Netflix a encore frappé fort en lançant, le 18 décembre dernier - donc juste à temps pour le congé des fêtes - la nouvelle série documentaire Making a Murderer. Dans celle-ci, les cinéastes Moira Demos et Laura Ricciardi présentent le fruit de leur travail des dix dernières années. En effet, celles-ci ont passé toutes ces années au Wisconsin, dans une petite ville du nom de Manitowoc, pour suivre l'histoire de Steven Avery, un homme incarcéré puis libéré après 18 ans pour un crime qu'il n'a pas commis.
En 1985, Steven Avery est envoyé en prison pour une agression sexuelle violente perpétrée sur une femme habitant le même village que lui. Il faudra 18 ans à ses avocats pour prouver sa non-culpabilité dans le dossier, grâce aux avancées faites avec les analyses d'ADN, et finalement faire enfermer le véritable coupable du crime. Pour tous les dommages qui lui ont été causés et parce qu'il peut prouver que la police de l'endroit était corrompue, Steven Avery réclame 36 millions $ en dommages et intérêts en poursuivant l'État. Mais, coup de théâtre, quelques jours avant de recevoir en tout ou en partie ce montant, Avery est impliqué dans une sordide histoire de meurtre. Lui clame de nouveau son innocence. Ses avocats devront encore une fois tenter de prouver qu'il est innocent et que les autorités de l'endroit ne sont pas blanches comme neige. Un deuxième procès qui se terminera par un emprisonnement et une sentence à vie sans possibilité de libération.
Le documentaire que propose Netflix, bien qu'il s'agisse d'un cas judiciaire bien réel, se regarde comme un excellent thriller. Le tout s'avère franchement passionnant, avec ses entrevues multiples et ses images d'archives. Et que dire de ces surprises, incongruités et coups de théâtre qui sont présentés ici et qui nous captivent et nous choquent profondément. Bien documenté, fouillé et avec un montage fort efficace, Making a Murderer est un coup de maître pour ces deux réalisatrices, encore inconnues, qui ont passé 10 ans à préparer la proposition.
Mais au-delà de l'efficacité de la série, il y a cette histoire vraie au coeur de laquelle deux hommes croupissent maintenant en prison pour un crime qu'ils n'auraient peut-être pas commis.Voilà la question qui demeure et demeurera probablement toujours et qui cause tout un tollé chez les spectateurs. En effet, comme tout bon documentaire, Making a Murderer prend position en laissant croire que ces deux hommes seraient en fait innocents et victimes d'un coup monté par les autorités de l'endroit. Les preuves présentées dans le documentaire à cet effet sont accablantes et troublantes. Or, les réalisatrices n'auraient pas tout inclus dans la série pour servir leur propos. Qu'à cela ne tienne, le résultat est absolument remarquable et vous promet d'être hanté par d'innombrables questionnements bien longtemps après la fin du visionnement. À voir sans faute!
* Pour ceux qui ne sont pas à l'aise avec l'anglais et qui souhaiteraient visionner Making a Murderer, des sous-titres en français sont disponibles pour ce titre sur Netflix.
Depuis la mise en ligne de la série documentaire sur Netflix
- Une pétition a été lancée pour la libération de Steven Avery et Brendan Dassey. À ce jour, près de 165 000 personnes l'ont signée.
- Le procureur Ken Kratz a reçu des menaces de mort et a expliqué dans les médias que la série documentaire était biaisée et que la plupart des preuves qui avaient permis d'inculper Avery et son complice n'y sont pas présentées.
- Les réalisatrices se sont aussi défendues dans les médias en expliquant que leur but en était un documentaire et non judiciaire, ce qui pouvait expliquer que tout n'y était pas présenté, mais que l'ensemble de la preuve importante s'y trouvait.
- The Innocence Project, qui avait permis de blanchir Avery du premier crime, a finalement accepté de s'intéresser au cas.
- Netflix a confirmé ne pas avoir de plan de mettre en ligne des mises à jour sur le dossier pour le moment.
- Les deux réalisatrices continuent tous les jours de parler à Steven Avery alors que celui-ci tente, depuis sa prison, de trouver l'erreur qui lui permettra de réanimer son dossier au sein du système judiciaire.
- Un jury du dernier procès s'est manifesté dans les médias pour dire que Steven Avery avait été victime d'un coup monté et que les jurys n'avaient eu d'autre choix que de le déclarer coupable, parce qu'ils craignaient pour leur vie.