Crave bonifie son offre en matière de docu-séries true crime ce week-end avec la diffusion de Présumé innocent: l’affaire Michelle Perron.
Animée par Marie-Claude Savard et Sébastien Trudel, la production québécoise nous ramène à la fin des années 1980 et au début des années 1990 pour replonger dans le dossier du meurtre de Michelle Perron. Une histoire qui avait fait couler beaucoup d’encre à l’époque puisque Gilles Perron, le mari de la victime (et le principal suspect dans cette affaire), était un réalisateur très en vue à Radio-Canada.
Un soir de décembre 1987, à Laval, Michelle Perron a été poignardée à plusieurs reprises dans le stationnement de la polyclinique où elle travaillait. Gilles Perron était présent sur les lieux au moment du drame, mais a toujours clamé son innocence. La tempête de neige qui s’abattait alors sur la région a également rendu le travail des policiers particulièrement difficile.
Après plusieurs mois d’enquête, Gilles Perron a été reconnu coupable du meurtre de sa femme. Mais de nouveaux éléments ont permis à ses avocats d’amener sa cause en appel, et ultimement de le faire acquitter.
Erreur judiciaire? Ou le clan Perron a-t-il su profiter des failles du système de justice de l’époque?
Pour les deux animateurs, l’affaire Michelle Perron a une importance particulière, puisque le père de Sébastien Trudel a déjà travaillé avec Gilles Perron, tandis que celui de Marie-Claude Savard était à l’emploi de Radio-Canada dans les années 1980.
Après un premier épisode plutôt laborieux et décousu, Présumé innocent: l’affaire Michelle Perron replonge heureusement au cœur de cette enquête toujours en quête d’un point final de manière beaucoup plus engageante et structurée par la suite.
Des nouveaux éléments refont surface, tandis que les deux animateurs vont à la rencontre d’enquêteurs, de journalistes, d’avocats et d’individus ayant été concernés de près par toute cette histoire.
Présumé innocent ne réinvente pas la formule du true crime, mais démontre rapidement que la démarche mise de l’avant ici est pertinente et digne d’intérêt encore aujourd’hui, contenant suffisamment de percées inattendues et de rebondissements pour tenir le public en haleine jusqu’à la fin, et surtout effectuer un important travail de mémoire.
L’une des belles surprises de cette série, c’est la façon dont elle place les deux animateurs/enquêteurs au centre de sa trame narrative afin de souligner l’importance de ce type de démarche, qui amène évidemment un lot considérable de remises en question et de doutes.
Les deux derniers épisodes soulèvent d’ailleurs habilement la question à savoir quel est le pire scénario entre l’incapacité de mettre un coupable derrière les barreaux et la possibilité qu’un innocent soit envoyé en prison.
Un ex-policier se questionne aussi à un certain moment sur la nécessité de déterrer les morts plus de 30 ans après les faits.
Présumé innocent met justement l’accent sur l’investissement de soi que requiert une telle enquête, sur une recherche de justice acharnée, mais aussi sur les effets - positifs et négatifs - du temps qui passe, allant des témoins plus coopératifs aux vies qui ont été chamboulées, en passant par de nouveaux points de vue sur des éléments qui paraissaient moins importants à l’époque.
L’objectif n’est pas seulement de tenter de réparer les erreurs du passé, mais aussi d’apprendre de celles-ci, afin d’éviter qu’elles ne se reproduisent.
Présumé innocent: l’affaire Michelle Perron est disponible dès maintenant, sur Crave en français.