Guy A. Lepage a d'abord demandé à Salomé Corbo comment elle se portait après avoir survécu à cet évènement atroce : « Je vais bien », dit-elle. « L'amour de mes proches et l'entraide que j'ai vus après me permet d'être assez résiliente. »
La comédienne a ensuite fait un compte rendu détaillé de ce qu'elle a vu et vécu sur les lieux du drame.
« Je suis arrivée quelques minutes avant huit heures à l'aéroport. J'avais passé une soirée avec des amis belges et j'avais peu dormi, alors je me suis dit que j'allais prendre un café. Je regarde dans le hall d'entrée et tout ce que je vois c'est un Starbuck et ça me fâche en Europe quand je vois des Starbucks, je trouve qu'ils n'ont pas d'affaire là. Alors je me suis dit que j'allais aller porter ma valise avant de boire mon café. Je me dirigeais vers le comptoir d'Air Canada quand j'ai entendu la première détonation. C'était relativement loin de moi, mais assez pour faire vibrer le sol. J'ai vu des Canadiens qui étaient pris dans les serpentins, et j'ai remarqué qu'ils étaient figés là. J'ai eu un instinct et j'ai crié : « Run », j'ai soulevé le serpentin pour qu'ils puissent passer avec leurs poussettes. Mais, moi je n'ai pas couru; j'ai voulu qu'ils courent devant moi. Ce qui fait que quand il y a eu la 2e détonation j'étais très proche. Le plafond s'est écroulé à quelques centimètres de moi. J'ai eu des débris et des vapeurs toxiques aussi de l'engin explosif. J'ai regardé du coin de l'oeil dans mon angle mort, j'ai vu un blessé grave, à qui il manquait un morceau de jambe, et un autre corps inerte plus loin. Et là, j'ai couru. »
« Je me suis ensuite dirigée dans un restaurant. Les gens étaient sous les tables, ils hurlaient. Et des grands hommes noirs tentaient de défoncer la porte. J'ai recrié : « Run ». On a passé des contrôles de sécurité qui me paraissaient être pour des vols intérieurs. Et c'est là que j'ai vu une femme au sang-froid incroyable, habillée en vert donc très voyante qui ne criait pas, mais qui faisait des signes de la main pour indiquer vers où se diriger. J'ai pris le temps de lui dire « Thank you very much ». Je le savais qu'elle resterait là elle. Et tout ce que j'avais dans la tête c'est : "Y'en a eu une, y'en a eu deux, il va en avoir une troisième, pourvu qu'on ne soit pas en train de foncer dessus". »
« Mon instinct m'a vraiment guidé vers la bonne porte de sortie, mais en même temps si j'avais eu plus besoin de mon café... »
« Après on a été redirigés sur le tarmac et là j'avais peur. Je me suis dit que s'il y en a un parmi nous qui court et qui décide maintenant de se faire sauter, ça va faire un gros kaboum. »
L'actrice a ensuite raconté qu'une fois récupérée par ses amis belges, elle a réalisé qu'elle était à deux rues de la planque du groupe terroriste.
Une expérience des plus traumatisantes pour la jeune maman qui dit avoir les sens plus éveillés depuis le drame et se rappeler autant les scènes d'entraide que de terreur.