Comme il s'agit de l'émission la plus regardée au Québec (près de 4 millions l'an dernier!), il n'est pas étonnant que le Bye Bye soit autant la cible des critiques. Créer une émission parfaite est impossible. Il y aura toujours des gens pour dire qu'il y avait trop de politique, trop de numéros musicaux ou que certains gags sont allés trop loin.
Il faut l'avouer, en 2016, Simon-Olivier Fecteau et sa bande (Pierre Brassard, Patrice L’Écuyer, Véronique Claveau, Anne Dorval et Marc Labrèche) ont fait du bon boulot. Des sketchs courts, décapants, qui ont brossé un portrait réaliste et honnêtement aigre de l'année 2016.
L'équipe d'auteurs, composée de Fecteau, André Ducharme, Maxime Caron, Rafaële Germain et Julien Tapp, a utilisé la répétition à plusieurs reprises afin d'accentuer un gag ou de contextualiser un évènement. Nous avons notamment eu droit au « cours de chant de Sophie Grégoire », qui permet de sortir n'importe qui d'une situation embarrassante (même le maire Vaillancourt), et à une parodie de l'émission Dans l'oeil du Dragon où les propriétaires de St-Hubert et Rona se sont présentés aux investisseurs québécois, qui ont refusé leurs offres, ensuite acceptées respectivement par un Ontarien et un Américain. Notons qu'Anne Dorval était particulièrement incroyable dans le rôle de la dragonne Danièle Henkel!
Au niveau des gags récurrents efficaces, on peut également souligner ces deux moments où on rapporte le manque de contenu d'Éric Salvail et de la CAQ de manière originale.
Du côté des pastiches abouties, on retrouve l'adaptation de Game of Thrones en Le trône du PQ, utilisée pour décrire la relation houleuse entre Pierre Karl Péladeau et Julie Snyder, et celle de Célibataires et nus, transformée pour l'occasion en Féministes et nues (animée par Purina Mastarache). Le segment sur « Le monde merveilleux de Justin Poppins » dans lequel le premier ministre (joué par Patrice L'Écuyer) explique comment mettre de la poudre aux yeux des Canadiens est aussi particulièrement efficace au niveau comique et visuellement impressionnant.
Le meilleur numéro de la soirée est sans conteste celui où Hillary Clinton, interprétée par une convaincante et émouvante Véronique Claveau, chante sa version de « Si j'étais un homme » de Diane Tell. Un sketch qui, en plus d'être rigolo, porte à réfléchir.
« Je ne comprends pas les électeurs,
qui ont préféré un agresseur.
Je suis femme et quand on est femme,
On ne gagne pas dans ce pays-là. »
Pour ce qui est des segments moins efficaces mentionnons ce pastiche quelconque de
La voix junior
, cette parodie de la publicité des Lunetteries Greiche & Scaff avec Winston McQuade, le montage inoffensif sur le 375e anniversaire de Montréal et le sketch sur les CHSLD, qui était sûrement une bonne idée sur papier, mais qui tombe à plat à l'écran.
En plus de tout ce qui a été cité plus haut, le
Bye Bye 2016
a également parlé des pitbulls, de la controverse sur Mike Ward, du Centre Vidéotron, de l'élection de Trump (évidemment!), de la guerre entre Uber et les taxis, de l'échange de P.K. Subban, de l'espionnage des journalistes par la police (avec caméo de deux
polisses
de RBO), de Céline Dion à
En direct de l'univers
, d'Hélène David et sa crotte de nez, bref, de tout ce qui a retenu l'attention des médias en 2016. Ce Bye Bye a pris grand soin de ne pas prendre position, que ce soit politiquement ou envers ou contre un sujet ou une controverse, ce qui n'a, par contre, pas influencé (heureusement) le rendement ses gags.
Comme on le disait initialement, ça n'existe pas un Bye Bye parfait et celui de 2016 ne fait pas exception à la règle, mais Simon-Olivier Fecteau et son équipe peuvent dormir sur leurs deux oreilles, ils ont relevé dignement le défi colossal qu'on leur avait confié.