** Netflix nous a donné accès aux trois premiers épisodes de
Sense8
pour critique. Nous n'avons donc pas vu l'ensemble de la série, qui sera disponible dans son entièreté dès le 5 juin prochain sur Netflix.
The Matrix est un film trop important dans ma vie pour que je mette au rancard les deux prodiges qui ont créé ce bijou cinématographique qui a révolutionné le septième art à la fin des années 1990. Mais, il faut l'avouer depuis leur chef d'oeuvre (qui était leur deuxième long métrage), les Wachowski (qui ont déjà été frères jusqu'à ce que Larry devienne Lana) n'ont pas su nous prouver qu'ils étaient les génies que nous nous imaginions après la sortie inopinée de La matrice. Il y a eu les suites; The Matrix Reloaded et The Matrix Revolutions (qui pour moi n'existent pas), puis Speed Racer, Cloud Atlas et Jupiter Ascending; toutes des productions d'une qualité plus que discutable.
Comme bien des cinéastes, les Wachowski ont choisi de se tourner vers la télévision... peut-être parce que le cinéma était désormais ingrat envers eux. Ils nous présentent donc aujourd'hui Sense8, une série que Netflix décrit comme « l'une de ses propositions les plus ambitieuses ». N'est-ce pas là une manière de préparer les gens à une inéluctable déception? Parce qu'après avoir visionné trois épisodes (de plus ou moins une heure chacun), je ne suis pas encore convaincue d'avoir saisi l'histoire. À la fin du second épisode, on nous donne certains indices légèrement plus intelligibles sur ce qui est en train d'arriver aux huit individus qui nous semblent connectés, mais l'épisode suivant n'éclaircit guère l'hypothèse précédente et ne nous convainc pas de poursuivre notre visionnement.
Il y a énormément de violence, de drogues, de sexe dans Sense8, mais tous ces excès sont d'une stérilité parfaitement aberrante quand elles n'apportent rien au récit. Mais quel récit déjà? On revient toujours à cette question essentielle. Il y a certaines séries pour lesquelles le spectateur doit persévérer pour en apprécier toute la subtilité. Les premiers épisodes de ces dernières ne rendent souvent pas justice à l'intelligence du propos global, mais comment maintenir l'attention de son public si on ne lui propose que des bribes sans contexte et sans homogénéité?
Sense8 rappelle le Cloud Atlas des Wachowski; décousu, déconstruit, mais surtout déconcertant. On passe d'un univers à l'autre, d'un personnage à l'autre (et ce n'est pas comme si les différents protagonistes avaient des vies simples et unilatérales), mais on ne comprend pas ce qui les lie ensemble, si ce n'est que cette image d'une femme blonde qui s'enlève la vie dans un endroit désaffecté qui ne cesse de revenir les hanter. Et, comme si le présent n'était pas suffisamment alambiqué, on nous impose des retours dans le passé sans même nous indiquer de quel personnage il s'agit.
J. Michael Straczynski, qui a imaginé Sense8 avec les Wachowski, dit dans le communiqué de presse officiel que « Sense8 est un puzzle », dommage quand même qu'on ne nous donne pas toutes les pièces pour l'assembler... Laissons quand même une chance au coureur, peut-être que les pièces manquantes seront remises aux spectateurs au cours des épisodes suivants... En espérant qu'il reste encore des spectateurs à ce moment-là.