Publicité
Critique et galerie de photos

Les Simone : féministe, intelligent et introspectif

Les Simone : féministe, intelligent et introspectif

Voilà une autre proposition qu'il ne faudra pas manquer à ICI Radio-Canada Télé. Les Simone, projet écrit par Kim Lévesque-Lizotte et Louis Morissette et réalisé par Ricardo Trogi, est à la fois drôle, touchant, inspirant et réflexif. Impossible pour les femmes des générations X et Y de ne pas se reconnaître dans l'un des personnages féminins dépeints ici sans jugement et avec affection.

On y fait la rencontre de Maxim (Anne-Élisabeth Bossé), jeune diplômée qui se réveille un jour, au tournant de la trentaine, engoncée dans un rêve tranquille qui ne semble pas être le sien : boulot, bungalow, des bébés pour bientôt et un chum un peu vieillot. Celui-ci cultive d'ailleurs plusieurs tares difficilement pardonnables, comme le manque d'ouverture d'esprit, l'absence d'écoute et le fait de faire « chut, chut, chut » à sa conjointe quand elle saute un plomb (non messieurs, ne faites JAMAIS ça!). Elle décidera sur un coup de tête de tout plaquer le temps de placer ses repères, de contempler ses aspirations et de retrouver un équilibre. Au passage, elle côtoiera plusieurs personnalités bigarrées, dont sa meilleure amie Laurence, une fille aisée qui veut à tout prix percer dans l'univers médiatique et Nikki une artiste-barmaid qui se cherche en se noyant dans les sensations fortes.

Anne-Élisabeth Bossé, qui tient la vedette de la série, trouve ici le rôle parfait et s'avère absolument sublime dans la peau de cette femme perdue, mais si belle dans son désarroi. L'actrice arrive à nous faire rire, nous faire pleurer et nous exalter à chaque tournant, tant et si bien qu'on peut difficilement détacher notre regard de sa présence lumineuse. Même dans ses silences, son personnage parle. Même chose pour ses complices, les magnifiques Rachel Gratton et Marie-Ève Perron. On aurait peut-être souhaité que les protagonistes masculins soient plus nuancés, moins caricaturaux, notamment le chum François personnifié par Benoit Maufette, mais on comprend aisément que ce n'est pas le point de mire de la série. Même chose chose pour les personnages secondaires qui agissent plus en « comic relief » efficaces, comme les parents de Maxim interprétés par Sylvie Potvin et Michel Barrette.

Quant aux textes du tandem d'auteurs, ils sont intelligents, perspicaces et à-propos dans la société actuelle, en perpétuel mouvement. On y retrouve à la fois des phrases cinglantes, des répliques mordantes ou amusantes et des réflexions qui amènent une véritable introspection. On voudra définitivement en voir plus de Kim Lévesque-Lizotte dans le futur. À la réalisation, on sent rapidement la griffe habile de Ricardo Trogi dont la signature visuelle se personnalise de plus en plus au fil de ses projets. Il propose ici un travail achevé, lumineux qui intègre à merveille les technologies et médias. La trame sonore composée par Ariane Moffatt participe aussi au succès de l'entreprise.