Ceux qui, par contre, n'ont pas d'intérêt particulier pour ce type de musique seront peut-être moins interpelés par cette proposition quintessenciée.
Virtuose s'adresse aux amateurs de musique classique. Ceux qui s'emballent en entendant du Piazzola et qui sont fébriles à l'écoute de « Banjo and Fiddle » de William Kroll y trouveront certainement leur compte dans cette nouvelle émission musicale, animée par le très talentueux Gregory Charles. Ceux qui, par contre, n'ont pas d'intérêt particulier pour ce type de musique seront peut-être moins interpelés par cette proposition quintessenciée.
Il faut savoir s'abandonner à Virtuose pour l'apprécier à sa juste valeur. Le téléspectateur doit avoir le même abandon qu'il démontre lorsqu'il assiste à un spectacle d'opéra ou de musique classique. Le problème est que ce genre d'abandon n'est pas facile à avoir devant un téléviseur, avec tous les aléas de la vie quotidienne. Les performances musicales de plus ou moins trois minutes, qui démontrent les immenses talents de ces jeunes prodiges, sont à la fois trop courtes pour engendrer l'épanchement et trop longues pour contenir l'intérêt d'un public volage.
Marc Hervieux, qui joue le rôle de juge de l'émission, est très obligeant avec ces jeunes surdoués. Évidemment, nous ne nous attendions pas à des propos malveillants et réducteurs de la part de l'interprète de « La vie a des ailes ». Voir pleurer des enfants n'est pas nécessairement le point de mire de l'émission... Hervieux soulève quand même certaines imperfections dans le jeu des virtuoses, mais toujours avec un tact tempérant.
Le juge mentionne, entre autres, lors du premier épisode que le pianiste Matthew manquait de nuances dans son interprétation de la « Grande valse brillante » de Chopin. « Eh ben! », nous disons-nous dans notre salon, pourtant soufflé par l'interprétation magistrale du jeune musicien. La plupart des téléspectateurs n'auront que très peu de référents en visionnant Virtuose et pourront difficilement se prononcer sur la rectitude des propos de Hervieux, mais cette innocence de la part du spectateur est une récurrence dans la plupart des émissions de ce type (même chose en musique classique qu'en danse ou en chant).