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Télé

Sweet Tooth : Il était une fois une pandémie

Sweet Tooth
Satisfait
Notre critique
Une nouvelle série mélangeant allègrement récit post-apocalyptique et conte fantastique.

Le moment choisi par Netflix pour lancer sa nouvelle série fantastique Sweet Tooth, qui raconte l’improbable épopée de Gus, un jeune garçon mi-cerf mi-humain, n’aurait pu être mieux choisi.

Évidemment, les séries médicales américaines comme New Amsterdam, Grey’s Anatomy et Chicago Med ont traité abondamment de la COVID-19 au cours de la plus récente saison télé.

Et cette nouvelle histoire tournant autour d’une pandémie mondiale - aux conséquences évidemment beaucoup plus étranges et dévastatrices que celle à laquelle nous avons été réellement confrontés - vient avec son lot de références, d’images et d’observations sociopolitiques avec lesquelles nous sommes désormais plus que familiers.

Dans cette adaptation de la bande dessinée du même nom du Canadien Jeff Lemire, publiée chez DC Vertigo, un virus mortel a décimé une grande partie de la population, et anéanti par la même occasion la civilisation telle que nous la connaissions. C'est la loi du plus fort, ou plutôt du plus débrouillard, du plus rusé. Mais l'apparition de ce virus concorde également avec celle d’êtres hybrides, soit des bébés humains nés avec les traits de différents animaux.

Des spécimens que les hommes s'étant emparés du pouvoir ont pris en chasse, les associant aveuglément aux origines de la pandémie.

La série créée par Jim Mickle et Beth Schwartz ne réinvente certainement pas la roue. Le développement de la relation entre ces trois personnages ayant été confrontés de différentes façons à la solitude au cœur de ce monde à la dérive suit une courbe dramatique des plus éculées.

Ceci étant dit, Sweet Tooth tire son épingle du jeu avec tout ce que ses créateurs réussissent à bâtir autour de la mise en place de cette dynamique familiale. Et surtout, ils le font sans continuellement chercher à capitaliser sur la création d'effets de surprise, mais bien pour renforcer la logique narrative de l'ensemble.

Le récit est d'ailleurs divisé en trois histoires révélant chacune une parcelle bien distincte de cet univers, lesquelles sont évidemment destinées à se croiser à un moment qui sera déterminant pour l'ensemble des personnages.

Le mélange de tons entre le récit post-apocalyptique sombre et violent et le conte mettant en scène des personnages fantastiques adorables, s’imposant malgré tout comme une unique parcelle d’espoir et d'optimisme, est particulièrement bien exécuté.

Il y a des séquences très dures dans Sweet Tooth, autant visuellement qu'émotionnellement. Mais le récit invite justement le spectateur à laisser tomber ses œillères, à naviguer entre la noirceur et la lumière, entre la réalité et la fiction, afin de pouvoir contempler la beauté dans un contexte où elle peut disparaître très rapidement.

Esthétiquement, Sweet Tooth reflète en tous points ces intentions par l’entremise d’une facture visuelle lumineuse et étonnamment colorée, une direction artistique familière, mais compétente, et des cadres travaillés nous renvoyant sans cesse à l’œuvre d’origine.

La série est également portée par les prestations soutenues des principaux interprètes, de même que par la narration tout aussi efficace de James Brolin.

Car Sweet Tooth est avant tout une histoire de dilemmes moraux et éthiques, de choix déchirants et de prises de décisions vitales dans un monde qui ne pardonne pas, où l’essence même de l’humanité ne tient plus qu’à un fil.

Et les auteurs nous font constamment ressentir le poids et les conséquences de chacune de ces options.

Évidemment, la première saison de Sweet Tooth se conclut sur un épisode particulièrement chargé sur le plan émotif, confrontant nos héros à la noirceur la plus totale, avant de paver la voie pour l'aube d'une deuxième saison.

Au final, la série est à l'image des êtres hybrides qu'elle met en scène, mélangeant les genres et s'aventurant aux extrémités de discours sociopolitique et environnemental en ne lésinant pas sur les mises en garde.

Espérons maintenant que le succès sera suffisant pour dissuader la plateforme de reprendre ici sa vieille habitude de mettre la hache trop tôt dans ses productions originales les plus insolites.

Les huit premiers épisodes de Sweet Tooth sont disponibles dès maintenant, sur Netflix.