Pour Sarah se présente ainsi : Après un party bien arrosé, Sarah, 17 ans, et son ami d'enfance Cédric, qui fête ses 18 ans, montent à bord d'une voiture sport et ont un spectaculaire et grave accident d'automobile. Pour les deux jeunes grièvement blessés, ainsi que pour leurs parents, la vie bascule cette nuit-là. En plus des séquelles physiques, qui laisseront Sarah lourdement handicapée, c'est le début d'une bataille médicale, juridique et émotive qui dressera les membres de deux familles jadis amies, les uns contre les autres. Cette terrible tragédie obligera tout le monde, jeunes et parents, à puiser dans de nouvelles ressources pour survivre et grandir. Mais que s'est-il vraiment passé cette nuit-là?
En réalité, la série Pour Sarah est librement inspirée d'une histoire vécue qui avait fait les manchettes en 2010. Trois jeunes femmes, dont Justine Rozon, la fille du producteur François Rozon, ont pris place dans le véhicule d'un jeune homme qu'elles connaissaient à peine. Ce dernier avait consommé et roulait à une vitesse excessive. Il y a eu perte de contrôle et l'automobile s'est encastrée dans un arbre. Justine Rozon doit vivre depuis avec de lourdes séquelles. C'est donc un peu ce vécu que François Rozon et l'auteure Michelle Allen ont décidé de mettre en images. Pas une mince affaire pour une histoire aussi sensible et qui frappe autant l'imaginaire pour les spectateurs. Mais voilà que le pari est tenu. Pour Sarah est une série poignante, prenante, qui offre des performances sublimes d'acteurs et fait réfléchir.
Marianne Fortier, qu'on a connue surtout pour son rôle dans le film Aurore, s'avère d'emblée lumineuse. Difficile de décrocher notre regard de sa présence charismatique. On peut en dire tout autant du jeu du nouveau venu Félix-Antoine Duval, qui incarne Cédric, qui s'impose avec force et magnétisme. Bien sûr, on ne peut oublier les autres acteurs - Sylvain Marcel, Hélène Florent, Patrice Robitaille et Brigitte Lafleur - qui personnifient bien ces parents secoués et impuissants qui gravitent autour des deux jeunes victimes. On a un coup de coeur (récurrent depuis des années d'ailleurs) pour Sylvain Marcel, aussi intense que juste dans le rôle du père de Sarah. Cet acteur, capable du meilleur de la comédie comme du drame, s'illustre depuis plusieurs années comme un des meilleurs au Québec et sa présence dans Pour Sarah ne fera pas exception.
La réalisation habile et éclatante d'Éric Tessier permet à l'ensemble de prendre forme de belle manière, alors que les textes de Michelle Allen frappent dans le mille en évitant les morales et le mélodrame. Pour Sarah commence avec une scène-choc, livrée à fond la caisse, qui nous met d'ores et déjà dans le bon état d'esprit. Puis, la construction des épisodes avec des analepses - ces retours en arrière percutants qui ajoutent à l'intrigue - transforme le drame en suspense et c'est là que les téléspectateurs seront pris au jeu. On nous livre au compte-goutte les événements qui ont mené au terrible accident de voiture et nous sommes dès lors prisonniers de ce mystère qu'il faudra éclaircir à tout prix. Si certaines scènes manquent de finesse ou semblent un peu exagérées, on peut aisément pardonner ce petit accro aux artisans de ce drame coup-de-poing, si pertinent, qu'il faudra voir à TVA dès lundi prochain.