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Télé

Panic : Un ratage quasi total

Panic
Triste
Notre critique
Un bon concept plombé par une écriture totalement déficiente.

Commençons par le positif : l’idée de base de la série Panic demeure des plus intrigantes et substantielles.

Chaque année, les nouveaux gradués d’une petite localité du Texas prennent part à « Panic », une compétition secrète devant mettre leurs nerfs à rude épreuve et les confronter à certaines de leurs plus grandes peurs. Le gagnant met la main sur une jolie somme d’argent qui pourrait lui permettre d’aspirer à une vie meilleure.

C’est du moins le cas pour Heather Nill, qui a dû rapidement gagner en maturité au cours de sa jeunesse pour s’occuper de sa sœur, et pallier autant que possible aux problèmes de consommation de sa mère.

Personne ne sait vraiment qui organise Panic, ni pourquoi, d’ailleurs. Il s’agit d’une tradition dans une ville où il ne se passe jamais rien. Une occasion pour celles et ceux passant à l’âge adulte de vivre des émotions fortes et d’oublier momentanément la morosité de leur quotidien, quitte à mettre leur propre vie en jeu pour se sentir un peu plus vivant.

Mais l'édition de cette année est assombrie par les décès de deux concurrents survenus l'été précédent, dont le fils du shérif des lieux.

La dynamique de cette compétition sont résumés très rapidement dans les premiers instants de la nouvelle production d’Amazon Prime Video. Et il y avait certainement un sous-texte intéressant à approfondir en ce qui a trait aux motivations et aux différentes relations des personnages envers le jeu, et surtout ce qu'elles reflètent de la réalité du public ciblé.

Le problème majeur de Panic se situe toutefois au niveau de l’écriture et de l’exécution. Une scène anodine présentée à mi-parcours s’avère d’ailleurs particulièrement révélatrice à cet égard. Un ami proche d’Heather tente alors de l’encourager à consacrer plus d’énergie à l’écriture de ses petites histoires, elle qui, selon ses dires, a toujours le nez plongé dans ses cahiers de notes...

Pas une seule fois dans les épisodes précédents avons-nous pu voir Heather consacrer ne serait-ce qu’une seule seconde à ce champ d’intérêt. Pas une. Et on parle tout de même d’une caractéristique visiblement importante de celle qui demeure le personnage principal de la série.

Et il s'agit ici d'un maigre exemple parmi tant d'autres.

L’écriture de Lauren Oliver, qui adapte ici son propre roman pour le petit écran, s’éparpille de cette façon tout au long des dix épisodes de cette première saison. L’autrice multiplie les sous-intrigues, allant de la vengeance à la quête de réponses, mais en dilue continuellement les enjeux. Le tout en jonglant avec pratiquement tous les clichés des séries destinées à un public formé d’adolescents et de jeunes adultes pour tenter d'apporter un peu plus de nuances à ses personnages esquissés à gros traits.

Autre problème : le strict minimum d’attention a été accordé à la création d’atmosphère et au développement de tensions dramatiques. Deux éléments qui auraient dû être la priorité de l'équipe de production. Car Panic avait assurément un énorme potentiel sur le plan de la mise en scène, lequel demeure malheureusement inexploité du début à la fin.

Le récit hyperactif de Lauren Oliver se lance dans tous les sens, introduit des informations beaucoup trop tardivement, en plus d'empiéter sur des situations qui auraient définitivement mérité beaucoup plus de temps et de polissage.

C’est particulièrement le cas pour tout ce qui entoure le jeu en soi, qui promettait pourtant son lot de séquences sombres et stressantes. Malheureusement, celles-ci tombent pratiquement toutes à plat, charcutées par un montage précipité, d'importantes ruptures de rythme et de ton, des performances d’acteur quelconques, et des dialogues frôlant le ridicule.

Il faut dire que les bases de cet univers télévisuel sont également très mal édifiées, et finissent par créer des contradictions que l’autrice elle-même ne tente jamais de démêler. Et c’est sans compter tous les revirements et les révélations « surprenantes » venant toujours avec beaucoup plus de questions que de réponses.

Au final, Panic ne parvient tout simplement pas à nous faire redouter les dangers auxquels s’exposent les personnages, à illustrer la précarité dont ils sont soi-disant prisonniers, voire à nous donner une vraie bonne raison de nous intéresser à leur sort.

Il n’y a ici que des mots lancés en l’air, mais trop peu d’éléments visuels et dramatiques pour appuyer ces dires.