La série policière fait partie du genre préféré des télévores. Bien qu'il y en ait d'innombrables sur toutes les plateformes, on continue d'en produire de nouvelles, faisant toujours preuve de davantage d'imagination et d'audace pour se différencier. Motel Paradis, de la talentueuse Sophie Deraspe, fait partie de ces productions audacieuses qui cherchent à faire les choses autrement.
On suit Jen qui, suite à une expérience de mort imminente, est convaincue que sa soeur ne s'est pas suicidée comme l'ont affirmé les autorités, mais qu'elle a plutôt été assassinée. Elle décide de revenir dans son village natal de Val-Paradis, qu'elle avait quitté après le drame trois ans plus tôt, afin de faire la lumière sur cette affaire. L'enquêteur de l'époque, maintenant à la retraite, collaborera avec elle. L'investigation que mènera le duo dérangera beaucoup les gens de la petite communauté, qui tiennent à ce que certains secrets demeurent cachés.
On s'attache très rapidement à l'équipe improbable que forment Jen et le détective Alain Renaud. Nahéma Ricci et Stéphane Gagnon offrent des performances denses et touchantes. La pléthore de personnages secondaires qui les entourent s'avère aussi extrêmement riche. Chaque individu semble dissimuler un terrible secret qui pourrait être la clé de l'énigme.
Motel Paradis n'a rien de la série d'enquêtes traditionnelle. Campée dans un paysage rural, celle-ci plonge rapidement dans une atmosphère lugubre et inquiétante, qui rappelle celle de la série américaine Twin Peaks, créée par David Lynch et Mark Frost. De plus, on y retrouve (comme dans Twin Peaks) des éléments ésotériques, spirituels. On flirte un peu avec l'horreur, un peu avec le fantaisiste, ce qui nous donne une proposition empoignante et originale.
Le rythme traînant, parfois lourd, pourrait par contre en décourager certains, habitués à l'empressement des séries policières modernes. On ne peut nier que Sophie Deraspe, accompagnée par le directeur photo Mathieu Laverdière, offre un vrai ravissement d'un point de vue visuel. Narrativement parlant, le projet paraît aussi prometteur, mais comme nous n'avons vu que deux épisodes sur six, on ne peut trop s'exprimer sur l'ensemble de la courbe dramatique. On nous promet d'ailleurs que l'arrivée du personnage joué par Gildor Roy, dans le 3e épisode, marquera les esprits.
Ceux qui espèrent secrètement que les drames policiers osent plus de profondeur risquent d'être charmés par l'oeuvre éclatée de Sophie Deraspe. Mais, pour les autres qui se plaignent qu'il n'y a jamais assez d'action dans les séries québécoises, Motel Paradis sera bien trop intello.