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Surface : Pas besoin de gratter bien loin

Gugu Mbatha-Raw dans la série Surface.

La nouvelle série dramatique Surface, dont les trois premiers épisodes sont disponibles depuis vendredi dernier sur la plateforme Apple TV+, souffre de problèmes de plus en plus récurrents dans le paysage télévisuel actuel, servant parfois mal une prémisse pourtant des plus prometteuses sur papier.

Dans cette nouvelle proposition qui porte très bien son nom, nous suivons l’histoire insolite de Sophie (Gugu Mbatha-Raw), une jeune femme aux prises avec d’importants problèmes de mémoire depuis qu’elle a frôlé la mort à la suite de ce qui s’apparente à une tentative de suicide.

Sophie essaie tant bien que mal de trouver sa place dans un microcosme qui n’a plus rien de familier, et de retrouver ses aises auprès de son mari et de ses proches, sans toutefois être en mesure de comprendre les connexions intimes qui les liaient dans « sa vie d’avant ».

De leur côté, ces derniers font comme si tout était redevenu normal, plaçant continuellement le personnage principal dans une bulle afin de faciliter sa réhabilitation. Mais est-ce vraiment le cas? Ou s’ils ne voient pas plutôt ce traumatisme comme une opportunité d’enfouir les erreurs et les conflits du passé pour remettre les compteurs à zéro? 

Le principal problème de Surface en est un de rythme. D’un côté, la série a tendance à s’éterniser sur quelques éléments, mais sans toujours réussir à nous plonger dans l’esprit de sa protagoniste. De nous faire réellement voir le monde à travers ses yeux. De nous faire redouter le moindre échange, la moindre information reçue.

Résultat : même si le scénario accorde parfois trop de temps à certains détails et à un labyrinthe mental formé de répétitions, il nous donne également trop rapidement des réponses à des questions autour desquelles aurait pu être entretenu un mystère beaucoup plus prenant en bout de ligne.

Car pour qu’une telle idée puisse fonctionner pleinement, il aurait fallu que l’équipe d’auteurs menée par Veronica West limite davantage le nombre de points de vue sur l’intrigue auxquels le spectateur a accès.

Le tout aurait certainement pu contribuer à élever d’un cran les clichés que revisite la série (adultère, amitié rompue, magouille, abus de confiance, etc.) en jouant davantage avec nos sens et notre perception des événements. Surtout que la façon dont l’intrigue progresse jusqu’à présent, et dont les soupçons sont élevés envers certains personnages, nous amène déjà à anticiper le cul-de-sac.

Il reste évidemment encore cinq épisodes au compteur, soit suffisamment de temps pour redresser la barre et nous diriger vers une conclusion justifiant les quelque 360 minutes de visionnement demandées.

Car le potentiel est bel et bien là.

Le public québécois sera d’autant plus content d’y retrouver François Arnaud jouant avec aplomb un investisseur homosexuel dont la composition est assurément l’une des belles surprises de la série.

Les apparences peuvent définitivement être trompeuses dans un univers d’abondance où tout semble un peu trop parfait. Et Veronica West et ses acolytes prennent bien soin de jouer cette carte à chaque détour.

Pour le moment, la mise en scène urbaine et léchée et la musique enivrante de l’excellent compositeur islandais Ólafur Arnalds forment une surface bien facile à percer, ne cachant que le jeu compétent, mais sans plus, des comédiens, et une histoire suffisamment complexe racontée d’une manière beaucoup trop simple et mécanique.

Un nouvel épisode de Surface est proposé chaque vendredi aux abonnés d’Apple TV+.