Il fallait de l'audace pour ressusciter la franchise Now You See Me. Autant le premier épisode était rafraîchissant dans sa façon de convier l'esprit de The Prestige et The Illusionist pour un large public, autant le second décevait royalement avec ses oubliables tours de passe-passe. Sa seule bonne idée était d'avoir fait appel à Daniel Radcliffe, le héros de Harry Potter, comme antagoniste. Sans rien révolutionner, Now You See Me: Now You Don't (Insaisissable 3) a le mérite de raviver plus que correctement la flamme éteinte depuis neuf ans.
Bien que les Quatre chevaliers de la magie ne soient plus en activité, son legs se fait ressentir sur la jeune génération, notamment auprès de Charlie (Justice Smith), Bosco (Dominic Sessa) et June (Ariana Greenblatt) qui s'adonnent à des tours de prestidigitation. Quant Atlas (Jesse Eisenberg) retontit avec une nouvelle mission, toute l'équipe s'envole vers la Belgique afin de dérober un diamant. Un braquage qui ne s'annonce pas de tout repos.
Le film repose sur une formule solide qui a fait ses preuves: celle de mélanger humour et action, rebondissements et amusements, manipulations et explications. Peu importe les invraisemblances si le divertissement est réglé au quart de tour, rappelant toujours autant les Ocean's Eleven.
Il y a pourtant des surprises qui apparaissent au tournant. La révélation finale bouleverse l'entièreté du récit, jusque-là ludique et inconséquent, pour l'amener sur un terrain de jeu plus miné, autant sur le plan émotionnel et familial que social et politique. Puis il y a la grande méchante, campée avec verve par Rosamund Pike (Gone Girl), qui enflamme tout avec délectation.
Remplaçant Louis Leterrier et Jon M. Chu derrière la caméra, Ruben Fleischer offre un effort particulièrement dynamique. Si l'on ne sait jamais quoi s'attendre chez lui (il est capable du meilleur avec Zombieland et du pire avec les Venom), le cinéaste affiche la forme des bons jours. Sa mise en scène est diablement efficace, sortant des sentiers battus à deux occasions. La première est dans sa façon ingénieuse d'élaborer un (faux) plan séquence parmi une horde de magiciens. La seconde est de développer une longue scène d'action dans un manoir parsemé de pièges en payant des hommages à Inception.
La principale raison de s'intéresser au long métrage est sans aucun doute celle de pouvoir renouer avec ses nombreux personnages. Ils sont toujours aussi attachants et esquissés sommairement, se chamaillant pour des riens, cette fois au sein de clash des générations entre l'ancienne et la nouvelle garde. Si Jesse Eisenberg, Woody Harrelson et compagnie n'ont toujours pas évolué, on se plait presque à leur préférer les nouveaux venus: l'imperturbable Ariana Greenblatt (Borderlands), l'arrogant Dominic Sessa (The Holdovers) et, surtout, le méthodique Justice Smith (I Saw the TV Glow).
Now You See Me: Now You Don't compense ses faiblesses d'écriture et ses discours moralisateurs par son exécution mouvementée et son interprétation décontractée. Le long métrage rappelle une vieille pantoufle confortable qui même trouée, procure une sensation de bien-être. S'il faut évidemment jouer le jeu pour en soutirer le maximum de plaisir, le résultat final est à la hauteur du premier film de la série et il annonce, évidemment, une nouvelle suite.


