’est majeur. Margot Robbie et Colin Farrell semblent jouer côte à côte plutôt qu’ensemble. Farrell cherche désespérément comment jouer son David, visiblement trop vieux pour le rôle. Robbie, affublée d’une perruque peu crédible, brouille l’authenticité de sa Sarah. On ne voit jamais les personnages, seulement les acteurs. La mise en scène compense maladroitement en multipliant les appels de prénoms (« David », « Sarah ») sans jamais créer l’illusion d’un couple. Aucune alchimie, aucune étincelle.

Reste une scène notable : celle où les deux personnages affrontent leurs ex respectifs, obligés d’expliquer pourquoi leurs histoires ont échoué. Là, enfin, surgissent un peu de vérité et d’intensité. Malheureusement, ce rare moment fort se perd dans deux heures de portes trop nombreuses, de révélations convenues et de dialogues creux.

Il faut mentionner l’ambition visuelle du cinéaste sud-coréen qui, avec nombreux tableaux stylisés semble vouloir rendre hommage à Dogville de Lars von Trier (2003) à deux films de Yorgos Lanthimos : Mise à mort du cerf sacré (2017) et Poor Things (2023) ou même Pretty Woman de Garry Marshall (1990). Je vous le jure. Vous remarquerez le second look de Margot Robbie...

Sous son esthétique soignée, A Big Bold Beautiful Journey ressemble davantage à un exercice conceptuel qu’à une véritable histoire d’amour. Vraiment, il aurait fallu faire voler une nuée de phéromones au-dessus des deux acteurs : du réalisme magique à son meilleur. On en ressort frustré : ni ému, ni surpris, ni bouleversé.

Le film pourrait plaire aux amateurs de cinéma d’auteur contemplatif qui privilégient la forme sur l’émotion, mais encore. Les spectateurs en quête d’une romance vibrante, eux, resteront sur leur faim… mais pourront toujours se consoler chez Burger King (très subtil placement de produit…) avec un bon trio servi avec extra désillusion.