Vous aviez craqué pour l'inépuisable Kimmy Schmidt, héroïne de feu de Netflix qui décidait - après 15 ans sous terre sous le joug du gourou d'une secte post-apocalyptique - de refaire sa vie dans un New York contemporain totalement inconnu? Vous serez donc, tout comme moi, heureux de renouer avec elle dans une deuxième saison encore plus disjonctée, mais toujours aussi hilarante et délectable.
On retrouve tous nos personnages préférés de la première saison, alors que ceux-ci vivent d'énormes remises en question. Kimmy (Ellie Kamper) doit se trouver un nouvel emploi et réussir à surmonter sa rupture avec Dong (Ki Hong Lee), son premier véritable amour depuis son arrivée à New York. Pour elle, tout n'est plus tout noir ou tout blanc. Jacqueline (Jane Krakowski) doit se reconstruire après un divorce coûteux qui aura ébranlé sa réputation et sa confiance. Titus est toujours à la poursuite de la gloire et de l'argent. Mais une rencontre qui a du potentiel viendra aussi ébranler sa vision de l'amour et faire tomber ses barrières. Quant à Lillian (Carol Kane), elle manigance toujours autant pour propager le bonheur autour d'elle.
À l'encontre de la première saison, dans laquelle le fil conducteur plus fort était l'émancipation de Kimmy Schmidt, cette seconde mouture s'avère plus décousue, voire souvent absurde. On navigue de situation en situation, dans la légèreté et l'inconséquence, sans véritablement aller nulle part. Les personnages vivent des doutes, des incertitudes, le tout avec le sourire et en chantant.
Paradoxalement, les textes de Tina Fey et Robert Carlock frappent dans le mile en abordant des sujets plus sensibles, avec irrévérence et humour. C'est ainsi qu'on nous parle de racisme, de reconstruction personnelle, d'acception de ses différences, de médication comme solution facile pour les enfants turbulents et plus encore. Réussir à avoir autant d'acuité dans une formule aussi vaudevillesque relève d'un véritable tour de force. De même, plusieurs trouvailles scénaristiques marquent les esprits, comme cette gare de train qui est en fait un lieu de retrouvailles pour les amoureux perdus ou ce quartier désaffecté soudainement envahi par les hipsters à la recherche de leur nouveau « repère ».
Dans ce cafouillis intelligent, les acteurs brillent encore et toujours. Si le personnage de Kimmy Schmidt s'efface un peu, malgré le charisme évident de son interprète Ellie Kamper, on craque toujours autant pour son meilleur ami, incarné par l'unique Tituss Burgess. Désopilant! Même chose pour Jane Krakowski qui a encore une fois certaines des meilleures répliques de l'ensemble. Il faut la voir essayer le médicament de son fils dissipé pour comprendre tout le talent comique de cette femme. Impossible de résister. On nous promet aussi quelques caméos vedettes dans cette nouvelle saison, mais nous n'en avons rien vu dans les six épisodes qui ont été dévoilés à la presse.
Loin d'être un ersatz sans intérêt, cette deuxième saison propose autant de rires, de performances humoristiques admirables et de textes intelligents, le tout dans un format plus syncopé qui incite un peu moins au visionnement en rafale. On n'en ressort pas moins avec le sourire et l'envie irrépressible de s'en mettre encore un peu plus sous la dent. Comme un beau bonbon givré!