Publicité

Voici pourquoi Keeper est la plus grosse déception d'Oz Perkins depuis Gretel and Hansel

2.0
Notre critique

Keeper avait les ingrédients de l'horreur moderne : un lieu isolé, des traumas, une romance en péril. Mais Osgood Perkins ne parvient jamais à convertir l'ambiance en peur réelle. Résultat : un film qui glace, oui... mais surtout d’ennui.

Acclamé comme le prochain maître de l'horreur grâce au succès mérité de Longlegs, Osgood Perkins tarde à confirmer les espoirs fondés en lui. Si The Monkey s'avérait sanglant et amusant, Keeper laisse complètement de glace, transformant rapidement l'effroi en ennui.

Ce qui s'annonçait une parfaite escapade romantique se métamorphose rapidement en cauchemar. Alors que le docteur Malcolm (Rossif Sutherland) est rappelé à la ville pour son travail, son amoureuse Liz (Tatiana Maslany) demeure seule dans un immense chalet sinistre, commençant peu à peu à perdre la tête.

Keeper superpose deux conceptions éprouvées du cinéma d'épouvante. Il se déroule d'abord dans un lieu hanté loin de la civilisation. L'endroit idéal pour faire resurgir les traumas du passé. Il faut une excellente idée de départ afin de transcender les clichés, par exemple en faisant de son protagoniste un chien (comme dans le récent et surprenant Good Boy). Il n'y a malheureusement rien de tout cela ici.

Le long métrage utilise également l'angoisse et la peur comme méditation sur l'engagement. Si le couple devait se ressouder en passant du temps ensemble, il finit au contraire par s'éloigner devant les intempéries. Un thème qui a été poussé à son paroxysme dans le jubilatoire Together et qui est à peine effleuré dans le cas qui nous intéresse malgré une introduction prometteuse.

Le scénario paresseux de Nick Lepard (à qui l'on doit l'histoire de la délicieuse série B Dangerous Animals de Sean Byrne) recycle les lieux communs en misant sur l'ambiance et l'atmosphère, notamment celle d'un chalet à l'intimité défaillante. Cette tendance a produit par le passé des films immenses (comme It Follows), mais faut-il seulement offrir autre chose aux spectateurs que des sursauts gratuits et des temps morts.

Le marasme étant installé depuis belle lurette, le récit ose une pirouette narrative - et ultra explicative - afin de balancer la production dans le grotesque et le n'importe quoi. Ce saut vers l'inconnu est louable, sauf que, là encore, il naît sur des bases tellement ridicules que ses thèmes valables (telle la violence faite aux femmes) ne font aucun sens. À côté de cette conclusion risible en forme de conte où les monstres viennent hanter les vivants, l'étrange Him apparaît bien conventionnel.

Ces fautes de goût ne troublent en rien Tatiana Maslany (de la série Orphan Black et héroïne de Two Lovers and a Bear de Kim Nguyen) qui apparaît à la fois convaincante et convaincue. Un exploit de taille devant la faible construction psychologique de son personnage. L'absence de chimie avec son partenaire de jeu est notable, quoique sans doute voulue dans le script. Abonné aux films de genre depuis quelques années (le meilleur étant Possessor), Rossif Sutherland apparaît particulièrement éteint.

Le cinéaste ne ménage pourtant pas les efforts derrière la caméra afin de créer une tension quelconque. Quelques images fortes de nature environnante s'impriment dans la rétine et il y a une séquence ou deux au téléphone qui font battre le coeur plus rapidement. Le reste de sa mise en scène s'avère purement tape-à-l'oeil, abusant de la surimpression d'images (afin de faire remonter un souvenir ou une réminiscence) et du symbolisme aquatique.

La débandade de Keeper n'est pas tant attribuable à son réalisateur qu'à son scénario consternant. Quand Osgood Perkins écrit ses propres projets, cela donne généralement des oeuvres terrifiantes comme Longlegs et The Blackcoat's Daughter. Sinon, il a tendance à s'égarer et à ne pas savoir comme faire peur, comme ce fut le cas sur Gretel & Hansel et ici justement. Prenons ce film comme un simple faux pas et gardons la foi envers son prochain long métrage, The Young People, qui mettra notamment en vedette Nicole Kidman et qu'il signe de sa plume.

Mentionné dans cet article