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Un réveillon chargé d'intentions... mais qui manque d'étincelles

2.5
Notre critique

Malgré des performances solides de Rémi Girard, France Castel, Alexandre Goyette et Isabelle Blais, Juste Xavier, porté par Alexis Comte dans son premier rôle au cinéma, peine à transformer ses bonnes intentions en véritable émotion. Un film sincère et bien intentionné, mais qui manque d’ampleur pour réellement nous toucher.

Avec Juste Xavier, Stéphane E. Roy (Pédalo) signe un film intimiste qui se déroule le temps d’un réveillon de Noël, un huis clos familial propice aux règlements de comptes et aux retrouvailles malaisantes. Coécrit avec Christiane Vien (Un gars, une fille), le scénario met en scène Xavier (Alexis Comte), un avocat trans qui renoue avec sa famille pour la première fois depuis sa transition.

C’est Alexis Comte, figure militante importante pour la reconnaissance des personnes trans au Québec, qui incarne Xavier dans son tout premier rôle au cinéma. Sa présence à l’écran porte un poids symbolique immense, et l’idée d’intégrer une part de son vécu au personnage est profondément touchante… mais malheureusement pas toujours convaincante.

Disons-le d’entrée de jeu : Juste Xavier est un film de bonnes intentions. On sent le désir sincère d’aborder la complexité des relations familiales après une transition, d’exposer les maladresses, les microagressions, mais aussi l’amour tenace qui survit aux bouleversements. C’est un terrain riche, émotif et actuel.

Mais le traitement reste plutôt banal. La réalisation manque de souffle, de rythme et de nuances. Le film s’installe autour d’un interminable réveillon qui s’étire en scènes répétitives, souvent prévisibles, et où l’humour tombe un peu à plat. On voudrait être touché, ou rire, ou être ébranlé… mais l’émotion peine à circuler.

Si Alexis Comte dégage une authenticité indéniable (et une vulnérabilité qui émeut par moments) son jeu demeure très inégal. Certaines scènes sonnent justes, incarnées. D’autres, surtout les moments plus romantiques avec Ariane (Chloé Barshee), manquent cruellement de chimie. On ne ressent que très peu de tension amoureuse, si bien que l’arc émotionnel du personnage perd un peu de sa force.

C’est d’autant plus frappant que les acteurs d’expérience apportent, eux, une densité remarquable. Rémi Girard, d’une justesse bouleversante, habite son personnage de père « conservateur » (pourtant plus ouvert que bien d’autres membres de la famille!) avec une profondeur qui ne s’invente pas. Il offre d’ailleurs certaines des scènes les plus vibrantes du film. France Castel illumine chacune de ses scènes avec une présence désarmante et chaleureuse. Isabelle Blais, méconnaissable au début, livre une performance toute en finesse, nuancée et crédible en « artiste de la famille ». Et mention spéciale aussi à Alexandre Goyette, franchement irrésistible en travesti. Il apporte exactement le ton, l’audace et la maîtrise qui auraient pu faire briller l’ensemble du film. Chaque scène où il apparaît prend soudain un peu plus de couleur. C’est peut-être ce contraste qui accentue les faiblesses du film : quand les seconds rôles brillent, on réalise à quel point la colonne vertébrale dramatique aurait eu besoin d’être mieux tenue.

La finale offre un regain : une scène touchante, une réconciliation qui a enfin du souffle, mais elle arrive trop tard et se précipite dans une notion du temps invraisemblable, comme si le film cherchait une porte de sortie émotive précipitée.

Au final, un film qui avait tout pour brasser les cœurs… mais qui reste malheureusement tiède. On applaudit l’audace du sujet, on savoure les performances des vétérans, mais on aurait aimé un peu plus de feu, un peu plus de vérité… et beaucoup moins de longueurs autour de la dinde…